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Peste à Niort en 1603

De WikiNiort

La peste à Niort en 1603

L’Épidémie de peste survint à Niort en mai 1603, alors que la ville est devenue très pauvre, après un demi siècle de spoliation. L’environnement et les conditions d’hygiène publiques désastreuses des Niortais sont propices à la survenue de cette maladie  :

- Niort est très humide, des fumiers gisent dans les rues, les pourceaux vaguent librement,
- Le ruisseau du Merdusson qui côtoie les Halles anciennes, reçoit tous les déchets infectés,
- Les foulons de drap exercent leur métier dans les quartiers les plus fréquentés, ce qui offre des conditions de pullulation, intensifiant les risques d'épidémie...

Les tissus, les peaux sont des portes d'entrée favorable au bacille de la peste.

Cette maladie est constatée le 6 mai 1603, période alors à laquelle se déclare le plus souvent cette épidémie. Niort compte beaucoup d’étrangers et c’est à l'occasion de la foire que l'on découvre le premier homme mort, à l'hôtel de l'Hercule, situé près du Four-Noir, aujourd’hui sise 16, rue Cloche Perse. Cette Épidémie va tuer, sans relâche, pendant 7 mois.

En effet, pour ne pas faire peur à la population pour diverses raisons, on garde le secret sur cette première mort.

Ce secret va aggraver l'épidémie car, tous ceux qui ont été en contact avec le mort se dispersent dans les autres auberges, dans les tavernes, se mêlent à la foule.

Seule précaution, bien mince, fût la fermeture de la chambre où le pestiféré est mort.

C'est le Docteur Joyneau, chirurgien qui diagnostique la peste.

Une réunion des échevins et des pairs s'impose afin de décider des mesures à prendre.

L’échevinage prescrit immédiatement des mesures hygiéniques strictes.

Mesures décidées et prises par l’échevinage pour lutter contre le fléau

- Faire enlever les immondices et les fumiers épars dans les rues et les maisons sous peine d'amende de 10 livres,
- Suppression des porcs, chiens et pigeons,
- Les maisons visitées par la peste doivent rester inhabitées,
- Les personnes atteintes qui ne sont pas assez malades, ne peuvent circuler qu’avec une baguette blanche à la main,
- Les pauvres étrangers doivent quitter la ville, sous peine d'être chassés.
- Les pauvres étaient très nombreux à cette époque les aumônes appelées « Bidon », leurs étaient accordées devant le parvis de l'église Notre Dame.
- Des gardiens ont été mandatés à cet effet et placés aux portes de la ville pour éviter l'entrée de tout nouveau pauvre.

Le 7 juin 1603, une nouvelle réunion du corps de ville prend de nouvelles décisions :

-Toute personne en contact avec un pestiféré doit porter une baguette blanche à la main,
-Les employés des pompes funèbres recevront un costume particulier reconnaissable de loin,
-Les morts sont enterrés avant le lever du soleil sans accompagnement et sans cérémonie,
-Les habitants atteints par la peste seront immédiatement transportés hors de la ville dans une grange disposée à cet effet.

Le 11 juin 1603, le nouveau maire Nicolas Gallet, écuyer, sieur de la Roche remplace Étienne de Savignac, tous les deux, l’ancien et le nouveau maire n’abandonnent pas la ville de Niort.

Dans les archives municipales, nous retrouvons aussi les mesures prises pour lutter contre la peste en 1721

-1er février 1721 : Lettre de l'Intendant du Poitou au maire de Niort dans laquelle il approuve les précautions qu'il a prises pour préserver la ville du mal contagieux qui est répondu du côté de la Provence ;
-8 mai 1721 : confirme le courrier précédent et fait part de l'arrêt de onze caisses de savon, sachant que la contamination s'effectue par des objets introduits en fraude ;
-12 septembre 1721 : ordonnance de l'Intendant pour la garde des portes de la ville de Poitiers afin d'empêcher l'introduction des mendiants et des personnes inconnues ainsi que des marchandises sans certificat de santé en forme ;
-17 septembre 1721 : Lettre de l'Intendant du Poitou au Maire et Échevins de Niort dans laquelle il invite à faire monter la garde aux portes de la ville quoiqu’on n’ait pas reçu de nouvelles qui augmentent l'inquiétude, confirmation par lettre du 2 mars 1722 jusqu'à ce que les nouvelles les rassurent du mal contagieux.

L'on ne retrouve plus trace ensuite de la nécessité de ces précautions.

Cette Épidémie était déjà survenue au XIVe, XVe et XVIe, mais pas dans les mêmes proportions.

La stupeur, l'effroi a gagné la ville, les habitants, comme les étrangers fuient la ville, le commerce cesse.

En effet, de 1600 à 1642, la peste se signale tout particulièrement par sa violence et son extension à tout le pays.

L’épidémie de peste se déplace en 1604 dans les environs de Niort et la ville de Parthenay ...

De 1600 à 1610, elle touche plus de 100 villes et villages.

En 1603, on trouve cette notation :

« Il fut impossible de rien percevoir du taillon dans la paroisse de Plassac, parce qu’il n’y étoit resté aucun habitant, tous étant décedez de la contagion... »

La poussée de peste en 1603 et 1606 fait 300 000 morts en France.

A cette époque, les hommes étaient ignorants des causes du fléau et ne soupçonnaient nullement le rôle des rats et encore moins des puces dans sa propagation.

Collecte des impôts (la Taille)

La peste qui sévissait cruellement à Niort avait fait réfugier la plupart des élus dans leurs maisons des champs.

Les collecteurs de la Taille refusaient de porter les deniers du Roi Henri IV à la caisse des receveurs particuliers de l’élection , sous prétexte de contagion…

Le 22 août 1603, les trésoriers généraux de France ordonnèrent le transfert du bureau des receveurs de Niort, hors de la ville contaminée et sa siccion :

- les paroisses situées au sud de la Sèvre eurent à porter leurs deniers à Chef-Boutonne,
- les paroisses situées au nord de la Sèvre eurent à porter leurs deniers à Ardin.

Le receveurs particuliers de Niort s’étaient réfugiés à Chef-Boutonne dès le mois d’avril 1603 et y séjournèrent plus d’un an.

Notes sur la maladie

La peste est une zoonose bactérienne causée par la bactérie yersina pestis que l'on trouve habituellement chez les puces et les petits rongeurs qui constituent le réservoir de la maladie.
Elle se transmet à l'homme par morsure de puce, par contact avec les rongeurs ou par inhalation de gouttelettes infectées.
La peste frappe l'être humain à tout âge et indifféremment selon le sexe.
Il existe trois formes cliniques : la peste bubonique, la peste pulmonaire et la peste septicémique. L'incubation est de 1 à 7 jours.
En l'absence de traitement, la peste est mortelle dans 50 à 90% des cas pour les formes buboniques, et presque constamment pour les autres formes cliniques.
Un traitement précoce et une antibiothérapie adaptée permettent de réduire cette mortalité à 5-15%.
La peste fait partie des maladies ré-émergentes selon l'OMS.
Madagascar a subi en 2017 l'épidémie de peste la plus importante des années 2000 avec plus de 2000 cas et 200 décès.
Le Pérou et la République démocratique du Congo sont également considérés comme des zones d'endémie.
Elle est également réapparue dans le Sud-ouest des États-Unis.
La peste noire venue de Chine au moyen âge avait mis plusieurs années à se répandre en Occident.
Actuellement, ce type de maladie peut toucher des grandes villes en une journée.
Les conditions sont aujourd'hui plus favorables à la diffusion du bacille pesteux :
- Augmentation des températures globales
- Mondialisation des échanges avec des moyens de transport de plus en plus rapides et nombreux
- Apparition de résistances multiples aux antibiotiques
- Un vaccin qui n'a pas fait ses preuves et dont l'élaboration se heurte à de nombreuses difficultés.
Le problème de la peste n'est donc pas résolu et son épidémiologie demeure un enjeu d'avenir essentiel.
La peste est une maladie et non un événement catastrophique. Cependant, une épidémie de peste a pu être considérée comme un fléau à certaine période de l'histoire, symbole de la mort.
Le terme latin «  pestis  » signifie fléau.
Il faut attendre 1894 pour que soit découvert le bacille responsable de la peste.

Sources

  • La Revue de médecine interne 39 (2018) 863-868
  • La Revue de médecine interne 38 (2017) 402-406
  • Sabot Thierry, 2013, Nos ancêtres et la peste, « Fuir vite, loin et s'en revenir tard », Ed. Thisa, coll. Contexte.
  • Audouin- Rougeau Frédérique. 2003, Les chemins de la peste, le rat, la puce et l'homme, Ed. Puf
  • Delamare Nicolas. 1722, Traité de la police, Mesures générales à prendre.
  • Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres 1905.
  • Internet : La peste à Niort-GE 86
  • Archives 79
  • L. Fabre, « Histoire de la Ville de Niort » 1880.
  • Archives de la ville de Niort, 1266 à la fin, Tables et index, Tome 2
  • Micheline Desplebin