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NOUVELLES GALERIES : Galeries Parisiennes et Bazar Niortais réunis

De WikiNiort

Article en construction 13 février 2021

Transformation de l’architecture de la rue Victor Hugo

L'inauguration en 1906, attire de nombreux Niortais et des habitants des environs.

Le début du XXe siècle fut la période de reconstruction dans le centre de Niort, selon une architecture moderne inspirée de l’Architecture Haussmannienne Parisienne.

En décembre 1905, une énorme trouée attire la curiosité des niortais.
Les maisons basses et souvent anciennes comprises entre les rues Victor Hugo, rue du Pilori et rue du Faisan ont été démolies.
La démolition fut réalisée par l’entreprise Charles Metz (1856-1930), 46 rue Voltaire à Niort.
Des substructions de maisons du XVIe siècle apparaissent dans les décombres.
Une des maisons situé au 6, rue du Pilori (1) datait du milieu du XVIe.
Cette maison fut, selon les historiens de l’époque le siège de la juridiction consulaire instituée par Charles IX lors de son passage à Niort.
Quatre médaillons sculptés et plusieurs pierres écussonnées ou armoriées y furent découverts.
Une pierre blasonnée et gravée sur le cartouche à la date de 1588, fut aussi découverte.
Cette pierre portait des inscriptions qui sont celles de Sébastien Gorrin, seigneur de Salles et de Pousay, échevin de la commune, premier juge des consuls, élu par le roi Charles IX.
(1) Cette maison était habitée en 1901 par Aristide Lemercier, imprimeur.
Réclane de 1906 (Extrait MDS).

Inauguration des Nouvelles Galeries

La construction des Nouvelles Galeries date de 1906, l’inauguration du Magasin eut lieu le 30 septembre 1906.

Construit comme un Palais du commerce, ce magasin affiche sa réclame sans ambiguïté :
À qualité égale ; prix inférieur - À prix égal : qualité supérieure...
Ce nouveau et grandiose magasin, résolument moderne, permet au public d’admirer du dehors les étalages de marchandises par d’immenses baies ouvertes sur la rue.
La date de cette inauguration correspond à la tenue des Célèbres Fêtes Niortaises et du Concours Agricole qui se sont déroulés les 30 septembre et 1er octobre 1906.
Cette fête eut un grand succès auprès des niortais et des habitants des communes alentours avec de nombreux paysans intéressés par le Concours Agricole.
Les rues furent illuminées, tout particulièrement, la rue Ricard, la rue Victor Hugo, place des Halles...
Plusieurs milliers de personnes suivirent les animations joyeuses : retraite aux flambeaux, fanfares etc…

En avril 1919, afin de lutter contre la vie chère, les Nouvelles Galeries installent un rayon d'alimentation.

À partir du 1er septembre 1919, la "Taxe de Luxe" est imposée aux grands magasins, les Nouvelles Galeries prennent à leur charge cette taxe.

Témoignage de deux amis

En 1906, deux amis de Saint-Liguaire, Jacques et Pierre, se rencontrent à la foire de Niort du jeudi suivant l’inauguration, devant le Grand Magasins des Nouvelles Galeries qui vient d’ouvrir.

  • Jacques découvre pour la première fois ce magasin et un dialogue, en patois, s’installe :
Jacques : - Dis donc, Pierrot, qu'éto thio bia magasin vour qu'ola tant de monde de rassembié ?
Pierre : - Comment, te ne sais pas ce qu'olé ? Eh ben, y m'en va t’o dire : tu as bé connu dans le temps le bazar Chapeau ?
Jacques : - Oui ben, y m'en souvint, y'allions teurjou chez li faire nos empiettes. 0 l’était un boune homme, o faisait bia à avouère affaire à li.
Pierre : - Eh ben ! o lé thio bia magasin qui l'a remplacé. 0 s'appelle pu un bazar, o s'appelle les Nouvelles Galeries.
Jacques : - Qu'éto dont qui dirige thié Galeries, Pierrot ?
Pierre : - 0 lé justement M. Chapeau (2) qu'est le Directeur. 0 lé un boune homme, y to promet.
Jacques : - Est-il tout seul, pour diriger tout thio parsonnel ?
Pierre : - Oh non, o la avec li un Sous-Directeur (3), ben aimable, ma foué, à qui o fait bon à parler.
Y l'avons vu à la pêche à Saint-Liguaire, thiette année. O lé li, jeudi, qui m'a fait entrer et qui m'a fait vouère où qu'a fallait qui m'adresse. Y'avais besoin de combé d'articles.
Y'ai d'abord acheté dos bots varnis ; sais-tu combé ? 49 sous, ce que le vendont chez nous 4 francs dix sous. Y’ai ach'té, après thieu, dos thiulottes, que y'ai payé 4 francs et dix-neuf Sous, ce que les marchands de chez nous vendont 7 à 8 francs.
Avec, y'ai ach'té une casquette pere 19 Sous, ce qui vaut pertout 40 à 45 Sous.
Enfin, y te dit, o lé queuque chouse d'étounant. Te trouve de tout, là-dedans, depuis A jusqu'à Z, et à dos prix incroyables de bon marché. Te trouve de la vaisselle, de la quincaillerie, dos amusements pour les drôles, o y'en a, y to promets ; tout le haut en est garni.
Ce qui m'a le meu amusé, o lé thié musiques que l'appelont dos phonographe, y'o cret, qui causont, qui riont, qui vous racontont dos calembours à vous coper en deux le ventre de rire.
Jacques : - Eh ben, mon ami Pierrot, y te remercie ben, y suis ben content do savouère. Pas pu tard que de souère, y va o dire à ma boune femme, et, dès jeudi qui vint, y vindront tous deux faire dos empiettes. 0 nous faut tout un tas d'affouères, y'os achèteront tout aux Nouvelles Galeries Parisiennes.
- Allons, à revouère, Pierrot, merci de tes bins conseils.
Pierre : - Au piaisi Jacques, et bonjour à ta femme de ma part...
- Dis donc, Pierrot, quel est donc ce beau magasin où tant de monde est rassemblé ?
- Comment tu ne sais pas ce que c’est ? Eh bien je vais te le dire : tu as bien connu autrefois le bazar Chapeau ?
- Oui, je m’en souviens, nous allions toujours chez lui faire nos emplettes. C’était une bonne personne, c’était bien d’avoir affaire à lui.
- Eh bien ! C’est ce beau magasin qui l’a remplacé, ce n ‘est plus un bazar, cela s’appelle les Nouvelles Galeries.
- Qui dirige ces Galeries, Pierre ?
- C’est justement M. Chapeau qui est le directeur (2). C’est une bonne personne, je te le promets.
- Est-il tout seul pour diriger tout ce personnel ?
- Oh non, il a un Sous-Directeur (3) avec lui, bien aimable, ma foi, avec qui on peut facilement parler.
Nous l’avons vu à la pêche à Saint-Liguaire cette année. C’est lui, jeudi, qui nous a fait entrer et qui a fait voir celui à qui il fallait s’adresser. J’avais besoin d’acheter de nombreux articles.
J’ai d’abord acheté deux sabots vernis ; sais-tu combien ? 49 Sous, alors qu’ils sont vendus 4 F 10 Sous chez nous. J’ai acheté aussi deux pantalons que j’ai payé 4 F et 19 Sous, ce que j’aurais payé 7 à 8 F chez nous.
J’ai acheté en plus une casquette pour 19 Sous, elle vaut partout 40 à 45 Sous.
Enfin, je te dis que c’est quelque chose d’étonnant. On trouve de tout dans ce magasin, et à des prix incroyablement bon marché.
On trouve de la vaisselle, de la quincaillerie, des jouets pour les enfants, dans tout les étages du magasin.
Ce qui m’a le plus étonné, ce sont les musiques émises par ce qu’on appelle des phonographes, je crois, qui parlent, rient, racontent des calembours à vous faire rire aux éclats.
- Eh bien, mon ami Pierrot, je te remercie bien, je suis bien content de savoir ce que tu trouves dans ce magasin. Ce soir, je vais le dire à ma femme, et, dès jeudi qui vient, nous viendrons tous deux faire des emplettes. Nous avons besoin de beaucoup d'affaires, Nous achèteront tout cela aux Nouvelles Galeries Parisiennes.
- Allons, à bientôt, Pierrot, merci de tes bons conseils.
- Au plaisir Jacques, et bonjour à ta femme de ma part...
(2) Le directeur est Octave Chapeau (1865-1938), il réside avec son épouse Emma au 36 de la rue de Ribray.
En 1896, Octave Chapeau, son épouse Emma, leur fils Louis, trois employés et deux domestiques habitent aux N° 47 et 49 de la rue Victor Hugo, ils possèdent un Bazar.
Octave Chapeau a succédé à son père Pierre, négociant a cette même adresse en 1891.
En 1893, Octave Chapeau avait formé avec son frère Jean une société pour l’exploitation de bazars sous la raison : "Chapeau-Frères" au 47, rue Victor Hugo.
En 1896, le N° 51 était occupé par Michel Rougier, marchand de chaussures.
(3) Le sous directeur est son propre cousin Émile Poupart.
En 1926, c’est Émile Poupard qui est directeur 47, 49, 51 rue Victor Hugo.
En 1936, le directeur des Nouvelles Galeries est Georges Bibaud.

Évolution du code du travail

Le conseil municipal du 31 octobre 1907 donne un avis favorable pour une dérogation pour un repos hebdomadaire des employés ne commençant que le dimanche après-midi...

En 1907, Émile Marot est à nouveau maire de Niort.

Sources

  • Mémorial des Deux-Sèvres : 1905, 1906,1907, 1919...
  • Archives 79.
  • Catalogue du Musée Lapidaire de Niort (1913).
  • Annuaire 1928, 1936.
  • Texte, illustrations et mise en page : Jean-Michel DALLET.