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Murs en pierre sèche et carrières de Souché

De WikiNiort


Une composante paysagère de Souché

Les murs de pierres sèches constituent une des caractéristiques paysagères de Souché.

Les champs, les jardins sont séparés par ces murs dont la taille pouvait varier de 1 à 2 mètres.
Remembrement de 1962 (Extrait NR 1962).

Remembrement à Souché en 1962

  • En 1956, Camille Richard, nouveau maire de Souché, lance l’idée et l’étude de la possibilité du «  remembrement  » de la campagne souchéenne.
À cette époque, l’évolution des techniques de culture dans la campagne des Deux-Sèvres et le besoin de produire plus, laisse apparaître la nécessité de remodeler la campagne.
  • En 1962, Louis Bonneau est président de la commission de remembrement, Camille Richard est maire de Souché.
Le géomètre expert, M. Patout va ainsi permettre l’échange de petites parcelles dispersées, par des grandes parcelles après regroupement...
Le conducteur du chantier est M. Mineur de l’entreprise Gilot qui réalise les travaux au moyen de bulldozers.
  • Sur Souché, 18 Kms de murs et de haies vont ainsi disparaître en 1962.
Regrouper les parcelles, les agrandir en supprimant le murs de clôtures de pierres sèches paraît être une solution à l’optimisation de l’exploitation des terres cultivables.
Il faut convaincre les propriétaires car un échange des terres pour la reconfiguration ne se fait pas sans poser quelques problèmes.
Eugène Martin, cultivateur à Souché, a 50 ans en 1962, il possédait 41 parcelles, après le remembrement, il retrouve la même surface en 4 grandes parcelles.
La phase de l’œuvre de remembrement va durer 6 mois et coûter approximativement 200 000 Francs en 1962 (300 000 €).
On ne peut pas juger les choix de nos anciens, faits dans l’urgence de l’après guerre, sans se remettre dans le contexte de cette époque.
Une attitude plus mesurée et moins systématique aurait, certes, permis de conserver une plus grande partie de ce patrimoine de plusieurs siècles...

La technique de construction

Les murs de pierres sèches comme leur nom l’indique sont montés exclusivement en pierres calcaires issus du sous-sol sans liant quelconque.

La technique de construction repose sur la juxtaposition de pierres de taille moyenne grossièrement mises en forme de part et d’autre du mur.
La beauté de ces murs provient du choix de la face la plus régulière pour être visible. Les plus beaux murs font apparaître des rangées bien parallèles de pierres.

Leur élévation est ensuite consolidée par deux moyens :

1 -les interstices entre les pierres étaient comblés par de petites pierres issues de la taille des pierres de façade,
2 -des plus grosses pierres placées de façon perpendiculaire au mur constituent des « clés » de stabilisation.

Les ennemis des murs de pierres sèches

La végétation et le gel sont les deux principaux ennemis des murs de pierres sèches.

Le lierre en particulier avec ses racines envahissantes déstabilise les constructions et provoque des éboulements.
De même, le gel en faisant éclater les pierres fragilise ces murs.
Par ailleurs ces murs servaient fréquemment dans la zone de la vallée du Lambon à retenir la terre du fief supérieur.
Les racines des haies de ces fiefs supérieurs ou le poids d’une terre surchargée d’eau provoquent des gonflements des murs fréquemment visibles.

Une reconstruction aisée :

-La technique même de construction rend aisée la restauration des murs éboulés.
-La technique traditionnelle consiste à ne pas utiliser de liant contrairement à certains travaux récents de reconstruction faisant appel à l’usage de ciment.

Les carrières de Souché

Les pierres utilisées pour la construction des murs mais également des maisons étaient issues du sous-sol du village lui-même.

Plusieurs agriculteurs exerçaient d'ailleurs en parallèle le métier de carrier.
On retrouve dans de nombreux jardins ces anciennes carrières généralement de faibles tailles (des surfaces de moins d’une dizaine de mètres carrés et une hauteur d’homme).
Les anciens mettaient à profit les veines de pierre tout en laissant une voute naturelle que l’on retrouve à moins d’un mètre de la surface du sol.
La pierre de Souché est un calcaire appartenant à l'étage bathonien du jurassique moyen. Ce calcaire s'est formé il y a 167 millions d'années.
Les constructions nouvelles ou les travaux de viabilisation (tranchées pour la circulation de l’eau, du tout à l’égout) provoquent fréquemment l’éventrement de ces carrières et leur comblement.
Les anciens n’hésitaient pas à construire au dessus de ces carrières en faisant supporter les murs des constructions par une voute maçonnée.
À titre d'exemple, la pierre de Souché constitue la principale matière première de l'église Notre-Dame et de l'église Saint-Etienne du Port.
Il en va de même pour l'ancien lycée de jeunes filles devenu depuis le musée d'Agesci.
Les carrières de Souché ont continué à fonctionner jusqu'à la première moitié du XX° siècle (carrière de Balmalaise).
L'ouvrage "Promenade géologique à Niort", de Patrick Branger présente une intéressante exploration du monde des matériaux utilisés à Niort.

Anecdote sur une grève de 1908

Le lundi 17 février 1908, débute une grève des "ouvriers de la pierre" à Niort et les communes environnantes qui se termine, après négociations, le mardi 25 février..

Cet arrêt de travail fut très suivi par les 250 ouvriers de la pierre.
Le 24 février une délégation pour négociations est menée par :
- Représentant les patrons : MM Metz, Faucher, Pougnand (Niort), Papot (Souché),
- Représentant le ouvriers : Eugène Brunet, Henri Pouvreau, Émile Pairault, Alexis Bonnin et Gustave Valentin. Ces discussions de plus de 10 h ont permis d’obtenir :
- 10 % d'augmentation de salaire aux ouvriers des carrières et 20 % aux ouvriers des chantiers...
- La journée de travail est fixée à 10 h avec faculté d’en faire 11 pour les ouvriers des carrières.

Le Donjon construit avec des pierres de Souché

Les pierres provenant des carrières de Souché étaient de bien de meilleure qualité que celles provenant des carrières du Bas-Sablonnier.
Les historiens s'interrogent sur leur utilisation éventuelle dans la construction du Donjon de Niort en complément de celles du Bas-Sablonnier.

Sources

  • " Promenade géologique à Niort " (Patrick Branger).
  • NR octobre 1962 (Remembrement JMD).
  • Mémorial de l'Ouest 1908.
  • wiki-Niort.