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Café O20100O (Sainte-Pezenne) : Différence entre versions

De WikiNiort
 
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[[Image:0201000_wiki.jpg|thumb|right|Notre café, à Ste Pezenne en 1935 (Café Passebon).]]
 
  
 
==Témoignage de M. Léonce Passebon==
 
==Témoignage de M. Léonce Passebon==
 
:'''Léonce Passebon est l'ancien cafetier du "Au vin sans eau" ( 0 - 20 - 100-0 -)'''
 
:'''Léonce Passebon est l'ancien cafetier du "Au vin sans eau" ( 0 - 20 - 100-0 -)'''
 
:Témoignage recueilli en 1992 par « Les quêteurs de mémoire ».
 
:Témoignage recueilli en 1992 par « Les quêteurs de mémoire ».
 
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[[Fichier:0201000_wiki.jpg|300px|right|thumb|Notre café, à Ste Pezenne en 1935 (Café Passebon).]]
=Témoignage :=
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[[Fichier:Geronyme Ste Pezenne.jpg|300px|right|thumb|Le Café prendra ensuite le Nom de Géromyne, avant de disparaître, il était situé an N°3 de la rue de la Routière...]]
:*''« Je suis né en 1909 au Moulin de Mauzais, non loin du Château Salbart. Aîné de trois enfants, un frère et une soeur, je suis allé à l'école à Echiré.  
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=Témoignage=
:''Mes distractions étaient la chasse et la pêche. Mon père travaillait comme minotier à Moulin Neuf pour le compte de M. Pichard de Bordeaux.  
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:*''« Je suis né le 4 juillet 1909 au Moulin de Mauzais, non loin du Château Salbart. Aîné de trois enfants, un frère et une sœur, je suis allé à l'école à Échiré. ''
:''J'avais 14 ans en 1923 quand mes parents vinrent s'installer au Café de Ste Pezenne.  
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:''Mes distractions étaient la chasse et la pêche. Mon père travaillait comme minotier à Moulin Neuf pour le compte de M. Pichard de Bordeaux. ''
:''A cette époque, il n'y avait pas l'eau au robinet. Nous avions une très grande citerne (la rumeur disait qu'elle pouvait contenir 800 barriques) alimentée par l'eau de pluie tombant des toits, et nous buvions cette eau.  
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:''J'avais 14 ans en 1923, quand mes parents vinrent s'installer au Café de Ste Pezenne. ''
:''Il n'y avait aucune commodité sanitaire ; nous allions au "petit coin" au chalet d'aisance au fond du jardin avec un bloc de papier découpé dans le journal.  
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:''À cette époque, il n'y avait pas l'eau au robinet. Nous avions une très grande citerne (la rumeur disait qu'elle pouvait contenir 800 barriques) alimentée par l'eau de pluie tombant des toits, et nous buvions cette eau. ''
:''Quand la fosse était pleine, la vidange était épandue dans les champs et jardins ; nous avions des récoltes superbes, jusqu'au jour où nous avons utilisé des produits d'hygiène.  
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:''Il n'y avait aucune commodité sanitaire ; nous allions au " petit coin " au chalet d'aisance au fond du jardin avec un bloc de papier découpé dans le journal. ''
:''Au Café nous avions pris la suite de M. Reix. Le nom de l'enseigne du Café a été trouvé par le garde-champêtre.  
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:''Quand la fosse était pleine, la vidange était épandue dans les champs et jardins ; nous avions des récoltes superbes, jusqu'au jour où nous avons utilisé des produits d'hygiène. ''
:''Il ne se faisait que peu de débit ; quelques fois 1 litre de vin par jour.  
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:''Au Café nous avions pris la suite de M. Reix. Le nom de l'enseigne du Café a été trouvé par le garde-champêtre. ''
:''Mon père faisait des petits travaux, puis des roulages pour la Commune lors de l'installation de l'eau en 1933.  
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:''Il ne se faisait que peu de débit ; quelques fois 1 litre de vin par jour. ''
:''Face au Café, il y avait le pressoir à huile, tenu par M. Poulard, et un peu plus loin le maréchal, M. Roulleau. La Poste se trouvait dans le virage, un peu en dessous en allant vers la Rue du Moulin.  
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:''Mon père faisait des petits travaux, puis des roulages pour la Commune lors de l'installation de l'eau en 1933. ''
:''A 14 ans j'ai travaillé dans une chamoiserie qui se trouvait vers la pharmacie actuelle Avenue de Lattre au niveau des ponts. J'y suis resté un an ; j'en ai gardé un mauvais souvenir : c'était sale, toujours dans l'eau et très froid l'hiver. Puis j'ai été domestique : à St Rémy, à Mursay, au Moulin Neuf. Puis j'ai fait des fagots de bois payés 10 sous la pièce.  
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:''Face au Café, il y avait le pressoir à huile, tenu par Pierre Poulard et un peu plus loin le maréchal, Jules Roulleau. ''
:''Entre temps mes parents ont acheté le Café. Ensuite j'ai fait mon service militaire, durée légale (1an) plus un an supplémentaire au Maroc pour la guerre du Rif.  
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:''La Poste se trouvait dans le virage, un peu en dessous en allant vers la Rue du Moulin. ''
:''Je me suis marié en 1933 : mon épouse est originaire de Brioux. Nous avons eu une fille. Nous avons pris le Café à notre compte en 1935.  
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:''À 14 ans j'ai travaillé dans une chamoiserie qui se trouvait vers la pharmacie actuelle Avenue de Lattre au niveau des ponts. J'y suis resté un an ; j'en ai gardé un mauvais souvenir : c'était sale, toujours dans l'eau et très froid l'hiver. ''
:''Mon épouse tenait le Café ; outre le service habituel où les gens venaient boire un verre de vin, un " Pernod " ou un " Quinquina " nous avons fait quelques mariages.  
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:''Puis j'ai été domestique : à St Rémy, à Mursay, au Moulin Neuf. Puis j'ai fait des fagots de bois payés 10 Sous, la pièce. ''
:''Puis la guerre est arrivée en 1939. Je suis resté prisonnier 5 ans.  
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:''Entre temps mes parents ont acheté le Café. Ensuite j'ai fait mon service militaire, durée légale (1an) plus un an supplémentaire au Maroc pour la guerre du Rif. ''
:''Au début de la guerre mon épouse, restée seule, donnait à manger aux réfugiés qui arrivaient par cars entiers.  
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:''Je me suis marié le 22 avril 1933 : mon épouse, Léa Charrier, est originaire de Brioux. Nous avons eu une fille, Yvette née en 1934. ''
:''Après la guerre le maire était [[Henri Lambert|M. Lambert]]. Je faisais des travaux de roulage, cylindrage, vidange.  
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:''Nous avons pris le Café à notre compte en 1935. ''
:''J'avais acheté une carrière où je tirais du sable à Sèche Bec vers la déchetterie actuelle.  
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:''Mon épouse tenait le Café ; outre le service habituel où les gens venaient boire un verre de vin, un " Pernod " ou un " Quinquina " nous avons fait quelques mariages. ''
:''Pour m'aider dans ce travail, j'employais M. Fouquet, un genre de sans logis de l'époque qui avait élu domicile chez M. Pillier, rue du Dixième.  
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:''Puis la guerre est arrivée en 1939. Je suis resté prisonnier 5 ans. ''
 
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:''Au début de la guerre mon épouse, restée seule, donnait à manger aux [[Réfugiée ardennaise, témoignage d’une niortaise|réfugiés]] qui arrivaient par cars entiers. ''
:*''M. Fouquet avait un esprit fertile et avait rédigé quelques pensées sur son travail :
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:''Après la guerre le maire était [[Henri Lambert|M. Lambert]]. Je faisais des travaux de roulage, cylindrage, vidange. ''
::''Ecoutez la prière d'un pauvre abandonné,  
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:''J'avais acheté une carrière où je tirais du sable à Sèche Bec vers la déchetterie actuelle. ''
::''Travaillant dans les carrières depuis de nombreuses années,  
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:''Pour m'aider dans ce travail, j'employais Émilien Fouquet, un genre de sans logis de l'époque qui avait élu domicile chez Pierre Pillier, rue du Dixième. ''
::''Travaillant pour la Commune ! n'ai jamais gagné une tune,  
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:*''Émilien Fouquet (1877-1956) avait un esprit fertile et avait rédigé quelques pensées sur son travail :''
::''Travaillant pour les patrons n'ai jamais gagné beaucoup d'argent  
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::''Ecoutez la prière d'un pauvre abandonné, ''
::''La chouette et la chauve-souris sont mes meilleures compagnies,  
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::''Travaillant dans les carrières depuis de nombreuses années, ''
::''Le ciel est ma maison, la terre c'est mon lit ;  
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::''Travaillant pour la Commune ! n'ai jamais gagné une tune, ''
::''Travaillant dans les carrières, dans le trou que j'ai creusé,  
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::''Travaillant pour les patrons n'ai jamais gagné beaucoup d'argent ''
::''Laissez-moi m'y reposer pour l'éternité,  
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::''La chouette et la chauve-souris sont mes meilleures compagnies, ''
::''Et nul ne passera à côté du tombeau fleuri sans laisser un regard attendri.  
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::''Le ciel est ma maison, la terre c'est mon lit ; ''
::''A toutes et à tous ceux qui viennent voir le tombeau fleuri,  
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::''Travaillant dans les carrières, dans le trou que j'ai creusé, ''
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::''Laissez-moi m'y reposer pour l'éternité, ''
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::''Et nul ne passera à côté du tombeau fleuri sans laisser un regard attendri. ''
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::''À toutes et à tous ceux qui viennent voir le tombeau fleuri, ''
 
:::''J'ai fait écrire : " Merci ".'' »
 
:::''J'ai fait écrire : " Merci ".'' »
  
 
==Le Café Passebon==
 
==Le Café Passebon==
 
C'était le Siège Social de la Société de [[Football à Sainte-Pezenne années 50-60|football à Sainte-Pezenne]] ; ce qui apportait une grande animation à Ste Pezenne.  
 
C'était le Siège Social de la Société de [[Football à Sainte-Pezenne années 50-60|football à Sainte-Pezenne]] ; ce qui apportait une grande animation à Ste Pezenne.  
:''« Sitôt les matchs du Dimanche terminés, tous les initiés se ruaient au café pour se détendre après l'effort, se désaltérer, faire la partie de cartes etc.. .
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:''« Sitôt les matchs du Dimanche terminés, tous les initiés se ruaient au café pour se détendre après l'effort, se désaltérer, faire la partie de cartes etc.. .''
:''Léa faisait la soupe à l'oignon, Léonce débouchait les bonnes bouteilles. Les soirées se terminaient assez tard.  
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:''Léa faisait la soupe à l'oignon, Léonce débouchait les bonnes bouteilles. Les soirées se terminaient assez tard. ''
:''Ce fut l'heureux temps ...  »
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:''Ce fut l'heureux temps ...  »''
 
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*'''Léonce Passebon décède le 14 juin 1995, il repose an cimetière ancien de Sainte-Pezenne.'''
 
==Source==
 
==Source==
 
*[[Hier Sainte-Pezenne (Groupe)]].
 
*[[Hier Sainte-Pezenne (Groupe)]].

Version actuelle en date du 13 décembre 2022 à 17:47


Témoignage de M. Léonce Passebon

Léonce Passebon est l'ancien cafetier du "Au vin sans eau" ( 0 - 20 - 100-0 -)
Témoignage recueilli en 1992 par « Les quêteurs de mémoire ».
Notre café, à Ste Pezenne en 1935 (Café Passebon).
Le Café prendra ensuite le Nom de Géromyne, avant de disparaître, il était situé an N°3 de la rue de la Routière...

Témoignage

  • « Je suis né le 4 juillet 1909 au Moulin de Mauzais, non loin du Château Salbart. Aîné de trois enfants, un frère et une sœur, je suis allé à l'école à Échiré.
Mes distractions étaient la chasse et la pêche. Mon père travaillait comme minotier à Moulin Neuf pour le compte de M. Pichard de Bordeaux.
J'avais 14 ans en 1923, quand mes parents vinrent s'installer au Café de Ste Pezenne.
À cette époque, il n'y avait pas l'eau au robinet. Nous avions une très grande citerne (la rumeur disait qu'elle pouvait contenir 800 barriques) alimentée par l'eau de pluie tombant des toits, et nous buvions cette eau.
Il n'y avait aucune commodité sanitaire ; nous allions au " petit coin " au chalet d'aisance au fond du jardin avec un bloc de papier découpé dans le journal.
Quand la fosse était pleine, la vidange était épandue dans les champs et jardins ; nous avions des récoltes superbes, jusqu'au jour où nous avons utilisé des produits d'hygiène.
Au Café nous avions pris la suite de M. Reix. Le nom de l'enseigne du Café a été trouvé par le garde-champêtre.
Il ne se faisait que peu de débit ; quelques fois 1 litre de vin par jour.
Mon père faisait des petits travaux, puis des roulages pour la Commune lors de l'installation de l'eau en 1933.
Face au Café, il y avait le pressoir à huile, tenu par Pierre Poulard et un peu plus loin le maréchal, Jules Roulleau.
La Poste se trouvait dans le virage, un peu en dessous en allant vers la Rue du Moulin.
À 14 ans j'ai travaillé dans une chamoiserie qui se trouvait vers la pharmacie actuelle Avenue de Lattre au niveau des ponts. J'y suis resté un an ; j'en ai gardé un mauvais souvenir : c'était sale, toujours dans l'eau et très froid l'hiver.
Puis j'ai été domestique : à St Rémy, à Mursay, au Moulin Neuf. Puis j'ai fait des fagots de bois payés 10 Sous, la pièce.
Entre temps mes parents ont acheté le Café. Ensuite j'ai fait mon service militaire, durée légale (1an) plus un an supplémentaire au Maroc pour la guerre du Rif.
Je me suis marié le 22 avril 1933 : mon épouse, Léa Charrier, est originaire de Brioux. Nous avons eu une fille, Yvette née en 1934.
Nous avons pris le Café à notre compte en 1935.
Mon épouse tenait le Café ; outre le service habituel où les gens venaient boire un verre de vin, un " Pernod " ou un " Quinquina " nous avons fait quelques mariages.
Puis la guerre est arrivée en 1939. Je suis resté prisonnier 5 ans.
Au début de la guerre mon épouse, restée seule, donnait à manger aux réfugiés qui arrivaient par cars entiers.
Après la guerre le maire était M. Lambert. Je faisais des travaux de roulage, cylindrage, vidange.
J'avais acheté une carrière où je tirais du sable à Sèche Bec vers la déchetterie actuelle.
Pour m'aider dans ce travail, j'employais Émilien Fouquet, un genre de sans logis de l'époque qui avait élu domicile chez Pierre Pillier, rue du Dixième.
  • Émilien Fouquet (1877-1956) avait un esprit fertile et avait rédigé quelques pensées sur son travail :
Ecoutez la prière d'un pauvre abandonné,
Travaillant dans les carrières depuis de nombreuses années,
Travaillant pour la Commune ! n'ai jamais gagné une tune,
Travaillant pour les patrons n'ai jamais gagné beaucoup d'argent
La chouette et la chauve-souris sont mes meilleures compagnies,
Le ciel est ma maison, la terre c'est mon lit ;
Travaillant dans les carrières, dans le trou que j'ai creusé,
Laissez-moi m'y reposer pour l'éternité,
Et nul ne passera à côté du tombeau fleuri sans laisser un regard attendri.
À toutes et à tous ceux qui viennent voir le tombeau fleuri,
J'ai fait écrire : " Merci ". »

Le Café Passebon

C'était le Siège Social de la Société de football à Sainte-Pezenne ; ce qui apportait une grande animation à Ste Pezenne.

« Sitôt les matchs du Dimanche terminés, tous les initiés se ruaient au café pour se détendre après l'effort, se désaltérer, faire la partie de cartes etc.. .
Léa faisait la soupe à l'oignon, Léonce débouchait les bonnes bouteilles. Les soirées se terminaient assez tard.
Ce fut l'heureux temps ...  »
  • Léonce Passebon décède le 14 juin 1995, il repose an cimetière ancien de Sainte-Pezenne.

Source