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Fortunée Briquet, femme de lettres

De WikiNiort
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Fabienne Briquet, portrait, 1804. Publié dans le Dictionnaire...
Fabienne Briquet, portrait, 1804. Publié dans le Dictionnaire... Œuvre de Marie-Thérèse de Noireterre et de Charles-Etienne Gaucher

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Quelques repères biographiques

Marguerite-Ursule-Fortunée Fortunée Bernier naît à Niort le 16 juin 1782. Son père est greffier en chef à la mairie de Niort et au tribunal consulaire. Elle reçoit une éducation libérale dans une ville où règne un certain climat d’effervescence intellectuelle et où l’on compte une bibliothèque depuis 1772.

A l’âge de 15 ans elle épouse Hilaire-Alexandre Briquet de dix-huit ans son aîné. Celui-ci a d’abord été ecclésiastique, professeur au collège de Poitiers. Puis, après avoir prêté le serment constitutionnel, il devient vicaire de l’évêque constitutionnel de Poitiers. Une fois défroqué il rejoint Niort où il est nommé professeur de belles-lettres à l’École centrale qui vient d’ouvrir, en 1796.

Un enfant naît de cette union le 6 octobre 1800 : Apollin. Celui-ci sera, de 1836 à 1847 archiviste -à titre gracieux- de la ville de Niort.

Fortunée Briquet divorce en 1808.

Après avoir fréquenté le milieu littéraire et scientifique parisien pendant quelques années, elle retourne à Niort où elle décède le 14 mai 1815, à l’âge de 33 ans.

Ses premières publications

Hilaire-Alexandre Briquet prend en charge vigoureusement l’éducation de sa jeune épouse. Celle-ci est admise comme auditrice libre à l’École centrale.

Dès 1798 il lui permet de publier quelques-unes de ses œuvres dans L’Almanach des muses de l’École centrale des Deux-Sèvres qu’il finance lui-même, et qui est destiné à « faire paraître des productions littéraires » de ses élèves. Fortunée va pouvoir y montrer sa grande érudition doublée de rigueur scientifique : outre quelques vers et épigrammes, on y trouve un calendrier républicain qui reprend le principe de celui de Fabre d’Eglantine, et où à chaque jour était attribué une plante, un animal, etc. Hilaire-Alexandre Briquet présente la réalisation de son épouse : « La citoyenne Briquet, élève du citoyen Jozeau, Professeur d’histoire naturelle, a fourni à l’éditeur de l’Almanach des Muses, les articles de botanique et de minéralogie qui sont joints à l’annuaire. Elle a observé, le temps approximatif de leur floraison, en y ajoutant le nom de la classe et de l’ordre du système de Linné. Quant aux minéraux, elles les a classés suivant l’ordre déterminé par Daubenton. »

Calendrier répubiicain (extrait) réalisé par Fabienne Briquet, 1798
Calendrier républicain (extrait) réalisé par Fabienne Briquet, 1798
Calendrier républicain (extrait) réalisé par Fabienne Briquet, 1799
Calendrier républicain (extrait) réalisé par Fabienne Briquet, 1799

Dans l’édition de 1799 de l’Almanach… elle publie un autre calendrier. Cette fois-ci, un nom de Française célèbre avec la précision du domaine qui a fait sa renommée est attribué à chaque jour de l’année. Cette publication préfigure celle de son Dictionnaire historique, littéraire et biographique des Françaises et étrangères naturalisées en France.

Fortunée Briquet, poétesse

Après l’expérience des almanachs, Fortunée Briquet s’essaie à la poésie avec la publication d’Odes imprimées à Paris et qui consacrent son appartenance à la Société des Belles lettres de Paris . En 1801, c’est l’Ode sur les vertus civiles en 1801. Un an plus tard Fortunée Briquet fait l’éloge du géologue Dolomieu en publiant Ode sur la mort de Dolomieu et en 1803, lOde à Lebrun. Cela lui vaut une certaine notoriété, comme le précise Eric Surget : « Plusieurs de ces poèmes de circonstance furent même traduits en italien, en allemand, en anglais. »

Le Dictionnaire historique, littéraire et biographique des Françaises et étrangères naturalisées en France

C’est cette œuvre qui fera passer Fortunée Briquet à la postérité.

A l’époque où la publication des dictionnaires est à la mode, et surtout conçue comme un moyen pratique de vulgarisation des savoirs, celui de Fortunée Briquet est publié à Paris en 1804. Il est « dédié au Premier Consul », alors qu’avant le Consulat Fortunée Briquet manifestait des opinions républicaines.

Concrètement, ce dictionnaire recense des notices biographiques et bibliographiques consacrées à 564 femmes «connues pour leurs écrits, ou la protection qu’elles ont accordées aux gens de lettres » comme elle le précise elle-même. 7% des femmes appartiennent au Moyen Âge, 12 % à la Renaissance, 27,5 % au XVIIe et 52,5 % au XVIIIe (Nicole Pellegrin).

Ces notices sont de longueur variable, beaucoup sont de simples compilations.

Cette publication s’inscrit dans un mouvement de « poussée des femmes » (Nicole Pellegrin) en liaison avec la période révolutionnaire. Mais ceci dans un contexte d’hostilité que devront affronter par la suite les écrivaines du XIXe. Le pamphlétaire Sylvain Maréchal n’hésite pas à publier le texte « Projet de loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes » en 1801. En 1889 lors de la critique du dictionnaire de Fortunée Briquet, Henri Clouzot « sous la signature facétieuse de Plick », écrit : « O petites femmes, laissez à l’homme le travail inquiet de la pensée, la poursuite souvent vaine de l’idée attirante et insaisissable (…) soyez douces, aimantes, jolies si vous pouvez et vous deviendrez ainsi notre amour et notre consolation dans le dur labeur de la vie. » (Eric Surget)

La notoriété actuelle de Fortunée Briquet apporte un cinglant démenti à cette manifestation de sexisme.

Sources

Pellegrin N. (2018) Une poétesse niortaise, Fortunée Btiquet (1782-1815). Conférence aux archives de la Vienne. Vidéo.

Courant D (dir.) (2014). Histoire de Niort, Geste éditions, 2 tomes

Page : Jean-Michel Bernar