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Proscrits Niortais de 1851 : Différence entre versions

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[[Fichier:Ginestet 1852.jpg|150px|right|thumb|Portrait de Charles Ginestet avec sa fille (Source : Maison de Victor Hugo -  Album Philippe Asplet, fol. 33).]]  
 
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[[Fichier:Ancienne Mairie.jpg|250px|right|thumb|Ancienne Hôtel de Ville, Place du Donjon (1860) Archives municipales.]]
 
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[[Fichier:Proclam 1851 NB.jpg|200px|right|thumb|Proclammation de 1851.]]  
 
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Article en construction 21 novembre 2022
 
Article en construction 21 novembre 2022
==Le coup d'état du 2 décembre 1851==
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==Le coup d’État du 2 décembre 1851==
'''La révolution de février 1848 met fin à la Monarchie de Juillet (1830-1848), le 24 février, la seconde république est proclamée.'''  
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'''La révolution de février 1848 met fin à la Monarchie de Juillet (1830-1848). Le 28 février, la Seconde République est proclamée.'''  
:La nouvelle constitution institue le suffrage universel.
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:La nouvelle constitution (4 novembre 1848) institue le suffrage universel masculin, et l'élection du président de la République au suffrage universel masculin direct. Cependant, pour éviter tout risque de dictature, le président est non-rééligible. De plus, toute révision de la constitution doit être votée par l'Assemblée législative à la majorité des trois quarts.
:Le 10 décembre 1848, [[Napoléon III à Niort en 1852|Louis Napoléon Bonaparte]] (Neveu de Napoléon 1er) est élu pour 4 ans président de la république.
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:Le 10 décembre 1848, [[Napoléon III à Niort en 1852|Louis-Napoléon Bonaparte]] (Neveu de Napoléon 1er) est élu pour 4 ans président de la République.  
:Cependant, pour éviter une dictature, le président est non-rééligible. De plus, toute révision de la constitution doit être votée par l'assemblée législative à la majorité des 3 quarts.
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:Ne parvenant pas à obtenir la majorité des trois quarts, et pour conserver le pouvoir, le Président organise avec succès un coup d’État le 2 décembre 1851 '''(1)''' avec le soutien de l'administration préfectorale et de l'armée.
:Ne parvenant pas à obtenir cette majorité et pour conserver le pouvoir, le Président organise avec succès un coup d'état le 2 décembre 1851 '''(1)''' avec le soutien de l'administration préfectorale et de l'armée.
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:À Niort, comme dans de nombreuses villes, l'opposition au coup d’État est faible. Le 3 décembre le maire Henri Giraud (1814-1887) démissionne. Il est remplacé par Paul François Proust '''(2)'''.
:À Niort, comme dans de nombreuses villes, l'opposition au coup d'état est faible. Le 3 décembre le maire Henri Giraud démissionne. Il est remplacé par Paul François Proust '''(2)'''.
 
 
'''Quelques niortais prennent les armes et envahissent l'hôtel de ville située place du [[Donjon de Niort|Donjon]],''' (voir photo).  
 
'''Quelques niortais prennent les armes et envahissent l'hôtel de ville située place du [[Donjon de Niort|Donjon]],''' (voir photo).  
 
:Ces contestataires sont vite dispersés par un escadron du 1er régiment de hussard réquisitionné pour maintenir l'ordre.
 
:Ces contestataires sont vite dispersés par un escadron du 1er régiment de hussard réquisitionné pour maintenir l'ordre.
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::'''(2)''' Le 14 octobre 1852, Paul François Proust, nouveau maire de Niort, accueille, sous un Arc de Triomphe érigé avenue de la Rochelle, [[Napoléon III à Niort en 1852|Louis Napoléon Bonaparte]]...  
 
::'''(2)''' Le 14 octobre 1852, Paul François Proust, nouveau maire de Niort, accueille, sous un Arc de Triomphe érigé avenue de la Rochelle, [[Napoléon III à Niort en 1852|Louis Napoléon Bonaparte]]...  
 
==La Commission mixte et la répression==
 
==La Commission mixte et la répression==
'''Dans chaque département est constituée une commission mixte chargée de juger les opposants au coup d'état.'''
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'''Dans chaque département est constituée une commission mixte chargée de juger les opposants au coup d'Etat.'''
 
:Elle se réunit à la préfecture des Deux-Sèvres à partir du 3 février 1852.  
 
:Elle se réunit à la préfecture des Deux-Sèvres à partir du 3 février 1852.  
:Elle est composée des 3 hiérarchies garantes de l'ordre : Louis Marie Philibert Edgard de Renouard de Sainte-Croix Préfet, Savary, Procureur de la République, le colonel Lyon, Commandant du 1er régiment de Hussards.
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:Elle est composée des 3 hiérarchies garantes de l'ordre : Louis Marie Philibert Edgard de Renouard de Sainte-Croix, Préfet ; Savary, Procureur de la République, et le colonel Lyon, Commandant du 1er régiment de Hussards.
 
:Les accusés n'ont pas de défenseur et les décisions de la commission sont sans appel.
 
:Les accusés n'ont pas de défenseur et les décisions de la commission sont sans appel.
Niort, sur une liste de 334 noms, les condamnations frappent une trentaine de personnes dont 24 considérées comme des chefs.
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:À Niort, sur une liste de 334 noms, les condamnations frappent une trentaine de personnes dont 24 considérées comme des chefs.
 
==Les différentes condamnations==
 
==Les différentes condamnations==
 
'''Elles frappent avant tout des républicains.'''
 
'''Elles frappent avant tout des républicains.'''
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*- Certains sont condamnés à la déportation en Algérie comme '''Lucien Amy''' gérant du journal « ''L'œil du peuple'' » '''(3)''' de 1848 à 1851 et considéré comme membre de la société secrète « ''La Solidarité Républicaine'' ».  
 
*- Certains sont condamnés à la déportation en Algérie comme '''Lucien Amy''' gérant du journal « ''L'œil du peuple'' » '''(3)''' de 1848 à 1851 et considéré comme membre de la société secrète « ''La Solidarité Républicaine'' ».  
 
*- C'est aussi le cas de '''Paul Guay''', commandant de la Garde Nationale à Niort, présenté par la commission comme étant communiste et de '''Louis Sauzeau''' avoué à Niort.
 
*- C'est aussi le cas de '''Paul Guay''', commandant de la Garde Nationale à Niort, présenté par la commission comme étant communiste et de '''Louis Sauzeau''' avoué à Niort.
:Ce journal, influencé par les idées de Cabet, est considéré comme communiste. Il sera interdit après le coup d'état.
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:Ce journal, influencé par les idées de Cabet (1788-1856), est considéré comme communiste. Il sera interdit après le coup d’État.
 
:D'autres sont expulsés en Belgique comme '''François Tafféry''' Typographe et '''René Savariau''', propriétaire.  
 
:D'autres sont expulsés en Belgique comme '''François Tafféry''' Typographe et '''René Savariau''', propriétaire.  
 
*- '''François Rousseil''', « ''un dangereux agitateur'' » emprisonné au donjon depuis le 3 avril 1851 est expédié à Cayenne en Guyane où il décèdera. (Voir wiki niort : [[Rosélia Rousseil]]) : « ''La fille d'un proscrit'' » '''(4)'''.
 
*- '''François Rousseil''', « ''un dangereux agitateur'' » emprisonné au donjon depuis le 3 avril 1851 est expédié à Cayenne en Guyane où il décèdera. (Voir wiki niort : [[Rosélia Rousseil]]) : « ''La fille d'un proscrit'' » '''(4)'''.
:Plusieurs sont internés puis placés sous surveillance.
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:Plusieurs sont internés, puis placés sous surveillance.
 
[[Fichier:Rousseil Proscrit.jpg|150px|right|thumb|Couverture du livre de Rosalia Rousseil.]]
 
[[Fichier:Rousseil Proscrit.jpg|150px|right|thumb|Couverture du livre de Rosalia Rousseil.]]
 
*- C'est le cas de l'avocat [[Sœurs de Notre Dame de l'Espérance à Niort|Louis Chabaudy]] avocat, ancien maire en 1847 et 1848, considéré comme républicain modéré.
 
*- C'est le cas de l'avocat [[Sœurs de Notre Dame de l'Espérance à Niort|Louis Chabaudy]] avocat, ancien maire en 1847 et 1848, considéré comme républicain modéré.
 
*- [[Ricard (Rue)|'''Amable Ricard''']] (1828-1876), jeune avocat inscrit au barreau de Niort en 1851, présent à l'hôtel de ville (Voir photo) le 3 décembre, est emprisonné. Il échappe aux rigueurs du pouvoir grâce à ses relations.
 
*- [[Ricard (Rue)|'''Amable Ricard''']] (1828-1876), jeune avocat inscrit au barreau de Niort en 1851, présent à l'hôtel de ville (Voir photo) le 3 décembre, est emprisonné. Il échappe aux rigueurs du pouvoir grâce à ses relations.
*- '''Clerc Lasalle''' (futur beau père de Ricard) est le fondateur de la « ''Sentinelle des Deux-Sèvres'' » journal d'opposition sous la Restauration. Il est député de 1831 à 1834, vice-président du tribunal de Niort de 1833 à 1853.
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*- '''Clerc La-Salle''' (futur beau père d'Amable Ricard) fondateur de la « ''Sentinelle des Deux-Sèvres'' » journal d'opposition sous la Restauration ; député de 1831 à 1834 ; vice-président du tribunal de Niort de 1833 à 1853.
 
:Enfin certains sont proscrits et expulsés de France, principalement vers l'île anglo-normande de Jersey.
 
:Enfin certains sont proscrits et expulsés de France, principalement vers l'île anglo-normande de Jersey.
::'''(3)''' « L'oeil du peuple » est intitulé : « Journal des intérêts démocratiques, agricoles et sociaux ».
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::'''(3)''' « L’œil du peuple » est intitulé : « Journal des intérêts démocratiques, agricoles et sociaux ».
 
::'''(4)''' Début du récit de Rosalia Rousseil :  
 
::'''(4)''' Début du récit de Rosalia Rousseil :  
 
::« ''La petite ville de Niort était tout en émoi. Sur la Place du [[Donjon de Niort|Donjon]] une foule énorme gesticulait et criait :''
 
::« ''La petite ville de Niort était tout en émoi. Sur la Place du [[Donjon de Niort|Donjon]] une foule énorme gesticulait et criait :''
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::''-C’est un honnête homme, nous sommes en république ! On ne peut pas l’enfermer ; c’est notre chef, on en veut à notre liberté !  »''
 
::''-C’est un honnête homme, nous sommes en république ! On ne peut pas l’enfermer ; c’est notre chef, on en veut à notre liberté !  »''
 
==Les proscrits de Jersey==
 
==Les proscrits de Jersey==
'''Quatre sont niortais :'''
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'''Quatre Niortais parmi les plus de 360 opposants (dont Victor Hugo) qui auront été exilés à Jersey et Guernesey de 1848 à 1870, pour certains'''
 
*- '''Amy Lucien''' (1810-1883) :
 
*- '''Amy Lucien''' (1810-1883) :
 
:Avocat, gérant du journal « ''L'œil du Peuple ''» de 1848 à 1851, il en fait une tribune des idées républicaines.  
 
:Avocat, gérant du journal « ''L'œil du Peuple ''» de 1848 à 1851, il en fait une tribune des idées républicaines.  
 
:Il est affilié à la société secrète « ''La Solidarité Républicaine'' ».
 
:Il est affilié à la société secrète « ''La Solidarité Républicaine'' ».
:Après le coup d'état, il est arrêté pour avoir tenté d'entraîner les niortais à résister.
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:Après le coup d’État, il est arrêté pour avoir tenté d'entraîner les Niortais à résister.
 
:Il est condamné à la déportation en Algérie puis le 3 avril 1852, il obtient un passeport pour Jersey.
 
:Il est condamné à la déportation en Algérie puis le 3 avril 1852, il obtient un passeport pour Jersey.
 
*- '''Chaumier Jean-Pierre''' (1804-1866) :
 
*- '''Chaumier Jean-Pierre''' (1804-1866) :
 
:Menuisier puis marchand de bois, juge suppléant au tribunal de commerce, il est arrêté pour avoir pris part aux événements du 3 décembre.  
 
:Menuisier puis marchand de bois, juge suppléant au tribunal de commerce, il est arrêté pour avoir pris part aux événements du 3 décembre.  
:Caractérisé par la commission comme « ''très exalté de par ses opinions socialistes'' », il est expulsé en Belgique puis à Jerzey.
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:Caractérisé par la commission comme « ''très exalté de par ses opinions socialistes'' », il est expulsé en Belgique puis à Jersey. Il rentre en France en 1852.
 
*- '''Ginestet Charles''' (1807-1884) :
 
*- '''Ginestet Charles''' (1807-1884) :
 
:Médecin, rédacteur en chef de « ''L'œil du Peuple'' », Défenseur d'un socialisme social, il réclame une république démocratique, le droit au travail, l'impôt progressif, l'enseignement gratuit.
 
:Médecin, rédacteur en chef de « ''L'œil du Peuple'' », Défenseur d'un socialisme social, il réclame une république démocratique, le droit au travail, l'impôt progressif, l'enseignement gratuit.
 
:Le 17 janvier 1852, le préfet des Deux-Sèvres indique à son sujet : « ''C'est l'âme du parti révolutionnaire..., c'est lui qui a fait le plus de mal dans le département..., il mérite la punition la plus sévère'' ».  
 
:Le 17 janvier 1852, le préfet des Deux-Sèvres indique à son sujet : « ''C'est l'âme du parti révolutionnaire..., c'est lui qui a fait le plus de mal dans le département..., il mérite la punition la plus sévère'' ».  
:Le 16 février 1852, la commission décide son expulsion. Il réside à Jersey. Il est amnistié en 1859 et revient en France.
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:Le 16 février 1852, la commission décide son expulsion. Il réside à Jersey avec son épouse et trois enfants. Il est amnistié en 1859 et revient en France.
 
*- [[Rue des Frères Maichain|'''Maichain Joseph''']] (1816-1892) :
 
*- [[Rue des Frères Maichain|'''Maichain Joseph''']] (1816-1892) :
 
:Propriétaire et avocat, en 1851 il demeure à Niort rue Neuve. Il est le frère de Désiré Maichain.
 
:Propriétaire et avocat, en 1851 il demeure à Niort rue Neuve. Il est le frère de Désiré Maichain.
 
:Commissaire de la République et député en 1848. Il est conseiller municipal et adjoint au maire de Niort de février à avril 1848.  
 
:Commissaire de la République et député en 1848. Il est conseiller municipal et adjoint au maire de Niort de février à avril 1848.  
:Il est soupçonné d'être membre de la société secrète « ''La solidarité républicaine'' » fondée à Paris en octobre 1848 par Ledru Rollin..
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:Il est soupçonné d'être membre de la société secrète « ''La solidarité républicaine'' » fondée à Paris en octobre 1848 par Ledru-Rollin..
 
:Le 11 février, il est élu vice président de La Société de Secours Mutuel des ouvriers [[Moulins à foulons dans l'histoire industrielle de Niort|chamoiseurs de Niort]].
 
:Le 11 février, il est élu vice président de La Société de Secours Mutuel des ouvriers [[Moulins à foulons dans l'histoire industrielle de Niort|chamoiseurs de Niort]].
:Le 10 février 1852, la commission mixte le condamne à l'expulsion du territoire comme ayant par ses paroles venu en aide aux émeutiers.
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:Le 10 février 1852, la commission mixte le condamne à l'expulsion du territoire, comme ayant par ses paroles venu en aide aux émeutiers.
 
:Il se retire d'abord en Belgique puis à Jersey.
 
:Il se retire d'abord en Belgique puis à Jersey.
 
:Il est gracié le 3 février 1853 et rentre en France.
 
:Il est gracié le 3 février 1853 et rentre en France.
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:Il est l'un des rédacteurs de «'' L'œil  du Peuple'' ». En 1848, il compose   le « ''Chant des Vignerons'' » '''(5)''' chant révolutionnaire dans lequel il exprime ses convictions républicaines et sociales.  
 
:Il est l'un des rédacteurs de «'' L'œil  du Peuple'' ». En 1848, il compose   le « ''Chant des Vignerons'' » '''(5)''' chant révolutionnaire dans lequel il exprime ses convictions républicaines et sociales.  
 
:Il est condamné à l'exil à Jersey par la commission mixte.
 
:Il est condamné à l'exil à Jersey par la commission mixte.
:Il est de ceux qui accueille Victor Hugo le 5 avril 1852. Celui-ci lui voua une amitié sincère.  
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:Il est de ceux qui accueillent Victor Hugo le 5 avril 1852. Celui-ci lui voua une amitié sincère.  
 
:Il revient à Mauzé en 1856. Jusqu'à sa mort, celui qu'on surnomme « le Père Durand », restera fidèle à ses convictions politiques.
 
:Il revient à Mauzé en 1856. Jusqu'à sa mort, celui qu'on surnomme « le Père Durand », restera fidèle à ses convictions politiques.
 
::'''(5)''' '''Voici un couplet du chant des vignerons''' :
 
::'''(5)''' '''Voici un couplet du chant des vignerons''' :
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::''Tu fais aussi des prisons pour te mettre''
 
::''Tu fais aussi des prisons pour te mettre''
 
::''Car tu sais bien : les gros n’y vont jamais... »''
 
::''Car tu sais bien : les gros n’y vont jamais... »''
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[[Fichier:Victimes 1851Idem.jpg|300px|right|thumb|Listes de 52 indemnisés parue en 1882.]]
 
==Conclusion==
 
==Conclusion==
'''Ces opposants, au coup d'état du 2 décembre 1851, sont souvent des notables urbains, membres de professions libérales :'''  
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'''Ces opposants au coup d’État du 2 décembre 1851 sont souvent des notables urbains, membres de professions libérales :'''  
 
:- Magistrats, avocats, médecins, mais aussi des journalistes particulièrement politisés.  
 
:- Magistrats, avocats, médecins, mais aussi des journalistes particulièrement politisés.  
 
:- On relève peu d'artisans et d'ouvriers. Le monde rural est peu représenté si ce n'est par un vigneron et un meunier.  
 
:- On relève peu d'artisans et d'ouvriers. Le monde rural est peu représenté si ce n'est par un vigneron et un meunier.  
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:- Joseph Maichain, maire de Niort du 8 décembre 1871 au 25 septembre 1876,
 
:- Joseph Maichain, maire de Niort du 8 décembre 1871 au 25 septembre 1876,
 
:- Amable Ricard qui après le 4 septembre 1870 fut successivement : Préfet des Deux-Sèvres, député, ministre de l'intérieur et sénateur.
 
:- Amable Ricard qui après le 4 septembre 1870 fut successivement : Préfet des Deux-Sèvres, député, ministre de l'intérieur et sénateur.
'''Enfin, la Troisième République (1870-1940) accorde des pensions aux proscrits de 1852 ou à leur veuve ou à leurs héritiers.'''
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'''Enfin, la Troisième République (1870-1940) accorde des pensions aux proscrits de 1851 ou à leur veuve ou à leurs héritiers.''' (Voir photo).
  
 
==Sources==
 
==Sources==
 
:*Archives départementales des Deux-Sèvres : 4M 182, 4M 232 à 237.
 
:*Archives départementales des Deux-Sèvres : 4M 182, 4M 232 à 237.
 
:*Journaux : L'œil du peuple 1848-1851, Le Mémorial des Deux-Sèvres 1851 et 1852.
 
:*Journaux : L'œil du peuple 1848-1851, Le Mémorial des Deux-Sèvres 1851 et 1852.
:*Rémy Cazal : « ''Les proscrits de 1852'' »
+
:*Rémy Cazal : « ''Les proscrits de 1851'' »
 
:*Jean-Claude Faucher : « ''Amable Ricard'' », mémoire de la société historique des Deux-Sèvres 2021
 
:*Jean-Claude Faucher : « ''Amable Ricard'' », mémoire de la société historique des Deux-Sèvres 2021
 
:*Rosélia Rousseil : «  ''Fille d'un proscrit'' » (voir wiki niort).
 
:*Rosélia Rousseil : «  ''Fille d'un proscrit'' » (voir wiki niort).
:*Le Maitron « ''Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social'' ».
+
:*Le Maitron « ''Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social'' »,
 
:*Texte : Maurice Vinck
 
:*Texte : Maurice Vinck
:*Mise en page : Jean-Michel Dallet
+
:*Mise en page, illustrations : Jean-Michel Dallet
 
:*Hier Sainte-Pezenne Novembre 2022.
 
:*Hier Sainte-Pezenne Novembre 2022.

Version actuelle en date du 11 mars 2024 à 19:04

Portrait de Pierre Antoine Baugier.
Portrait de Désiré Maichain.
Portrait de Joseph Maichain.
Portrait de Charles Ginestet avec sa fille (Source : Maison de Victor Hugo - Album Philippe Asplet, fol. 33).
Disparition de Delphin Saillant le 18 février 1887 à Souché, âgé de 58 ans.
Ancienne Hôtel de Ville, Place du Donjon (1860) Archives municipales.
Proclammation de 1851.

Article en construction 21 novembre 2022

Le coup d’État du 2 décembre 1851

La révolution de février 1848 met fin à la Monarchie de Juillet (1830-1848). Le 28 février, la Seconde République est proclamée.

La nouvelle constitution (4 novembre 1848) institue le suffrage universel masculin, et l'élection du président de la République au suffrage universel masculin direct. Cependant, pour éviter tout risque de dictature, le président est non-rééligible. De plus, toute révision de la constitution doit être votée par l'Assemblée législative à la majorité des trois quarts.
Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte (Neveu de Napoléon 1er) est élu pour 4 ans président de la République.
Ne parvenant pas à obtenir la majorité des trois quarts, et pour conserver le pouvoir, le Président organise avec succès un coup d’État le 2 décembre 1851 (1) avec le soutien de l'administration préfectorale et de l'armée.
À Niort, comme dans de nombreuses villes, l'opposition au coup d’État est faible. Le 3 décembre le maire Henri Giraud (1814-1887) démissionne. Il est remplacé par Paul François Proust (2).

Quelques niortais prennent les armes et envahissent l'hôtel de ville située place du Donjon, (voir photo).

Ces contestataires sont vite dispersés par un escadron du 1er régiment de hussard réquisitionné pour maintenir l'ordre.
(1) La date du 2 décembre a été choisie symboliquement, Elle rappelle le sacre de Napoléon 1er le 2 décembre 1804 et la victoire d'Austerlitz le 2 décembre 1805.
(2) Le 14 octobre 1852, Paul François Proust, nouveau maire de Niort, accueille, sous un Arc de Triomphe érigé avenue de la Rochelle, Louis Napoléon Bonaparte...

La Commission mixte et la répression

Dans chaque département est constituée une commission mixte chargée de juger les opposants au coup d'Etat.

Elle se réunit à la préfecture des Deux-Sèvres à partir du 3 février 1852.
Elle est composée des 3 hiérarchies garantes de l'ordre : Louis Marie Philibert Edgard de Renouard de Sainte-Croix, Préfet ; Savary, Procureur de la République, et le colonel Lyon, Commandant du 1er régiment de Hussards.
Les accusés n'ont pas de défenseur et les décisions de la commission sont sans appel.
À Niort, sur une liste de 334 noms, les condamnations frappent une trentaine de personnes dont 24 considérées comme des chefs.

Les différentes condamnations

Elles frappent avant tout des républicains.

  • - Certes certains, retirés de la vie politique, y échappent comme Désiré Maichain ancien commissaire de la république et député en 1848 et Antoine Baugier ancien maire de Niort.

Parmi les 24 condamnés plusieurs sont niortais.

  • - Certains sont condamnés à la déportation en Algérie comme Lucien Amy gérant du journal « L'œil du peuple » (3) de 1848 à 1851 et considéré comme membre de la société secrète « La Solidarité Républicaine ».
  • - C'est aussi le cas de Paul Guay, commandant de la Garde Nationale à Niort, présenté par la commission comme étant communiste et de Louis Sauzeau avoué à Niort.
Ce journal, influencé par les idées de Cabet (1788-1856), est considéré comme communiste. Il sera interdit après le coup d’État.
D'autres sont expulsés en Belgique comme François Tafféry Typographe et René Savariau, propriétaire.
  • - François Rousseil, « un dangereux agitateur » emprisonné au donjon depuis le 3 avril 1851 est expédié à Cayenne en Guyane où il décèdera. (Voir wiki niort : Rosélia Rousseil) : « La fille d'un proscrit » (4).
Plusieurs sont internés, puis placés sous surveillance.
Couverture du livre de Rosalia Rousseil.
  • - C'est le cas de l'avocat Louis Chabaudy avocat, ancien maire en 1847 et 1848, considéré comme républicain modéré.
  • - Amable Ricard (1828-1876), jeune avocat inscrit au barreau de Niort en 1851, présent à l'hôtel de ville (Voir photo) le 3 décembre, est emprisonné. Il échappe aux rigueurs du pouvoir grâce à ses relations.
  • - Clerc La-Salle (futur beau père d'Amable Ricard) fondateur de la « Sentinelle des Deux-Sèvres » journal d'opposition sous la Restauration ; député de 1831 à 1834 ; vice-président du tribunal de Niort de 1833 à 1853.
Enfin certains sont proscrits et expulsés de France, principalement vers l'île anglo-normande de Jersey.
(3) « L’œil du peuple » est intitulé : « Journal des intérêts démocratiques, agricoles et sociaux ».
(4) Début du récit de Rosalia Rousseil :
« La petite ville de Niort était tout en émoi. Sur la Place du Donjon une foule énorme gesticulait et criait :
-C’est une infamie ! Il n’a rien fait. Pourquoi l’arrêter ?
-C’est un honnête homme, nous sommes en république ! On ne peut pas l’enfermer ; c’est notre chef, on en veut à notre liberté !  »

Les proscrits de Jersey

Quatre Niortais parmi les plus de 360 opposants (dont Victor Hugo) qui auront été exilés à Jersey et Guernesey de 1848 à 1870, pour certains

  • - Amy Lucien (1810-1883) :
Avocat, gérant du journal « L'œil du Peuple » de 1848 à 1851, il en fait une tribune des idées républicaines.
Il est affilié à la société secrète « La Solidarité Républicaine ».
Après le coup d’État, il est arrêté pour avoir tenté d'entraîner les Niortais à résister.
Il est condamné à la déportation en Algérie puis le 3 avril 1852, il obtient un passeport pour Jersey.
  • - Chaumier Jean-Pierre (1804-1866) :
Menuisier puis marchand de bois, juge suppléant au tribunal de commerce, il est arrêté pour avoir pris part aux événements du 3 décembre.
Caractérisé par la commission comme « très exalté de par ses opinions socialistes », il est expulsé en Belgique puis à Jersey. Il rentre en France en 1852.
  • - Ginestet Charles (1807-1884) :
Médecin, rédacteur en chef de « L'œil du Peuple », Défenseur d'un socialisme social, il réclame une république démocratique, le droit au travail, l'impôt progressif, l'enseignement gratuit.
Le 17 janvier 1852, le préfet des Deux-Sèvres indique à son sujet : « C'est l'âme du parti révolutionnaire..., c'est lui qui a fait le plus de mal dans le département..., il mérite la punition la plus sévère ».
Le 16 février 1852, la commission décide son expulsion. Il réside à Jersey avec son épouse et trois enfants. Il est amnistié en 1859 et revient en France.
Propriétaire et avocat, en 1851 il demeure à Niort rue Neuve. Il est le frère de Désiré Maichain.
Commissaire de la République et député en 1848. Il est conseiller municipal et adjoint au maire de Niort de février à avril 1848.
Il est soupçonné d'être membre de la société secrète « La solidarité républicaine » fondée à Paris en octobre 1848 par Ledru-Rollin..
Le 11 février, il est élu vice président de La Société de Secours Mutuel des ouvriers chamoiseurs de Niort.
Le 10 février 1852, la commission mixte le condamne à l'expulsion du territoire, comme ayant par ses paroles venu en aide aux émeutiers.
Il se retire d'abord en Belgique puis à Jersey.
Il est gracié le 3 février 1853 et rentre en France.
Plisson Eugène, voyageur de commerce sera gracié en 1853.

Quelques autres proscrits non niortais

Portrait de Claude Durand (1801-1895).

On ne citera cependant que quelques exemples :

  • - Grandeau Pierre garçon meunier à Saint-Maxire et de sa femme Marie Bertrand sont expulsés pour propos séditieux, le 23 février 1852, puis graciés en 1853.
  • - Fayard Jacques pharmacien à Champdeniers, Rouhier médecin à Saint-Maixent le sont pour avoir des idées socialistes.
  • - On citera aussi Durand Claude (1801-1895). Propriétaire vigneron à Mauzé dont il est le maire du 1er mars au 10 avril 1848.
Il est l'un des rédacteurs de « L'œil du Peuple ». En 1848, il compose   le « Chant des Vignerons » (5) chant révolutionnaire dans lequel il exprime ses convictions républicaines et sociales.
Il est condamné à l'exil à Jersey par la commission mixte.
Il est de ceux qui accueillent Victor Hugo le 5 avril 1852. Celui-ci lui voua une amitié sincère.
Il revient à Mauzé en 1856. Jusqu'à sa mort, celui qu'on surnomme « le Père Durand », restera fidèle à ses convictions politiques.
(5) Voici un couplet du chant des vignerons :
« Pauvre ouvrier, tu construis pour ton maître
De beaux châteaux, de somptueux palais ;
Tu fais aussi des prisons pour te mettre
Car tu sais bien : les gros n’y vont jamais... »
Listes de 52 indemnisés parue en 1882.

Conclusion

Ces opposants au coup d’État du 2 décembre 1851 sont souvent des notables urbains, membres de professions libérales :

- Magistrats, avocats, médecins, mais aussi des journalistes particulièrement politisés.
- On relève peu d'artisans et d'ouvriers. Le monde rural est peu représenté si ce n'est par un vigneron et un meunier.

Bien que graciées, ces personnes restent étroitement surveillées jusqu'à la chute du Second Empire et la proclamation de la République le 4 septembre 1870.

Certains feront même alors une brillante carrière politique comme  :
- Joseph Maichain, maire de Niort du 8 décembre 1871 au 25 septembre 1876,
- Amable Ricard qui après le 4 septembre 1870 fut successivement : Préfet des Deux-Sèvres, député, ministre de l'intérieur et sénateur.

Enfin, la Troisième République (1870-1940) accorde des pensions aux proscrits de 1851 ou à leur veuve ou à leurs héritiers. (Voir photo).

Sources

  • Archives départementales des Deux-Sèvres : 4M 182, 4M 232 à 237.
  • Journaux : L'œil du peuple 1848-1851, Le Mémorial des Deux-Sèvres 1851 et 1852.
  • Rémy Cazal : « Les proscrits de 1851 »
  • Jean-Claude Faucher : « Amable Ricard », mémoire de la société historique des Deux-Sèvres 2021
  • Rosélia Rousseil : «  Fille d'un proscrit » (voir wiki niort).
  • Le Maitron « Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social »,
  • Texte : Maurice Vinck
  • Mise en page, illustrations : Jean-Michel Dallet
  • Hier Sainte-Pezenne Novembre 2022.