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Pyramide de la Brèche

De WikiNiort
Dessin de la Pyramide de la Brèche (Dessin de A. Bounault). (photo 1)
Maquette du Musée d'Agesci en plâtre (Arthur Bouneault 1894). (photo 2)
Extrait des "Affiches du Poitou" (1777). (photo 3)
Armoiries de Niort (à gauche) et de Rouget de Gourcez (à droite). (photo 4)

Article en construction, mai 2018.

Pyramide de la Brèche

Le 25 et le 30 mai 1777, le comte d’Artois (1) qui visitait son apanage (2) passa à Niort (voir photo 3)

Il séjourna les 2 jours à l’Hôtel Sainte-Vaise, rue Saint-André, chez François Delavault.

Le 25 mai, Mathieu Rouget de Gourcez, alors maire de Niort, lui présente ses hommages.

Il demande au Comte d’Artois la permission de lui ériger un « Obélisque » pour perpétuer ce souvenir.

En mai 1780, Mathieu Rouget de Gourcez, se trouvant à Paris, demanda moyennant 174 livres, qu’on lui copie le dessin d’un obélisque que le comté du Ponthieu venait de faire ériger.

Bernard d’Agescy s’en inspira et en fit un dessin, modèle réduit, que le Comte d’Artois « accueilli avec bonté » . (voir photo 1)

En 1780, cette pyramide fut réalisée et placée, place de la Brèche, à l’entrée de la rue du Minage, aujourd’hui, rue Ricard.

Cette Pyramide fut aussi appelée Obélisque ou encore Colonne, ce genre de monument était à la « mode «  en France au XVIIIe siècle...

Afin de donner une utilité publique à ce monument, on lui adjoint une pompe, l’eau (3) ayant été canalisée depuis la rue Pinaudière (rue Rabelais).

La brimbale animant la pompe était sur la face est, l’eau tombait dans un bassin de pierre, garni de plomb, face sud.

Trois enfants formaient la décoration, l’un d’eux vomissait l’eau sortant de la pompe, tandis que les deux autres semblaient le soutenir. (voir photo 1).

Cette Pyramide fut construire sur l’emplacement de la borne militaire N°207 (4), posée par les ingénieurs du roi en 1770.

L’architecte et entrepreneur fut un sieur Pinoteau, qui fit tous les dessins.

La sculpture des trois enfants et celle des armoiries furent confiés à Hélie-Jean Drouard, artiste de Fontenay-le-Comte.

Sa hauteur était de 6 toises (1,949 m x 6 = 11,70 m) et son soubassement de 6 x 6 pieds.

Le sommet était coiffé d’une énorme fleur de lys, auquel on avait ajouté, en 1792, un bonnet phrygien en tôle.

Ce petit monument a coûté la somme de 4833 livres.

En juin 1791, le sieur Esserteau reçut 16 livres pour avoir effacé les armes autour de la ville et sur la Pyramide.

La colonne fut condamnée à la destruction à l’occasion de la fête du 14 juillet 1792, peu de temps avant la « Convention ».

Les biens du Comte d’Artois, selon la loi sur les émigrés, lui sont confisqués en 1792 (5).

En 1808, la fontaine existait encore, mais en mauvais état.

Le 10 décembre 1808, un mandat de démolition fut délivré au profit de Chebrou, maître maçon.

Ce petit monument, à la gloire du Comte d’Artois, n’a donc été visible sur la place de la Brèche que 28 ans.

En 1846, le dernier vestige de cette Pyramide, un cube de pierre, fut abattu.

Ce socle en pierre avait servi de support au seul réverbère qui éclairait la Brèche.

On peut, en 2018, découvrir une maquette modèle réduit de cette « Pyramide » au musée d’Agesci , avenue de Limoges à Niort. (voir photo 2).

Chacune des faces portait des décorations et des inscriptions

  • Face sud :
-le blason et la couronne du Marquis Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye (6).
-Les armoiries du maire de Niort, Rouget de Gourcez. (voir photo 4)
-Les armoiries de la ville de Niort.

Et une inscription :

LA MAIN DE L’HOMME
LES ÉRIGE
MAIS C’EST LE CŒUR
QUI LES CONSACRE.
Une sculpture, décrite plus haut, des 3 enfants.
Au dessus du groupe d’enfants, un inscription latine, pour rendre hommage à Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye.
  • Face nord :
- 4 écussons puis une inscription latine.
VIRTUTE MILITARI PROVINCIA VIGET
  • Face est :
-l’écusson du comte d’Artois et 2 inscription latines :
1- SUB UMBRA PRINCIPIS RES PUBLICA CRESCIT
2- CRESSA NE CAREAT PULCHRA DIES NOTA (vers d’Horace)
Sur le fût, la liste suivante :
CHARLES PHILIPPE DE FRANCE COMTE D’ARTOIS, FRERE DU ROY
AYANT, AU MILIEU DES ACCLAMATIONS PUBLIQUES, PRIT
POSSESSION DE CETTE VILLE LE 10 NOVEMBRE 1779
MATHIEU ROUGET DE GOURCEZ, MAIRE,
ANTOINE-ÉTIENNE PIET-BERTON, LIEUTENANT DU MAIRE,
CLAUDE-LOUIS ARNAULDET DU MAIRÉ
CHARLES-NOEL PIET-PIJOUY
LOUIS BARRÉ DE CHABANS, PROCUREUR DU ROY,
ONT FAIT ÉRIGER CE MONUMENT POUR PERPÉTUER A JAMAIS
CE JOUR D’ALLÉGRESSE
  • Face ouest :
- Au sommet les armes de France

2 inscriptions latines :

1-REGNANTE LUDOVICO DECIMO SEXTO ANNO MDCCLXXIX
2-SERUS IN COELUM REDEAT, DIU QUE LOETUS INTERSIT POPULO

On y trouvait aussi la liste des bornes militaires depuis Paris...

Notes

(1) Le comte d’Artois (1757/1836) est le petit fils de Louis XV, frère cadet de Louis XVI et de Louis XVIII.
(2) Un apanage est une partie du domaine royal cédée aux frères cadets du roi.
Un apanage est constitué de terres, de droits et de résidences, le comte d’Artois reçu celui du Poitou en 1778, à l’âge de 22 ans..
(3) En cette fin du XVIIIe siècle, l’eau du centre ville était de mauvaise qualité, on vendait l’eau du Vivier en seau...
Deux fontaines naturelles étaient utilisées, une près du Donjon et l’autre, celle de la rue Pinaudière.
(4) La borne 207 correspond à une distance de 207 milles (1000 toises) de Paris soit : 1,949 m x 1000 x 207 = 404 kms.
Au début du XXe siècle, la borne 206, était encore visible près du Pont de Villemontée ...
(5) Après la révolution, dès le 16 juillet 1789, le comte d’Artois émigre.
En 1824, il devient roi de France sous le nom de Charles X.
Le 2 août 1830, après la révolution de 1830, il abdique.
(6) Marquis Paul-Esprit-Marie de La Bourdonnaye, comte de Blossac, marquis de Tymeur est intendant de la généralité de Poitiers de 1750 à 1784.

Sources

  • Pyramide du comte d’Artois par Van der Cruysse. (1895)
  • Dessins Arthur Bounault.
  • Léo Dessaivre.
  • Affiches du Poitou (Juillet 1777).
  • Musée Bernard d'Agesci.
  • JMD