Le logiciel MediaWiki a été mis à jour afin d’être plus rapide. Si vous observez des problèmes, veuillez laisser un message sur Le Bistro.
Il a été ajouté l’éditeur visuel pour faciliter l’édition (exemple) et un système de discussions amélioré (exemple).

Affaire Pierre Creusé et Souché

De WikiNiort

Pierre Creusé ensorcelé ?

Pierre Creusé est le fils d’un marchand protestant Antoine Creusé installé à Niort entre 1616 et 1620 qui a acquis deux demeures à Souché :

- la maison noble de Fleurelle,
- « la maison de la bourgeoisie » dans les environs du village.

Cette « maison de la bourgeoisie » restera dans la famille jusqu’en 1710.

Le 28 janvier 1628, Pierre Creusé alors âgé de 13 ans et 10 mois tombe inanimé sur la Place des Halles animés de « mouvements rapides et divers de la tête ».

Les crises vont se succéder dans les mois suivants et sont constatés par les nobles représentants de la faculté.

Le 5 juillet 1628, une plainte est déposée par Jacques Morin et sa femme Marie Chabot contre Antoine Creusé.

En effet, le 18 février 1628, Pierre Creusé accuse Françoise Morin, leur fille ainée de 24 ans, de l’avoir ensorcelé.

Les Morin sont par ailleurs de confession catholique.

La plainte porte sur le caractère illégal de la diffusion d’un procès verbal mettant en cause Françoise Morin.

Le procès n’est donc pas un procès en sorcellerie mais essentiellement une affaire de procédure sur fond de controverses médicales et de fond d’accusation en sorcellerie.

La procédure peut donc être apparentée à un procès en diffamation.

Dans les faits, la famille Morin sera déboutée par le tribunal et condamnée aux frais de l’instance.

L’avocat du Roi argumente que l’enquête est justifiée en raison de la nature « extraordinaire » du crime dont est soupçonnée Françoise Morin.

L’affaire n’ira pas plus loin, la petite Morine ne sera pas brûlée comme sorcière.

Il semble que les deux communautés protestantes et catholiques n’avaient pas d’intérêt à ce que se développe un véritable procès en sorcellerie dans une période où était recherchée la paix civile.

Histoire admirable de la maladie prodigieuse de Pierre Creusé

1630 (Reprint 1997).

Ci-dessous original du procès verbal publié en 1630...

Ce minutieux procès-verbal, enrichi des observations des médecins et des chirurgiens dépêchés sur place, avec en sus les pièces et le jugement exemplaire d'un procès en diffamation, marque en 1630 les débuts à Niort de Jean Bureau, le récent imprimeur des célèbres Mémoires de Philippe Duplessis-Mornay, le Pape des huguenots.

Le document est très étonnant et se situe parfaitement dans le contexte des grandes affaires de sorcellerie et de possession démoniaque qui agitèrent le royaume de France dans le cours du XVIIème siècle :

- le procès de Marthe Brossier, à Paris, en 1599,
- les bûchers du Labourd en 1608-1609,
- l'affaire Gaufridy, à Aix-en-Provence, en 1609-1611,
- Urbain Grandier, à Loudun, en Poitou de 1632 à 1634,
- Madeleine Bavent, à Louviers, de 1643 à 1647...

La possession du jeune Pierre Creusé, fils d'un honorable et riche marchand calviniste de Niort est triplement intéressante :

  • Son observation clinique est telle que les parapsychologues ou les médecins aliénistes, selon les opinions contemporaines sur ce sujet, auront à cœur de mettre ce cas dans leur dossier.
  • Ensuite, le fait divers, de par son déroulement de janvier à avril 1628, permet de jeter un regard inédit sur la société niortaise de l'époque, avec sa forte minorité protestante prise dans l'étau royal du fameux siège de La Rochelle.
  • Enfin, le plaidoyer de l'Avocat du Roi déboutant de sa plainte une victime par trop suspecte, constitue un bon exemple provincial de l'argutie juridique du temps et de la sagesse politique qu'il convenait alors de pratiquer, en un temps où le pouvoir avait la main lourde pour maintenir ou rétablir en France la paix civile et religieuse.

Source

Cette affaire a été relatée récemment par Erick Surget, Directeur du Service des Médiathèques et de la Lecture publique dans les cahiers d’Aubigné paru à Niort en 2009 (Démons, sorciers et diableries au temps d’Agrippa d’Aubigné »