Le logiciel MediaWiki a été mis à jour afin d’être plus rapide. Si vous observez des problèmes, veuillez laisser un message sur Le Bistro.
Il a été ajouté l’éditeur visuel pour faciliter l’édition (exemple) et un système de discussions amélioré (exemple).

Navigation sur la Sèvre du Moyen-Âge au XXe siècle à partir de Niort

De WikiNiort

Article en cours de construction 10 novembre 2020

Dans cet article nous traitons de la navigation uniquement dans le cadre de Niort, dans ses limites administratives actuelles.

La Sèvre Niortaise

La Sèvre Niortaise est un fleuve qui prend sa source près de Sepvret.

Longue de 158,4 km, elle traverse Niort sur 21,5 km puis la Marais Poitevin dont elle est la principale artère hydraulique
Elle traverse 3 départements : Deux-Sèvres, Vendée et Charente Maritime.
La superficie de son bassin est de 1074 km2. Son débit moyen à la Tiffardière est de 11,90 m3/s.
À l'aval de Niort la Sèvre et ses affluents forment un domaine navigable de plus de 100 km organisé en 9 biefs (1) qui s'étagent de l'écluse de Comporté à Niort à celle du Brault.
(1) Bief : secteur d'une voie navigable entre 2 écluses.

Débuts de la navigation à l’époque médiévale (12e-15e siècles)

Entre Niort à 28m d'altitude et la mer il n'y eut longtemps que des routes de terre en mauvais état.
Les charrois étaient lents, coûteux et peu sûrs.
  • Dès le 11e siècle, les travaux de dessèchement entrepris par les abbayes comme celle de Saint-Liguaire améliorent le cours de la Sèvre qui devient navigable.
La voie d'eau plus rapide, plus sûre et moins coûteuse est donc du plus grand intérêt.
  • Au 12e siècle, Niort se dote d’un port appelé « Grenier », sorte de dock situé aux pieds du château à l'emplacement de l'actuelle rue Brisson.
Les bateaux y accèdent par un arceau ouvert dans le mur d'enceinte.
Henri II d'Angleterre, Aliénor d'Aquitaine, Richard cœur de Lion, Jean sans terre maîtres successifs du Poitou concèdent aux bourgeois de Niort, par une charte, le droit de s'organiser en Commune.
  • Au 13e siècle, en 1224, le roi de France Louis VIII s'empare de la ville et confirme ce droit permettant ainsi son développement.
Niort apparaît alors comme l'arrière port de La Rochelle pour le commerce du blé, du vin, de la laine et du sel.
Ces marchandises sont transportées sur des gabares à voile et à rames et ayant un faible tirant d'eau.
Très rapidement le « Grenier » s'avère trop petit. Aussi, en 1285, le roi de France Philippe III concède aux bourgeois de Niort la création d'un port franc.
Pour construire le Port fluvial de Niort, il accorde à la Commune 1/3 du droit de « coutume » (2) à lever sur les marchandises. Par contre ce projet est retardé par les guerres contre les Anglais...
Ce n'est qu'à partir de 1380 que les travaux sont entrepris. Un nouveau port est créé sur un bras de la Sèvre, rive droite à proximité du Moulin du Roc.
Un canal est creusé « en amont de Belisle jusqu'au lieu destiné pour faire le havre du port ». Il porte alors le nom de « Rivière Neuve ».
  • Au 14e et 15e siècles, en 1394, une première écluse est construite à la Roussille (3). Sa création est attribuée à Jean de Berry (1340-1416) comte du Poitou, l'un des trois fils du roi de France Jean II le Bon.
Par contre, au milieu du 15e siècle, la Sèvre s'envase. Les gabares n'arrivent plus à Niort. La ville perd son rôle de transit.
En 1468, le roi Louis XI prend une ordonnance pour améliorer la navigation sur la Sèvre.
À la fin du siècle de petits bateaux sans voile de 2 à 9 tonnes et de grandes gabares à voile de 10 à 20 tonnes remontent jusqu'à Niort.
Les unes appartiennent aux bateliers, les autres sont louées par des marchands plus riches.
(2) Le droit de « coutume » est une règle non écrite établie par le temps. Le roi peut se porter garant pour la faire respecter.
Ici la ville de Niort perçoit désormais 1/3 des taxes à prélever sur les marchandises qui transitent par le port.
(3) L'écluse de La Roussille serait la première à sas de France ; elle mesure 37m de long, 5,20m de large, 3,50m de profondeur.
L'auberge à proximité plus récente était un relais pour chevaux et un lieu de repos pour les haleurs de gabares.

Entre aléas et prospérité à l'époque moderne (16e-18e siècles)

  • Au 16ème siècle :
La navigation est souvent négligée. La rivière et le canal sont envasés et ensablés. Les gabares n'arrivent plus au port de Niort.
Ce n'est qu'au milieu du 16e siècle que la Sèvre est à nouveau navigable.
Cependant le port ne reçoit que des gabares de 2 à 3 tonnes transportant sel, blé, vin, laines, peaux...
Elles sont halées par des chevaux ou des hommes. La voile n'est employée que comme auxiliaire.
  • Au début du 17e siècle :
les portes et les chaussées de La Roussille sont remises à neuf.
Pendant le règne de Louis XIV, Colbert encourage la navigation fluviale.
La navigation sur la Sèvre est alors étroitement liée à la prospérité de l'industrie.
En effet chamoiseries et tanneries ont tissé des relations avec le Canada colonisé depuis 1603 par des familles originaires en particulier du Poitou et d'Aunis.
Niort importe du Canada des peaux et des huiles de poisson nécessaires à la chamoiserie.
En échange Niort y exporte des tissus et de la grosse toile ou " pinchinat " appréciée pour sa solidité.
Par contre à partir de 1675 le fleuve est à nouveau envasé. Les vaisseaux ne peuvent plus remonter au delà de la fontaine Saint-Martin.
La navigation est ruinée. Elle ne sera rétablie qu'à la fin du siècle.
  • Au 18e siècle :
Dans la première moitié du 18e siècle navigation et commerce sont florissants. Selon Pillet commis aux entrées de Niort en 1739 :
- « ...le produit de la navigation peut atteindre 50000 livres par an. Les membres de cette corporation sont assez instruits pour savoir signer. Ils s’unissent par mariage et finissent par constituer une véritable dynastie comme les Dambas, Meschain et Gabriault »...
Par exemple Jean Gabriault possède 4 bateaux d’une valeur de 800 livres. Il habite au faubourg du Port la maison dite de « la Fontaine ». À son décès sa fortune est estimée à 6465 livres.
En 1757, Paul Marcellin Fontanes, inspecteur des manufactures, père de Louis de Fontanes (5), écrit :
- «  La navigation sur la Sèvre et le commerce de Niort sont actifs... Les transports par charrettes sont longs, périlleux, coûteux tandis que la Sèvre offre un moyen de circulation supportant de lourdes charges... La navigation fait vivre 36 « voituriers d'eau possédant 26 bateaux ».
La seconde moitié du 18e siècle est marquée par la perte du Canada en 1763 (Traité de Paris).
Cette perte fait un tort important à la navigation. Cependant Niort réoriente son commerce vers les îles d’Amérique, l’Europe du Nord et la Méditerranée.
L'activité de la chamoiserie est relancée par Thomas Jean Main (1745-1821).
La navigation est alors assurée par une vingtaine de bateliers. Ils transportent à Marans des farines en sacs ou minots, du bois de construction pour l'arsenal de Rochefort, des peaux apprêtées en chamois...
Ils reviennent chargés de sel, sucre, café, indigo, fer, poissons salés...
Par contre à partir des années 1780, la rivière est totalement envasée. La navigation n'est possible qu'avec de petites barques.

À la veille de la Révolution de 1789, dans le cadre de la préparation des États Généraux, les bateliers de Niort rédigent leurs doléances :

- Ils réclament la suppression de plusieurs droits (taxes) : de péage, de minage (6), d'amarrage.
- Ils se plaignent des obstacles à la navigation : arbres, gravières, vases,
- Ils demandent que le droit de coutume payé à la barrière (octroi) du quai soit employé à l'entretien de la Sèvre.
(5) Louis de Fontanes : Grand Maître de l'Université sous le 1er Empire.
(6) Droit de minage : taxe prélevée en fonction du poids des marchandises transportées.
Gabarre transportant du bois (Début XXe).
Navigation sur la Sèvre en 1918.
Mise à l’eau d’un chaland citerne construit par l’entreprise Dupont-Chebroult (1950).

Essor puis déclin de la navigation aux 19e et 20e siècles

La révolution passée, il faut attendre le Consulat (1799-1804) et le 1er Empire (1804-1815) pour une relance de la navigation.

Dans un rapport daté de 1801 le préfet Dupin (1767-1828), parle la ville de Niort comme étant : « riche et commerçante ».
Il précise que : « les débouchés sont ouverts par le moyen de la Sèvre qui est navigable jusqu'à Marans et qui ouvre communication avec l'océan », et que « l'exécution du canal de La Rochelle fera de Niort une ville d'entrepôts et lui procurera de nouvelles richesses  ».
Il écrit enfin : « Autrefois la Sèvre était navigable jusqu'au château et elle avait un petit port auprès de la halle. Maintenant son port, assez grand et commode mais envasé se situe à l'extrémité occidentale de la ville ».
La situation est telle qu'en 1803, l'extrémité du port est comblée au niveau de l'actuelle Place du Port à Niort.
Il se situe désormais au niveau du moulin du Roc.
Le gouvernement accorde alors des fonds pour améliorer la navigation.
L'écluse de La Roussille doit être réparée, sa chaussée (déversoir) refaite à neuf, les hauts fonds qui gênent les bateaux curés, les chemins de hallage débarrassés des arbres qui les encombrent.
Le 7 août 1808, Napoléon 1er de passage à Niort signe un décret pour : « la construction d'un quai le long des fabriques (Quai de la Regratterie) » et pour que : « le cours de la Sèvre soit dégagé de tous obstacles depuis Niort jusqu'à Marans ».
Les travaux prévus en 1803 sont progressivement réalisés. Cependant ce n'est qu'en 1818 que le trafic du port de Niort retrouve son niveau du XVIIIe siècle.
En 1840, les bateliers ne peuvent pas toujours conduire, en été les bateaux jusqu’au port de Niort à cause des " mortes-eaux ".
Ils déposent alors leur chargement à Sevreau, et le transport de Sevreau à Niort se fait par charrettes.
On évalue à 1264 le nombre de bateaux circulant annuellement sur la Sèvre en 1840.
On exporte : blé, farine, bois de construction, pierres, produits de la chamoiserie...
On importe : sel, vin, vinaigre, résine, plâtre, huile pour les tanneries...
En 1841, le bateau à vapeur " La Sèvre " fait en un jour le trajet de Niort à Marans, aller et retour.

De vastes projets sont également élaborés par les ingénieurs des ponts et chaussées comme Augustin Mesnager (1862-1933) :

– Projet de navigabilité de Niort à Saint-Maixent.
– Projet d'un canal reliant Niort à La Rochelle sans passer par Marans.
– Projet d'un canal de La Rochelle à Paris incluant la Sèvre.
Ces divers projets seront abandonnés. Seul un canal de Marans à La Rochelle sera creusé (7).
Quelques méandres sont redressés comme à Saint-Liguaire créant ainsi l'île aux oiseaux.
Mais surtout 2 écluses sont construites à la Tiffardière en 1860 et à Comporté en 1862.
En 1861, à Niort, les ponts Main sont construits entre les 2 rives du fleuves.
Le port médiéval est comblé. Son chenal recouvert d'une voûte. La cale du port est déplacée en aval du moulin Neuf.
Cependant, malgré des gabares plus adaptées (8), la navigation décline avec la concurrence de la route et surtout du chemin de fer (La section Niort-La Rochelle est ouverte en 1857).
En 1910, plus aucun bateau n'est rattaché au port de Niort.
En 1917, l’un des derniers bateaux à accoster à Niort est la chaloupe à vapeur « l'île de Ré » suivi d’un dernier convoi fluvial affrété pour pallier le manque de train avec les gabares « Clémence-Hortense » et « Paul-Berthe ».
Après la guerre la navigation marchande devient sans importance. D'ailleurs, aux beaux jours, les écluses deviennent des lieux de baignade jusqu'à l'ouverture de la piscine municipale de Pré-Leroy en 1965.
(7) Il est appelé aussi canal de Rompsay. Long de 24 km, c'est un véritable canal de jonction par dérivation de la Sèvre vers l'océan. Voulu par Napoléon 1er, les travaux s'éternisent jusqu'en 1886. Finalement il sera très peu utilisé.
(8) Les gabares peuvent atteindre 4,10 m de large, 23 m de long et transporter de 20 à 30 tonnes. Leur tirant d'eau de 0,85 m est très faible.

Sources

  • Archives départementales des Deux-Sèvres. Série S.
  • Articles de presse : La Nouvelle République.
  • Annuaire 1840.
  • Mémorial de l'ouest (1841).
  • Mémoire statistique du département des Deux-Sèvres : rapport du préfet Dupin 1801.
  • Annuaire statistique du département des Deux-Sèvres 1804-1805 et 1860.
  • Robert Tinthouin (1904-1993) « Navigation sur la Sèvre Niortaise » bulletin philologique et historique année 1963 tome 2.
  • « Histoire de Niort » sous la direction de Daniel Courant, Geste éditions 2014.
  • Sites internet : Wikiniort, Wikipedia, Gallica
  • Recherche et texte : Maurice Vinck.
  • Mise en page et illustration : Jean-Michel Dallet.
  • Hier Sainte-Pezenne : Novembre 2020.