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D'un Champ "clairot" à Champclairot - La naissance d'un quartier : Différence entre versions

De WikiNiort
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Voici donc, réalisée par des historiens-amateurs la naissance du quartier de Champclairot, de 1953 à 1958, quartier ainsi nommé parce qu'il y a environ 50 ans  on trouvait là un grand champ partagé en vergers, vignes, et petits prés en friche.  
 
Voici donc, réalisée par des historiens-amateurs la naissance du quartier de Champclairot, de 1953 à 1958, quartier ainsi nommé parce qu'il y a environ 50 ans  on trouvait là un grand champ partagé en vergers, vignes, et petits prés en friche.  
 
  
 
== Le quartier sort de terre ==
 
== Le quartier sort de terre ==
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Les matériaux de cette enquête sont des souvenirs rassemblés par les acteurs de cette entreprise qui se sont réunis à la Maison pour Tous du quartier, par un bel après-midi du mois de mars 1999. Avec un plaisir non dissimulé et une pointe de fierté, ils racontent une aventure qui les a mobilisés pendant ... 45 mois !  
 
Les matériaux de cette enquête sont des souvenirs rassemblés par les acteurs de cette entreprise qui se sont réunis à la Maison pour Tous du quartier, par un bel après-midi du mois de mars 1999. Avec un plaisir non dissimulé et une pointe de fierté, ils racontent une aventure qui les a mobilisés pendant ... 45 mois !  
 
  
 
== Des souvenirs à la pelle ... ==
 
== Des souvenirs à la pelle ... ==

Version du 2 juin 2012 à 14:54


Introduction

Cette rétrospective, réalisée à l'initiative de la Maison Pour Tous de Champclairot.

Qu'a-t-il de particulier, ce quartier de notre ville ?

Il est constitué de quelques HLM et de maisonnettes bien sages entourées de jardinets fleuris. En ces lieux, on ne rencontre ni précieux vestige du passé, ni monument remarquable. La vue elle-même n'est pas "terrible". Alors, pourquoi s'attarder ? Pourquoi cette évocation d'une naissance qui, après tout, a dû être quelconque ?

Eh bien justement, cette naissance ne fut pas banale ! Voici pourquoi.

Cette rétrospective n'a été possible que grâce aux témoignages des habitants du quartier. Merci à eux :

Pierre Barbotin, James Blo, Henry Boreau, Mme Bouhet, André Crémault, Michel Dupuis, Pierre Dussous, Jean Château, Mme Chauvet, Michel Daroux, Marcel Larignon, Francis Jéhin, Roger Martin, Mme Moreau, Michel & Jeannette Papin, Robert Protteau, Robert Thébault, Joseph Lavoix (grâce à "La Nouvelle République").

Voici donc, réalisée par des historiens-amateurs la naissance du quartier de Champclairot, de 1953 à 1958, quartier ainsi nommé parce qu'il y a environ 50 ans on trouvait là un grand champ partagé en vergers, vignes, et petits prés en friche.

Le quartier sort de terre

Au lendemain de la guerre, sur un espace de 18 hectares de prairies situé route de Limoges, aux portes de la ville de Niort, l'Office des HLM avait mis en chantier un programme de construction de maisons individuelles, puis d'immeubles collectifs.

Peu après le lancement de ce chantier, trois associations coopératives composées de constructeurs amateurs décideront d'entreprendre sur les espaces encore libres (et qui seront achetés à la ville) la construction de trois groupes de logements.

Au total, 71 maisons ou appartements seront ainsi réalisés grâce au travail fourni pendant le "temps libre" (week-ends et congés) de ces travailleurs qui, tous, occupaient par ailleurs un emploi salarié faisant vivre leurs familles.

Le chantier le plus important est celui des "Castors" qui comprend 45 maisons individuelles et démarre en 1954.

Simultanément, une coopérative ouvrière de production (L'Avenir des charpentiers), commence la construction d'un bâtiment collectif de 12 appartements tandis que, peu après, un troisième programme est mis en chantier par un troisième groupe coopératif - "l'Autoconstruction" - dont les membres bâtiront 14 pavillons individuels.

A l'époque - nous sommes au début des années 50, période de reconstruction où les moyens techniques sont encore réduits, la construction par des particuliers de ces 71 logements destinés à des familles ouvrières est un véritable tour de force.

Cinquante années après ces événements, il nous a paru utile de rappeler aux habitants de Champclairot l'histoire de la naissance - dans la joie ou la douleur, on va le voir - de leur quartier.

Notre enquête - et nous voulons qu'elle soit un hommage - menée par les acteurs de cette aventure (les survivants !) est un témoignage de la somme de travail et de persévérance qu'une équipe de personnes sans qualifications particulières a su fournir pour mener à son terme un projet qui, au départ, paraissait proprement utopique.

L'audace, le courage et l'ingéniosité de ces 45 jeunes gens lancés dans cette entreprise - la plupart d'entre eux habitaient alors des taudis - méritent certainement d'être rappelés. Ce récit véridique de leur aventure nous donnera également l'occasion d'évoquer les conditions concrètes de vie et de travail d'une époque qui risquent d'être bientôt (faute de "combattants" !) complètement effacées des mémoires.

Les matériaux de cette enquête sont des souvenirs rassemblés par les acteurs de cette entreprise qui se sont réunis à la Maison pour Tous du quartier, par un bel après-midi du mois de mars 1999. Avec un plaisir non dissimulé et une pointe de fierté, ils racontent une aventure qui les a mobilisés pendant ... 45 mois !

Des souvenirs à la pelle ...

Les "Castors" d'abord, puisqu'ils sont les plus nombreux.

Autour d'une table à la MPT, en ce mois de mars 1999, on se retrouve, on s'embrasse, on se souvient.

Ils sont neuf, sexagénaires bien valides, curieux de savoir comment ils vont s'y prendre pour restituer l'histoire une oeuvre collective tentée et réussie il y a plus de quarante ans.

"On va vous dire ... D'abord, le plus important et qui commande tout : On a commencé par se mettre ensemble"

Robert Protteau explique : " Notre association s'est constituée en décembre 1952. Un infirmier à l'hôpital de Niort, M. Brun a été à l'origine de la création de notre coopérative. Il s'inspirait de l'expérience, ancienne déjà, de l'association des "Castors" pour proposer la construction en coopération et par ses propres moyens, de sa maison. Cette proposition impliquait évidemment l'action collective prolongée d'un nombre importants d'acteurs."

Michel Daroux ajoute " Je crois qu'il avait parlé de son projet autour de lui et fait paraître un communiqué dans la presse locale. Je me souviens qu'il est venu en causer chez moi. Comme à l'époque nous étions tous médiocrement, voire très mal logés, cette suggestion suscita une grande curiosité chez les travailleurs."

Puis ils précisent ensemble le déroulement des événements :

"Dès la première réunion d'information qui eut lieu à la Bourse du Travail, rue des Fossés, plus de 100 chefs de famille souscrirent à cette proposition de construction coopérative. Toutefois, quand chacun eut pris conscience des contraintes et de la somme de travail que cet engagement représentait pendant plusieurs années, un tri se fit naturellement et, finalement, nous nous sommes retrouvés à 45 candidats, prêts pour l'aventure - "Les 45 meilleurs" dira l'un d'entre nous (éclats de rires), ou plutôt, "Les 45 qui en voulaient" ! lance Robert.

Nous avons retrouvé un peu plus tard une quinzaine de ceux qui ne nous suivirent pas. Dans des parcelles proches, ils firent édifier le gros oeuvre de 14 maisons qu'ils achevèrent et équipèrent ensuite complètement. Ils s'étaient associés en un groupe coopératif appelé "L'autoconstruction". Ils en ont bavé aussi !

"Notre initiative n'était pas proprement niortaise : le mouvement Castor existait au niveau national, en Bretagne surtout, mais également, plus près de nous, chez les cheminots à Thouars. "

"Très rapidement, l'association se donna un Bureau et, sous l'impulsion de l'un des nôtres - M. Jodet - nous nous sommes mis à la recherche d'un terrain. Comme la Ville de Niort venait de se rendre acquéreur d'un important terrain en bordure de la route de Limoges, et que des premières constructions HLM étaient déjà en cours, nous avons négocié auprès de la municipalité l'achat d'une part de cet espace disponible."

Et Robert Thébault, qui sera avec Marcel Larignon responsable des finances, précise : "Ces terrains nous furent finalement cédés à mi-prix par la municipalité propriétaire (une faveur...) après que notre projet, dûment présenté, eût reçu l'agrément du ministère de la reconstruction : 45f/2 = 22,5 f le m²".

Le projet prenait forme.

"Les futures rues et les 45 parcelles furent dessinées par les services de l'Equipement et quand nous eûmes reçu le permis de construire, un fonctionnaire important de l'Equipement ou des HLM, - M. Chassigne - nous pris en quelque sorte sous son aile et pilota notre projet".

"Cet aspect administratif n'est pas sans contraintes pour des néophytes. Il nous fallait accomplir des formalités compliquées, toujours lentes et parfois pénibles. Robert Thébault se souvient de cet irascible (et ancien militaire) chef de service responsable de la délivrance de l'allocation logement, qui trouvait toujours dans notre dossier le défaut procédurier qui faisait obstacle et retardait l'accès, pour nous, "à la Terre promise"...

C'est le moment d'évoquer les missions de nos adhérents cheminots à Paris (voyage gratuit) dans les bureaux du ministère, afin d'accélérer coûte que coûte les formalités d'agrément HLM. : "Notre président Jodet, avec son sens des relations publiques, avait eu l'idée géniale de débarquer un beau matin dans ces locaux parisiens avec un bouquet de fleurs qu'il offrit aux datylo-secrétaires. Celles-ci furent enchantées de ses bonne manières et, par la suite, toutes acquises à notre entreprise... "

"En général, on nous facilitait la tâche". Et tout le monde est d'accord pour le souligner :" - Ce Monsieur Chassigne, par exemple, prit la peine de nous guider dans les arcanes de la jungle administrative, il nous conseilla et nous évita les maladresses qui auraient pu compromettre la mise en oeuvre de notre projet".

Cette manifestation de solidarité toute simple est un signe de ces temps difficiles de l'époque d'après-guerre. Et Larignon, Protteau et les autres tiennent à le rappeler : "- Il nous arriva plusieurs fois de rencontrer des personnes placées à des points "stratégiques" qui n'hésitèrent pas à s'engager de façon désintéressée pour servir notre projet. Nous pensons particulièrement à M. Marbouty, marchand de matériaux qui, à Niort, sera le seul des gens de sa corporation à prendre le risque de nous avancer gratuitement le ciment et le sable en quantité considérable, sans aucune garantie de paiement. Il avait des fins de mois angoissantes nous disait-il.." .

Donc, sur les conseils de M. Chassigne, les deux sociétaires qui s'étaient "spécialisés" dans les formalités administratives ont bientôt pu présenter des projets de maisons conformes aux plans standards de l'époque qui étaient appelés "plans courants" - et qui ouvraient droit aux primes à la construction - des primes très importantes pour l'époque et, pour nous, indispensables."Par la suite, nous avons d'ailleurs ajouté à ces plans des modifications qui apportèrent à nos constructions quelques attraits supplémentaires (ceci, en accord avec la DDE)".

"Quand nous avons pris possession du terrain, c'était comme un désert". Francis Jéhin se souvient qu'un soir, à la sortie de son travail chez Hainault, il était venu jeter un coup d'oeil sur le futur "champ de bataille" et qu'il avait été impressionné par ce vide qu'il allait falloir remplir...

"La seule maison habitée du coin était le petit bistrot tenu par le couple Lavoix, Monsieur et Madame. Ceux-là, on peut dire qu'ils ont assisté à la naissance du quartier ! Ils avaient le téléphone et nous transmettaient parfois des messages urgents de telle épouse, restée à la maison... Ils ont développé leur petite affaire pendant les années qui suivirent, connus de tout le monde, "bien au chaud dans leur quartier..."

La première tâche fut de "placer" les futures maisons dans les parcelles. Martinez, l'un des associés fort compétent puisqu'il était maçon de profession, fut chargé du piquetage de l'implantation de chaque maison. Moment émouvant et lourd de promesses qu'il allait falloir mériter.

Tout de suite, les travaux ont commencé à la pioche

Question : "Vous avez dégagé quand même des gars spécialisés dans les tâches d'administration" - Oui, nous en étions Larignon et moi. - Donc, vous étiez dispensés du travail à la pioche, sans doute ? (Eclatement de rire général et prolongé ..). . - Vous voulez rire ! La pioche et les parpaings ! Comme tout le monde ! Larignon et moi, on faisait 250 parpaings tous les dimanches, affirme Robert Thébault. On travaillait sur une "vibreuse-ponceuse", neuve, tout ce qu'il y a de moderne. Même qu'un entrepreneur du coin est venu en douce pour la voir fonctionner..."

Aux durs travaux, tout le monde s'y est coltiné, même les "administratifs" qui, entre parenthèses, faisaient en plus, chez eux, leurs "devoirs du soir"... Et Michel Daroux précise : "On leur doit beaucoup, car grâce à eux on pouvait bosser sans inquiétude, côté administratif..."

Pendant que certains creusent, d'autres démolissent. Qui eut l'idée saugrenue de se transporter à la campagne (Azay le Brûlé, 25 Km) pour y abattre une ferme afin d'y récupérer les pierres nécessaires au blocage de nos futures fondations ?

"Nous y fûmes, nous y démolîmes, mais, finalement, faute de vrais moyens de transport - notre camion à essence ("qui pompait pas mal, et même plus que tous les hommes réunis", remarque Protteau) étant peu opérationnel - les débris restèrent sur place. Y sont-ils encore ?"

"L'opération bien lucrative ce fut la récupération du sable tout-venant à Epannes, des quantités prodigieuses que nous allions extraire d'une sorte de carrière."

"Notre camion Ford résistait : Il nous a rendu bien des services quand même. C'est qu'à l'époque c'était un engin précieux. Nous étions tous à vélo. Seuls trois privilégiés sur les 45 possédaient une petite auto. Finalement, question cailloux, nous avons pu faire face aux besoins de nos fondations, car - pour quelle raison ? - on commença à nous apporter sur le chantier pas mal de pierres de récupération."

"Quand le travail prit de l'ampleur - peut-être la deuxième année - nous avons embauché un chef de chantier, un vrai professionnel capable de diriger et contrôler la qualité des réalisations. Grâce aux prêts que nous recevions, nous étions alors devenus capables de le rémunérer à plein temps. Mais il a fallu attendre ces prêts qui étaient débloqués selon l'avancement des travaux. Par nous-mêmes, on pouvait pas grand chose. "On était tous fauchés, vous comprenez...".

"C'est pourquoi, au départ, nous avons eu un vrai problème. Nous étions véritablement sans le sou pour travailler et pour en recevoir il fallait que les travaux avancent."

"Il nous fallait à tout prix trouver un fournisseur à qui l'on dirait : " - Monsieur, il nous faut des matériaux, mais on sait pas quand on vous paiera" . (L'oiseau, rare, en somme...)

Eh bien, on l'a trouvé, cet oiseau rare ! Ce fut M. Marbouty, le patron d'une entreprise sise route de La Rochelle, un petit homme qui est même venu nous voir travailler, sans doute pour se faire une idée. Il nous a regardé faire et nous a dit : "Les gars, allez-y, j'ai confiance en vous !".

"N'empêche qu'il nous a accordé des "découverts" fabuleux, des sommes incroyables, des 1 ou 2 millions.. . "Quand on a eu nos premiers prêts SNCF, se souvient Michel Daroux, et qu'on a été lui porter nos sous, il n'avait plus de pognon ! Il nous a dit :" Ca tombe bien, j'avais plus rien !" "Je l'ai entendu nous dire - et il y avait des larmes dans son regard - combien il tenait à ce que nous réussissions notre entreprise, car c'était à ses yeux (et pour nous, de même !) un sacré défi ! ". "C'est un monsieur qui mériterait d'avoir son nom sur une plaque, dans le quartier !" conclut l'assemblée".

"Au début nous étions tous maçons, mais à partir d'un certain moment, nous avons organisé notre chantier en constituant des équipes plus spécialisées selon nos professions : les maçons les menuisiers, les peintres, les serruriers, les électriciens.

Une commission des travaux préparait le travail pour le samedi. De sorte qu'en arrivant le samedi après-midi (à l'époque on travaillait le samedi matin) chacun avait son plan de travail pour le week-end. Cette commission se réunissait le mercredi soir dans une baraque que nous avions édifiée spécialement place des Pâquerettes et qui servait aussi à abriter les matériaux à garder au sec.

On avait acheté 6 wagons réformés à la SNCF et on les avait démantibulés. Avec les planches on a construit la baraque. Tout près de celle-ci, également, nous avions ménagée une grande plate-forme de 100 m2 environ où, à côté d'un mélangeur de béton, bricolé par les cheminots, fut installée la machine (neuve !) à couler les parpaings.

La fabrication des parpaings exigeait une bonne organisation car il fallait qu'au début du week-end, l'aire de fabrication fût dégagée. Les parpaings fabriqués le dimanche précédent devaient donc être répartis durant la semaine (le soir) dans les différents endroits du lotissement où l'on élevait encore les murs."

"Comme nous avions peu de moyen de transport, tout se faisait à la brouette. Sur le chantier de chaque maison, en l'absence de grues, on portait et élevait tous les matériaux, seaux de béton et parpaings, sur l'épaule ou à la main. Quand il fallait faire face à un arrivage de ciment, on se coltinait tout un camion de sacs de 40 kg à l'épaule, et parfois même le soir."

"Question échafaudages, nos camarades cheminots nous ont bien dépannés. Il n'était pas question d'acheter du matériel neuf spécialisé. "

Roger Martin explique : " On a eu l'idée de récupérer des tubes de chaudière sur les locomotives réformées. Au début du chantier, on allait au dépôt SNCF avec les copains couper, souder et préparer ces fameux tubes de loco. Mais attention ! on avait l'autorisation, pour tout, les tubes et le travail au dépôt... Au dépôt, nous avons également fabriqué des tréteaux "télescopiques" (tubes de loco et clavettes) qui nous permettaient de travailler sur tout un niveau de construction. Le rez-de-chaussée fini, on montait ce matériel bricolé au niveau supérieur. " Nous étions nombreux de la SNCF" et, ajoute Martin " Au dépôt on fabriquait aussi des serre-joints pour les coffrages."

"On ne doit pas s'imaginer que l'élévation d'un mur de parpaings offre beaucoup de difficultés. Nous étions tous des manuels (et les quelques uns qui ne l'étaient pas le devinrent rapidement, nécessité oblige ...), de sorte que "spontanément", à l'aide du seul fil à plomb et du niveau, on prit très vite "le coup de main".

"De nos maisons, nous avons tout fait par nous-mêmes, du bas jusque en haut, sauf... le plâtre, le plâtre qui demande un véritable savoir faire de professionnel. Allez donc faire un plafond si vous n'êtes pas de la partie ! Pour le plâtre, on fournissait les matériaux et un tâcheron faisait le travail, payé au forfait, tant par maison."

"Nous avons surmonté sans dommage les principales difficultés du métier. Pour des amateurs, nous avons eu très peu d'accidents". Sauf... et Robert rappelle le pépin survenu à Graveleau, happé par la bétonnière et qui s'en est dégagé en y laissant sa chemise et son pantalon mis en pièces par la machine. "Il a été déshabillé en un clin d'œil !". Il y a eu aussi, pour la dernière maison, la chute de Joseph Fagot. Il s'en est tiré avec une fracture du talon, ce qui est peu pour un plongeon de 5m..."

A la réunion hebdomadaire d'organisation, s'ajoutaient des réunions de bilan, des sortes assemblées générales où l'ensemble des sociétaires faisaient le point, prenaient connaissance de l'état des finances, des prêts, et des problèmes qui surgissent forcément au cours de toute entreprise de construction. Ces assemblées se tenaient à la Bourse environ tous les deux mois.

L'organisation du travail incluait aussi des règles et des obligations qui instauraient une certaine discipline de travail. Les heures données par chacun étaient comptabilisées et constituaient un capital dont il fut tenu compte, individuellement, à la fin du chantier. Chacun était tenu d'assurer une grande assiduité afin d'assurer un bon rythme d'avancement du chantier. En somme, ces quelques mesures étaient destinées à égaliser la contribution-travail de chacun et éviter les "tire-au-flanc". "Nous avions tous pris connaissance du règlement intérieur qui était comme une charte commune et nous nous étions engagés à le respecter. Somme toute, en ces quatre années de labeur collectif, on ne peut pas dire que la discipline fût un gros problème". Comme dit Robert Protteau: "Des tire-au-flanc, l'un dans l'autre, y-en avait pratiquement pas beaucoup, faut pas se plaindre...".

"La cadence de production était très élevée. En un week-end il se montait un niveau (un étage) pour deux maisons. Cela représente 12 rangs de parpaings. Quand on arrivait au toit de la maison, on installait la charpente. Nous n'avions qu'une scie circulaire (bricolée par les cheminots) pour débiter les pannes et les poutres. Le reste se faisait à la scie à main. "

"Initiés par les menuisiers du groupe, nous sommes rapidement devenus capables d'installer les charpentes. Et pour la pose des tuiles, c'était impressionnant. Vous pouviez passer le samedi et voir un couple de maisons encore découvertes et le dimanche soir, ces deux habitations étaient coiffées de leur toiture de tuiles." "Faut dire que la main d'œuvre ne manquait pas, pour passer les tuiles. Fallait voir comme ça jonglait ! ".

"Pour la distribution des maisons, nous avons commencé par attribuer les six premières. Elles ont d'ailleurs été inaugurées par un ministre de l'époque (ancien directeur de la SNCF, "un homme grand et chauve") qui s'était déplacé à Niort pour la Foire Exposition (qui se tenait place de la Brèche, à l'époque). Ce ministre parut ébahi par la qualité de notre production et peu avare de compliments il s'exclama :" Vous avez fait là des maisons de chef de cabinet !". Il exagérait bien un peu, quand même..."

Ensuite les 39 lots restants furent tirés au sort d'un coup. Mauvais souvenir pour André Crémault qui s'exclame : " Eh bien moi, j'ai hérité du lot où se fabriquaient les parpaings, le dernier à être libéré en somme ! Inutile de vous dire la tête de ma femme quand, le soir, je lui ai annoncé la "bonne nouvelle". "... Un cas de divorce !... On a même failli abandonner, car pour nous, ça repoussait l'échéance à deux ou trois ans. Mais, quand même, on s'est repris et on a continué...".

"On disposait de toute la gamme des professions. Outre les menuisiers, nous avions des électriciens, des plombiers zingueurs, des serruriers etc... Les huisseries étaient fabriquées à l'Avenir (qui nous fit aussi les ouvertures de garage), les portes furent ferrées par nous-mêmes. L'avenir nous livra aussi les escaliers en bois, à l'état brut. Nous les avons installés, ce qui n'est pas simple, surtout quand ils tournent, et les plinthes alors, je ne vous dis pas ..."

"La plomberie et le sanitaire ont été installés par une équipe réduite, nous rappelle Jean Château.

"C'était moi avec Jodet, notre président, et plus tard, Roger Chartier. On a équipé comme ça les 45 maisons... Un chantier 45 installations sanitaires c'est long, mais j'ai tenu jusqu'au bout. Je vous pose une question : "Etes-vous toujours contents de votre chauffe-eau ?... ".

Et Château précise : "N'oubliez pas un autre spécialiste, Henri Renaudeau, le zingueur qui a fixé toutes les dalles".

"Quant au chauffage, il ne nous était pas venu à l'idée de prévoir quelque chose de spécial. Chacun devait apporter sa cuisinière et ses poêles. Mais comme à la fin du chantier, il nous restait de l'argent, on a décidé de se donner un chauffage moderne, chauffage central à circulation d'eau ou à air pulsé.

Ce détail montre que le confort moderne était encore vraiment une nouveauté. Le cabinet de toilette avec son bac à douche était un vrai luxe. "Nous avions fait l'acquisition de trois machines à laver "collectives". C'étaient de ces premières machines à gaz qui nous paraîtraient archaïques aujourd'hui et qu'on transportait de maison en maison sur un petit chariot, selon un tirage au sort !"

On a posé 2400 rouleaux de papier peint, imaginez-vous. Les façades, on les a peintes au compresseur, sur une échelle.

"La peinture était prise à La Mothe Ste Heray et s'appelait "Elastiléum",précise Crémault

"Ah, tu as de la mémoire, toi au moins !".(Ah; ah, ah !..).

"Question peinture, précise Protteau, on a opté pour ce qui se faisait de mieux : laque intérieure partout. Pour les portails et les volets, on les a même fait rouiller pour éliminer la calamine de fabrication, puis on a poncé (à la main) avant d'étendre les 2 couches d'anti-rouille. Elles n'ont pas bougé, depuis..."

"La construction des maisons terminée, nous avons réalisé les clôtures - "Quelle quantité de clôture ? 1 km et demi environ de petit muret et grillage ... Et toujours collectivement, de même que les portails. Les gars de la SNCF ont fabriqué les coffrages de tous les poteaux de portail avec des plaques métalliques de locomotive que nous graissions intérieurement pour pas que ça colle."

Daroux et les autres tiennent à rappeler un bon souvenir :

"Il ne faut pas oublier quelque chose de très important. Je veux dire qu'il faut parler du bouquet, celui qu'on accrochait en haut de chaque maison terminée. (rires prolongés...)

- "Pourquoi riez-vous ? - Oh là là, c'était parfois scabreux ... on faisait la fête, on arrosait ça. C'était terrible !"

En cette occasion, on oubliait un peu le travail donné. Les 4000 heures de travail pour chacun. "Faites le compte, cela fait 170 000 heures données, par tous les temps, dans la grisaille et le froid des week-ends de l'hiver ou sous le soleil ardent des deux semaines de congés payés. Un hiver, on a eu la neige. Cela méritait bien les moments de rigolade et de détente amicale qu'offrait chaque nouveau propriétaire. On arrosait chaque nouvelle victoire et tant pis si, d'aventure, quelque vaillant travailleur se retrouvait à traîner un peu par terre... qu'il fallait retourner chez lui avec la brouette !"

Jéhin croit se souvenir d'un dimanche où un bruit se répandit sur le chantier :"On va finir la journée à la Foire sur la Brèche". Et - miracle ! - tout le monde cessa le travail et se rendit sur la foire pour se détendre un peu et flâner autour des stands qui proposaient tant de nouveautés modernes ... Il est le seul à se souvenir de cet épisode ...

"Le dimanche, c'était le jour où les épouses, avec les enfants, venaient apporter le manger aux travailleurs. Car il faut bien rappeler les sacrifices faits par nos épouses qui acceptaient de voir réduits à rien les moments de détente en famille. Pour elles, plus de jour de congés, plus de vacances. Elles restaient seules avec les enfants, alors que nous avions quand même, nous les hommes, la compensation de la chaude camaraderie du travail collectif. "

Le dimanche, c'était aussi le jour où les niortais venaient en groupes observer le spectacle insolite de cette fourmilière. D'une semaine à l'autre, ils pouvaient suivre l'avancement de l'œuvre entreprise. Et, sans doute, beaucoup de ceux qui venaient là en spectateurs auraient voulu partager le sort de ces constructeurs qui, bientôt, allaient quitter définitivement leurs petits logements pour une habitation où chacun de leurs enfants, aurait peut-être sa chambre à lui tout seul...

Le financement, c'était l'affaire des dénommés Larignon-Thebault : le crédit foncier, une prime à la construction sur 20 ans de 75 000 F accordés au départ dès la maison terminée. En gros, le prix de revient de la maison était compensé par la prime.

"Ainsi, dira Protteau, ma maison m'est revenue seulement à un million ancien ".

Sinon, on pouvait évaluer la valeur de chaque maison à 18000 F de matériaux et 12000 F de travail (en gros 4000 heures à 30F) , soit 30 000 F).

"Moi, ma maison m'est revenue, prime comprise, à 13.500F" précise Barbotin.

Le premier lot de 6 maisons sera attribué d'un coup, un an après le début des travaux. Ensuite la livraison se fera à une cadence régulière, selon l'achèvement des constructions.

"Quand on rentrait en possession de sa maison, tout était complètement fini et posé... Même le lustre !" dira Barbotin. "Nous avions acheté un ponceuse de parquet. On s'est arrangé avec les gars de l'Avenir : Ils ont poncé tous les parquets et, le travail fini, on leur a donné la ponceuse".

"Ce sont eux qui fournirent les huisseries, portes et fenêtres. Mais nous avons tout posé et peint, y compris les meuble des cuisines."

Un naïf pose la question : "Ceux qui avaient touché leur maison, continuaient-ils de travailler ? (Enorme éclat de rire...)

"Et comment ! Et même, comme ils étaient sur place, quand arrivait, certains soirs en semaine, un camion de sacs de ciments, c'était eux qui se coltinaient le déchargement ! Ils étaient aux premières loges pour les corvées."

En somme, on acceptait la loi du travail solidaire et ses contraintes qui sont comme des petits "coups du sort" :

"André Crémault nous a dit tout à l'heure qu'il avait été le dernier servi. Mais qui c'est qui a eu la plus petite parcelle ? Eh bien, c'est moi, Thébault ! Il en fallait un ! "

"La maison occupée, pour pouvoir toucher l'allocation-logement, on payait tous les mois un loyer à la société qui restait propriétaire théorique". Et Protteau ajoute : "C'était un peu tiré par les cheveux, cet artifice, et à la limite de la légalité, faut le reconnaître..."

"Quand tout a été terminé, il a fallu liquider le matériel. On l'a cédé à un deuxième groupe "Castors" qui construisait 30 maisons au Prieuré St Martin. " - On leur a aussi avancé de l'argent qui nous restait, précise Thébault, ce qui leur a permis de démarrer sans trop de difficultés."

"Un congrès national de coopérateurs a eu lieu à Niort. On participait tous les ans au congrès des "Castors. Il a été reconnu que nous avions été les seuls en France - y compris chez les "Castors" - à avoir mené à son terme un chantier aussi important, strictement par nos propres moyens (sauf le plâtre !). Ailleurs, ils faisaient faire le gros oeuvre par des entreprises, comme "L'Avenir" le fit pour son bâtiment collectif, ainsi que les membres de "L'autoconstruction". Nous avons toujours eu de bonnes relations avec les camarades de l'Avenir des menuisiers qui était une coopérative ouvrière de production. Ils ont même mis leur machines à notre disposition pour faire des échelles en bois. C'était sympa."

"Si l'on fait le bilan, on peut dire que notre "productivité" était très satisfaisante. Quarante cinq maisons construites en quarante cinq mois, cela fait une maison (clefs en main) par mois ! On fait pas mieux."

"Puisque nous arrivons au bilan, rappelle Michel Daroux, n'oublions pas la fête finale. Pour les derniers servis, nous avions fait venir un tivoli qui fut monté sur la place des Pâquerettes, pour un casse-croûte suivi d'un bal. C'était très bien. Vous souvenez-vous ? On a tous eu la surprise d'un cadeau-miniature. Pour l'un c'était un petit marteau, pour l'autre une minuscule truelle... Moi, ajoutera le menuisier, j'ai eu un rabot en bois. Le voilà, je l'ai conservé. Il ne mesure pas 3 cm..".

Une dame fait un bilan à sa manière : " Ce qu'il faut dire, c'est que durant toute cette période, malgré les difficultés, il n'y a pas eu un seul divorce."

Une autre ajoute : "C'est à dire qu'à l'époque, on était pas trop regardants. Sans voiture, il n'était pas trop question de loisirs, ni d'aller au bord de la mer. Alors, on supportait mieux de rester chez soi sans beaucoup de distractions".

Francis Jehin a conservé une autre relique qu'il a apportée pour montrer aux autres : le menu du banquet final, pris à Ste Néomaye, quand tout fut terminé. Repas copieux, à la mesure de l'appétit des convives.

Crémault nous montre sa carte d'adhérent à la société des Castors (1er janvier 1953). D'autres ont apporté des documents, des plans, le livre des délibérations, des actes notariés, des photos... Le tout, sorti d'un fond de tiroir... Un peu oublié, un peu jauni et défraîchi...

Faut-il en rajouter ? Pour tous ceux qui sont là, autour de la table, quelle parole rendra la saveur inoubliable de cette époque, ce temps lointain de leur jeunesse et de leurs espérances ?

Ces mots prononcés par l'un d'eux, peut-être ...

"Ce que j'ai retenu, c'est que le dimanche matin, au casse-croûte, on avait sa petite douzaine d'huîtres. Pour d'autres, c'était un gâteau... C'était un petit plus...".

Oui, ce temps-là, pour eux, ça reste du gâteau !

Le règlement de l'association des constructeurs organisés en coopérative

Contribution de Robert Protteau

Un préambule, qui se veut profession de foi et acte d'engagement des membres associés, précède le règlement intérieur de l'association des Castors.

"Nous nous sommes groupés pour entreprendre de bâtir notre cottage formé de maisons saines et agréables, car elles sont la base essentielle d'un bon équilibre familial, et indispensables à son épanouissement, ainsi qu'à sa dignité.

Nous ne parviendrons à notre but qu'en nous unissant. Nous sommes tous des faibles qui sommes exploités dans notre travail, dans notre maison où nos gosses manquent d'air, nous sommes divisés dans nos idées par ceux qui s'en servent pour assouvir leur ambition personnelle.

Aucun effort ne peut rien contre des faibles qui s'unissent pour une bonne cause, aussi notre Association exige-t-elle un maximum de courage, de discipline et de solidarité.

Celui qui vient parmi nous avec l'idée de bâtir sa maison pour ensuite ignorer les autres n'a rien à faire dans notre Association. Nous ne bâtirons pas chacun notre maison, mais nous bâtirons ensemble "notre Cottage". Nous ne voulons pas davantage de celui qui compte sur les autres ou sur ses moyens financiers pour ne pas se fatiguer. Il faut que chacun donne le maximum jusqu'à ce que toutes les maisons du groupe dont il fait partie soient construites.

Notre intérêt n'est pas de faire qu'un minimum d'heures, mais au contraire à faire le maximum afin que notre cottage soit construit au plus vite. Pour arriver à ce but, nous nous engageons à nous respecter mutuellement et à nous porter assistance quand l'un de nous sera dans l'embarras. Nous ne devons aussi, commettre aucune faute professionnelle ou négligence susceptible de nuire à l'Association ou à l'un de ses membres.

C'est pourquoi nous engageons-nous à accepter le présent règlement, à en observer les règles et à les faire respecter autour de nous.

Les statuts énumèrent les dispositions propres aux associations loi 1901, dont voici l'essentiel :

Les Castors niortais se sont regroupés en association loi 1901 portant le titre "Le Cottage Familial". Cette association a formé une Société Coopérative dont la durée correspond à celle de la construction. L'Assemblée Générale de l'association désigne un Conseil d'administration gestionnaire qui se donne un Bureau (le Comité Directeur selon le règlement intérieur) composé d'un président, vice-président, secrétaire, trésorier et conseiller technique. Le Conseil d'administration peut contracter des emprunts et a tout pouvoir de gestion. Chaque membre de l'association doit une cotisation mensuelle proposée annuellement par le Conseil d'administration. Les décisions sont prises à la majorité et tous les membres de l'association sont tenus de se soumettre aux statuts, règlement et décisions du Conseil d'administration. Toute modification du règlement n'intervient que sur proposition du C.A.. Trois commissions - placées sous contrôle du C.A. - assurent des tâches différentes : "Administration et Finances", "Travaux maisons et lotissements", "Liaison entre tous les sociétaires et Application du règlement".

Dispositions particulières du règlement intérieur du règlement intérieur:

L'article 15 " .. le Comité Directeur s'engage à travailler à l'amélioration matérielle et morale de la vie familiale de telle sorte que chacun des membres en difficulté puisse compter sur une aide effective de la part de tous et bénéficier de la "Caisse de Solidarité et d'entraide" ainsi que le la "Coopérative d'achats" dont les créations sont envisagées."

L'article 18 fixe le quota des heures de travail à fournir (40 heures environ par mois avec, en plus, 120 heures durant les 15 jours de congés payés (!!! ) et indique :"... Les membres du Comité Directeur sont tenus, au même titre que les autres membres, à travailler sur le chantier dans la mesure du possible..."

L'article 22 précise que ... "Le travail sur le chantier est obligatoire tous les dimanches et chaque samedi ou lundi, jour de repos..."

L'article 25 indique que "en cas de maladie ou accident ayant au moins une durée d'un mois, le minimum d'heures sera compté comme si le Sociétaire avait effectué son travail sur le chantier".

L'article 44 évoque le cas de malfaçons constatées : "... Dans de tels cas, les membres du "Cottage familial" s'engagent à collaborer mutuellement et gratuitement aux réparations et réfections nécessaires, même après la période décennale."

Le règlement contient un volet "sanctions" qui peut paraître très sévère.

Ainsi l'exclusion peut sanctionner "le non versement des cotisations mensuelles", "la détérioration volontaire ou non de matériaux et outillages...", "l'état d'ébriété sur le chantier" ou "les comportements ou propos qui découragent et apportent une perturbation dans la cadence du travail".

Des "amendes" d'heures de travail supplémentaire peuvent être exigées de tout castor qui :

- Inscrit comme heures de travail des heures de simples présence

- Laisse traîner ou se perdre des matériaux ou outils

- Ne nettoie pas ou ne participe pas au nettoyage du matériel et outils du chantier".

Ces sanctions peuvent paraître très dures mais il faut noter qu'elles n'étaient applicables qu'après examen attentif du Comité Directeur et que, sur le chantier de Champclairot, aucun problème de ce genre ne fut à déplorer.

Cette discipline de travail n'est sans doute pas étrangère au fait que les différentes phases de ce chantier de quelques quatre années de travail complexe se sont admirablement "emboîtées les unes dans les autres", sans réel contretemps ni désordre.

Ce règlement général se termine par une exhortation à connotation morale qui appelle à la solidarité : "... Il est donc nécessaire, pour que la formule Castor demeure, que tous les membres restent unis dans le bon et le mauvais... Ignorer les autres quand chacun aura sa maison serait vraiment un manque de loyauté envers tous les Sociétaires. Lâcheté et égoïsme ne doivent jamais nous venir en tête. "

"Nous bâtirons notre Cottage, Unis".

Le prix réel des maisons des Castors

En 1953, des maisons neuves et confortables, mais à quel prix ? Contribution de Robert Thébault

Dans les années 50, le projet des Castors s'adresse aux salariés mal logés qui n'ont pas les moyens de s'offrir une maison neuve.

Comment un travailleur au salaire modeste peut-il devenir propriétaire de sa propre maison ? En n'ayant pas à payer la valeur du travail nécessaire à la construction (salaires + plus-value de l'entrepreneur) et en ne payant finalement que les matériaux.

Ceci, au prix d'une somme de travail personnel considérable, à fournir tous les week-ends et congés payés, pendant quelques 4 années et demie (!). Cette condition donne à réfléchir et, on l'a vu, beaucoup des premiers candidats niortais au projet Castors ont finalement renoncé.

Le financement : prime + prêts (au Sous-Comptoir des Entrepreneurs).

La prime d'abord : une prime annuelle à la construction de 750 F (courant sur 20 années) est accordée à la production du certificat de conformité.

A la fin de la construction des 45 maisons Castors les prêts consentis par le Sous-Comptoir des Entrepreneurs s'élèveront à 548 000 F.

A Champclairot, le chantier des 45 maisons a coûté :

La valeur du travail fourni gratuitement par chaque propriétaire (calculé par M. Bled) : 166 500 heures de travail (pendant 4 1/2 ans) à 3 F de l'heure, soit 499 500 F

Le montant des prêts du Sous-comptoir : 580.000F.

La valeur vénale de la construction globale est donc 548.000F + 499.500F = 1.047.500 F.

En conséquence, voici le prix moyen de chaque maison : 1.047.500F / 45 = 23.300 F

Le 13 janvier 1961, chaque propriétaire de maison doit donc contribuer (pour sa part) au remboursement du prêt consenti globalement par le Sous- Comptoir des Entrepreneurs à la société H.L.M. (les Castors Niortais) et qui représente, en fait, la valeur des matériaux et des dépenses de fonctionnement.

Pour ce remboursement individualisé, il fut tenu compte des éléments suivants :

une majoration est appliquée pour les améliorations effectuées à titre personnel (chauffage)

des intérêts sont à payer au Sous-Comptoir à titre individuel pendant 13 ans, qu'on peut estimer à 6 000F

Exemple du prix de revient réel pour chaque constructeur :

Prix moyen d'une maison : 23.300 F + 6 000 F = 29.300 F Somme de laquelle il faut soustraire : La prime restant à courir au 1er fév.1961 (750 F x 13 ans = 9.750 F) et la valeur des heures de travail cumulées par maison : 11.100 F.

soit à soustraire du prix de la maison : 20.850 F

En fait, le prix de revient moyen réel de la maison s'élève, pour chaque travailleur, à  : 29.300 F - 20.850 F = 8450 F, somme qu'il avait à rembourser sur 13 ans, soit 54 F par mois.

On croit rêver !!!

"Le Cottage Familial Castors Niortais"

Liste des 45 premiers habitants, souscripteurs à l'association.

LORET Georges

JODET Paul

THEBAULT Robert

LARIGNON Marcel

FLEURIT Roger

VIJOU Robert

GOUDEAU Antonin

FAZILLEAU Robert

PAQUET André

MEUNIER André

CHARTIER Roger

TEXIER André

GOIMARD Jean

GRAVELEAU André

MIGAULT André

GOURAUD Jacques

RENAUDEAU Henri

BOUTIN Georges

DAROUX Michel

CHATEAU Jean

MARTIN Roger

LOUIS COLIAT Henri

BARBOTIN Pierre

BARBOTIN M

PROTTEAU Robert

JOSSE Jean

CHARTRE André

MARIE Guy

JEHIN Francis

HERVE André

FOUQUET Pierre

DAROUX Guy

BRIFFAUD Raoul

BRAUD Maurice

GALAND Aimé

BESSEYRE Lucien

FAGOT Joseph

BEGOUIN Roger

COURREE André

CREMAULT André

BARBAREAU

BERGERON Henri

BLED André

GRANIER Denis

MARTINEZ Jésus

Un bâtiment collectif d'appartements (Allée des volubilis) : le bâtiment de "l'Avenir"

"Le bâtiment de l'Avenir". C'est ainsi qu'est nommé (un peu abusivement) ce collectif de 12 logements, édifié au cœur du quartier. Si, à l'origine, ce bâtiment était un projet de la coopérative de production "L'Avenir des Charpentiers", il fut en fait mené à son terme par 12 couples de jeunes gens essentiellement liés à deux entreprises - 6 salariés de l'Avenir et 6 employés de l'hôpital de Niort.

Qu'est-ce qui reliait ces 12 futurs constructeurs ? Les Auberges de Jeunesse qui, pour certains d'entre eux (c'étaient sans doute les initiateurs du projet) avaient été le cadre de leur adolescence pendant et après la guerre, et dont l'esprit (on pourrait dire l'idéologie) continuait de marquer leur mentalité. Cet attachement à l'action sociale et collective n'avait d'ailleurs pas été étranger à la fondation de l'Avenir, une importante entreprise de menuiserie qui devint, à l'époque, une référence dans le domaine des coopératives ouvrières.

Comme chez les Castors, nous retrouvons, dans le règlement intérieur de l'association créée pour l'occasion et dénommée "L'Habitation collective", les éléments essentiels de cet esprit coopératif  : à savoir l'entraide et la contribution égale et sans distinction, de tous membres aux tâches qu'il allait falloir exécuter pour mener à son terme la construction d'un bâtiment collectif d'une douzaine de logements.

La conception, les plans, conçus collectivement par les futurs habitants, avaient été élaborés par Henry Boreau qui note : "Il est inutile de préciser que tous les intervenants étaient motivés par un esprit d'équipe politiquement progressiste. Tous militaient soit dans un syndicat, soit dans une structure gauchiste ou libertaire ..."

Quelle est l'originalité du projet ? Sans doute ce souci de réaliser un logement social.

Social, non pas compris comme devant être "à bon marché", mais social dans le sens le plus élevé du terme, c'est à dire socialement valorisant.

C'est ainsi qu'était prévu, dans le bâtiment, outre les 12 logements, un vaste espace collectif réservé aux jeux des enfants - espace qui devait abriter une bibliothèque, une salle de réunions, et des vestiaires donnant directement sur un terrain de sports. De même, les initiateurs eurent toujours le souci de réaliser, dans les limites de leurs possibilités budgétaires et des contraintes liées à l'attribution des crédits et des primes, un habitat de qualité : vaste, aéré, très bien isolé phoniquement et thermiquement, et d'un niveau général de confort et de qualité qui dépassait les normes des logements réservés aux travailleurs, à cette époque.

Pour ceux qui en étaient à l'origine (les hommes, mais aussi leurs épouses) et qui restaient pénétrés de leur idéal "ajiste" de solidarité ouvrière et de progrès social collectif, ce projet était sans doute leur façon d'affirmer et de réaliser concrètement leurs convictions sociales et d'y associer leurs camarades de travail...

Cette empreinte ouvrière s'exprime aussi dans le fait que, sur ce chantier, les femmes (tout au moins celles qui n'étaient pas accaparées par les enfants, ou qui pouvaient avoir fréquenté ce milieu jeune si particulier des "Auberges", un milieu volontiers frondeur et libertaire) participaient à part entière à l'œuvre collective. Elles pouvaient, si elles le voulaient, manier le marteau, la truelle et le burin, sans complexe... et sans discrimination.

Un autre trait particulier : l'équipe des constructeurs, composée des gars de l'Avenir et des employés des services techniques de l'hôpital, offrait toute la gamme des professionnels du bâtiment que réclame toute oeuvre de construction. Outre que chacun était fort capable d'apprendre et de s'adapter à n'importe quelle tâche, ils apportaient quand même, chacun à sa manière, la qualité professionnelle dans les domaines les plus décisifs - y compris dans la direction générale du chantier qui était de la responsabilité de Boreau, le "PDG" de l'Avenir.

Toutefois il reste qu'à l'époque, ouvrier qualifié ou non, les fondations se creusent, les tranchées s'allongent, pas à pas, à coups de pioche, au prix d'un effort personnel qui est comme le tribu obligé versé par le "pauvre prolétaire" à un rêve bien ambitieux, et même un peu fou...

Même si le gros-œuvre des murs et des planchers de béton de l'édifice (3 étages au-dessus des garages) fut effectué par une entreprise, il restait à fournir un travail énorme. Cela dura pendant plus de trois ans, tous les week-ends, congés compris, et même quelquefois le soir, après la journée de travail.

Les acteurs de l'aventure méritent bien qu'on les présente : Boreau, coordinateur et chargé des relations avec l'extérieur.

Jousselin, comptable et gestionnaire

Belot, Guichard-Boutin, charpentiers

Dupuis, Morisson, menuisiers

Papin, électricien

Noël, Pairault, Freland , plombiers zingueurs

Boutin, serrurier.

Courrée, plombier-zingueur.

Finalement, affirment aujourd'hui Dupuis et Papin (les derniers représentants dans l'immeuble de cette équipe initiale) on livra ponctuellement tous les appartements, au fur et à mesure de leur finition.

Et ils ajoutent avec un sourire entendu... "C'était à chaque fois l'occasion d'une petite fête offerte par le "récipiendaire". Alors, précisent-ils, la dive bouteille circulant d'un travailleur à l'autre, une légère ivresse pouvait parfois envahir les convives... non pas de cette ivresse vulgaire qui vous dégrade, mais de celle qui vous vient quand vous êtes heureux, quand vous vous sentez pénétré de ce fier sentiment du devoir accompli, et bien accompli, en compagnie d'honnêtes et bons travailleurs..".

Un autre chantier coopératif : "L'autoconstruction"

A Champclairot, l'association "Autoconstruction" a édifié 14 maisons.

En 1954, quatorze candidats à la construction se sont en effet associés pour mener à bien un projet qui ne manquait pas d'audace : construire 14 maisons de la façon la plus économique possible, c'est à dire par le travail collectif et l'entraide. A la différence des Castors, il avait été convenu que le gros-œuvre (c'est à dire la grosse maçonnerie) serait réalisé par un entrepreneur.

M. Blo raconte : "A l'époque, quelques maisons de l'association, qui regroupait de nombreux cheminots comme moi, étaient déjà sorties de terre.

Un espace appartenant à la ville était encore disponible, mais il était entendu qu'il devait contenir 6 parcelles. Un jour, on est venu me voir pour m'expliquer qu'il manquait un candidat pour l'achat de la sixième parcelle et qu'il fallait absolument trouver quelqu'un, sinon l'affaire ne se faisait pas.

Après réflexion, j'ai finalement accepté de faire le sixième et j'ai adhéré à l'association.

En 1955, je me suis donc intégré à une équipe de travailleurs qui allaient consacrer tous leurs temps libres (c'est à dire tous les week-ends et les congés) au chantier. A part le gros-œuvre (les murs essentiellement) nous avons tout fait par nous-mêmes : les fondations, les puisards, les raccordements. Puis les couvertures - entendez la charpente, et les toits de tuiles - les cloisons intérieures, les portes et les fenêtres, la plomberie, le sanitaire, l'électricité, les peintures, et puis les entourages, portails et grillages etc...

Pour la mémoire, je peux vous donner le nom de constructeurs de nos 14 maisons.

Il y avait Noël, Souchard, Bardeau, Mounier, Pougnand, Guérin, Blo, Pelin, Albert, Métivier (ce sont les cheminots du groupe), puis Bénatier, Gauffreau, Lapique et Dupuis. Nous étions donc 10 cheminots sur les 14 membres de l'équipe, tous travaillant dans des services techniques, à l'entretien de la SNCF ... de sorte que nous étions des ouvriers capables de nous adapter à beaucoup de tâches différentes de type professionnel. C'est pourquoi nous avons donc pu assurer par nous-mêmes tous les travaux que réclame toute construction de maisons modernes.

Cela ne veut pas dire que ce chantier se fit sans peine, car creuser des fondations, installer des fosses, monter des tuiles (1600 pour une maison jumelée en un week-end !) et réaliser tous les équipements intérieurs des maisons (sauf le plâtre !) nous ont demandé de la persévérance et du travail, beaucoup de travail. Sans compter qu'en plus de l'achat des matériaux, il nous fallait (chacun pour sa part) gérer son budget, s'occuper des emprunts etc...

Je me souviens encore de la réaction "mitigée" de mon épouse quand, l'engagement pris, je lui ai montré la parcelle qui m'avait été attribuée, un terrain tout en pente où il paraissait proprement déraisonnable de construire une maison. Finalement j'ai aplani ce terrain grâce à la construction d'un long mur de pierres (63 mètres, s'il vous plait et monté à la main) qui fait comme un contrefort.

Nous avons ainsi travaillé sans relâche pendant deux ans et demi et construit des maisons qui, à l'époque étaient des logements avec le confort moderne, des maisons solides qui font encore très bonne figure, aujourd'hui.

Avec mon épouse, on a vu l'environnement changer assez rapidement dans ce coin qui, au départ, était si calme et si désert. Peu à peu, avec tous ces chantiers en cours, le grand espace qui s'étend entre la route de Limoges et la voie ferrée a perdu de son caractère campagnard. Les chemins caillouteux sont devenus des rues, les pièces de terres herbues, des jardinets ou des places publiques.

Puis, tout près de notre lotissement, ont été édifiés un peu plus tard les premiers bâtiments collectifs HLM, et alors le quartier est devenu un quartier très peuplé, vivant et animé, avec une ribambelle de gamins, une école, une place centrale, des commerces, une Maison pour Tous... Un quartier comme les autres, en somme. Et pourtant, sa venue au monde ne fut pas ordinaire !

C'est plus calme, aujourd'hui, en 1999.

Depuis maintenant 42 ans, j'habite toujours la maison que j'ai construite de mes mains."

Quelque chose naît et prend forme...

L'espace se peuple et s'anime. Des commerces s'installent...

Le journal local a repéré deux personnages (des pionniers !) emblématiques du quartier.

Mme Chauvet confirme les propos de M. Lavoix, son père :

"La fête annuelle que nous organisions se tenait dans le pré, juste derrière l'épicerie-bar. J'avais 15 ans et j'attendais la fête avec impatience. Une fête qui durait deux jours, avec son bal sous tivoli, ses loteries, ses tirs et ses jeux. Je me souviens d'une certaine pêche aux canards qui eut un gros succès. On savait s'amuser simplement, en ce temps-là. Tout le monde se connaissait, se rendait service à l'occasion. On partageait les joies et les peines de chacun. Retrouverons-nous cette façon de vivre du temps passé ?

Mme Moreau se souvient aussi :

"Un jour (ce devait être en 1956) quelqu'un eut l'idée de faire une Commune-libre, comme il en existait dans le Quartier-Nord ou le Quartier de la Paix. Les gens ont élu un maire - ce fut M. Pain - et un garde-champêtre - mon mari ! Cette association s'était donné pour but d'organiser des festivités : Election de "Miss Champclairot" et de ses dauphines, défilés de chars, cortèges d'enfants déguisés. Un jour, on est parti de La Brèche en cortège emmené par la fanfare (car M. Fazilleau, le trompette de Ville, avait son fils dans le quartier) pour venir jusqu'ici. A chaque carrefour, on faisait un arrêt et les enfants déguisés exécutaient une danse qu'on leur avait apprise. Les fêtes se terminaient par un bal sous un tivoli monté dans le "Champ Cabana"... Ah ! on peut dire que j'ai dansé, dans ce temps-là ...

Pierre Dussous (l'un des premiers habitants du quartier) a des souvenirs d'un autre ordre : "Vous voyez cette rue de Champclairot ? Eh bien, c'était un chemin de terre bordé de murs de pierres sèches. En face, il n'y avait que prés et petits clos, jusqu'au-delà du chemin de fer, jusqu'à Souché en somme. C'était une vraie campagne avec, sur une butte, une ferme dont il reste des bâtiments (maintenant rénovés) en haut de la rue Villechanoux. Pour le bon air sans doute, un curé menait parfois des enfants dans un pré, juste en face de chez moi. C'était probablement un patronage. Je regrette les tilleuls qui bordaient ce pré".

Michel Daroux le connait bien, ce pré, puisqu'il faisait partie de la bande des gamins qui venaient autrefois y gambader. A cette époque, il ne savait pas que, devenu grand et chef de famille, il y batifolerait à nouveau vingt ans plus tard. C'est qu'en effet, à l'occasion de quelque "pont" de trois jours, (une aubaine !) il arriva que nos bâtisseurs organisent, sur un bout de prairie, une partie de football, histoire de s'accorder quelques heures de détente...

L'évocation de ce paysage rustique inspire Marcel Larignon qui se souvient encore du tableau bucolique que faisaient, dans les champs de Fleurelle tout proches, des moissonneurs vaquant tranquillement à leur besogne agricole, tandis que lui-même (avec ses petits camarades) empilait des parpaings.

Une ultime réflexion pour finir...

Tous ces bâtisseurs du dimanche, ces faiseurs de maisons plantées au milieu des champs ou au bord des chemins poudreux, comprenaient-ils qu'ils façonnaient aussi - de leurs propres mains - un nouveau paysage ?

Oui, certainement ! Ceux des Castors, de l'Avenir et de l'Autoconstruction savaient qu'ils allaient faire de ce coin de campagne toute simple, indolente et un peu endormie, un quartier bien à eux, vivant, fleuri et plein d'enfants !

Dés la fin des années cinquante, on peut dire que "Ies jeux sont, faits" : l'espace ancien des prés et des clos est presque totalement occupé par des habitations entourées de leurs petits jardins. Aux maisonnettes et logements H.L.M. et aux habitations édifiées collectivement, sont venus s'ajouter des pavillons individuels qui s'intègrent heureusement au nouveau paysage. Au cœur de ce territoire, on peut voir une belle place aérée avec la Maison .pour Tous (domaine privilégié des enfants) et la Résidence des personnes âgées. Quand le vent s'y prête, on entend parfois, venue de l'avenue de Limoges, la rumeur de la circulation automobile. Placettes et rues portent des noms de fleurs.

Le tout oscille entre la ville et le quartier paisible.

Ainsi se termine le récit de la naissance du quartier de Champclairot, une enquête coordonnée par Jean Maquart.