Réfugiés Espagnols à Niort (1936-1939)

Préambule : Notes aux lecteurs

Dans ce petit article, nous voulons rappeler brièvement quelques détails concernant des centaines d’Espagnols qui se réfugièrent à Niort et dans le département des Deux-Sèvres entre les années 1936 à 1939.

L’immense majorité de ces Espagnols est repartie vers leur patrie, un nombre sans doute assez faible, a pu faire souche à Niort.

Nous serions heureux de donner un espace, dans cet article, pour des témoignages de leurs descendants niortais.

Guerre civile espagnole (1936 -1939)

La Guerre civile espagnole, qui opposa républicains et nationalistes, débuta en 1936 et s'acheva par la défaite du camp républicain en avril 1939.

Elle provoqua un exode important de populations, civils fuyant la guerre, mais aussi des militaires vaincus.

Les premières phases de la guerre d'Espagne entraînèrent, au départ vers la France des milliers personnes.

En janvier 1939, la chute de la Catalogne amplifia considérablement le mouvement, 465 000 Espagnols environ entrant alors sur le territoire.

Parmi ces réfugiés 170 000 civils se dirigèrent, en raison de leur proximité avec la frontière pyrénéenne, vers les départements de la Nouvelle Aquitaine dont les Deux-Sèvres.

Documents Archives Nationales : ► Les réfugiés en France à la suite de la Guerre civile espagnole (1936-1940)

Arrivées des premiers réfugiés espagnols à Niort

À partir de 1936, la gare de Niort voit passer de nombreux réfugiés espagnols, ils sont alors dirigés vers différents camps des Deux-Sèvres.

Le 8 septembre 1936, les premiers réfugiés arrivent à Niort, certains sont transportés à la Salle du Patronage de la rue Terraudière puis hébergés provisoirement à l’hôtel Jeanneau, 1 route d’Aiffres et à l’hôtel du Château (Derrière le Donjon).

Le jeudi 4 février 1937, 5 réfugiés sont conduits au centre d’hébergement, rue Crémeau.

En juin 1937, un « Vapeur anglais » amène 1650 réfugiés, venant de Bilbao, au port de la Palisse.

400 de ceux-ci sont dirigés vers Niort par le train, plusieurs dizaines sont alors logés, comme d’autres avant eux, dans le dépôt de la rue Crémeau (1).

En juillet 1937, 270 réfugiés sont installés à Niort : 70 rue Crémeau et 180 au lycée Fontanes.

Dans ce Lycée, ces femmes et enfants vont être logées dans des salles de classe, laissées vides en raison des vacances, il partirons pour Aiffres dès le 11 août.

Les Camps sont réglementés, fermés à 22 heures et interdits aux personnes étrangères d’y pénétrer sans autorisations.

Les autres Espagnols sont dirigés par des autobus Brivin à destination de Parthenay et Thouars.

En avril 1938, 400 réfugiés passent par Niort et sont dirigés dans les différents centres du Département.

À cette période, 380 sont à la charge de l’état français et une vingtaine sont chez des privés.

En novembre 1938, une centaines de réfugiés espagnols séjournent au château de Boussais.

1939, arrivages massifs de réfugiés espagnols

Début 1939, les arrivages importants pour le département des Deux-Sèvres se succèdent.

Le 1er février 1939, un groupe de 860 Espagnols venant de Catalogne arrive en gare de Niort.

Ces réfugiés constitués en grande partie par des femmes et enfants sont accueillis par la Croix Rouge au buffet de la Gare exploité par Max Léonard pour un ravitaillement rapide organisé par des bénévoles.

« Penchés aux vitres des wagons abaissés, des femmes, des enfants, aux regards angoissés, aux joues creuses des malheureux ayant vécu depuis bien des mois de privations et ayant subi les fatigues d’un exode, précipité sans moyens de locomotion vers la frontière française.

Il y avait là surtout des femmes et des enfants, mais aussi quelques miliciens et des hommes inaptes à porter des armes… »

Le 5 février 1939, un groupe de 680 se présentent dès 3 heures du matin, ils sont examinés par le docteur Louis Merle directeur des services d’hygiène du Département des Deux-Sèvres.

Ils sont alors envoyés dans différents centres des Deux-Sèvres :

- Aiffres (Château de Martigny),

- Bressuire (ancienne prison),

- Parthenay (ancienne prison),

- Thouars, Boussais (Château),

- Melle (Prison désaffectée).

La gare de Niort est aussi un lieu de passage pour de nombreux réfugiés dont la destination n’est pas le département.

En février 1939, des baraquements électrifiés et aménagés pour faire la cuisine sont édifiés dans le stade municipal de l’avenue de la Rochelle.

Ces baraquements sont installés par l’entreprise Albert Belaud charpentier, avenue de Limoges et l’électrification est réalisé par l’entreprise Gadreau Frères, rue de Comédie.

Des commerçants niortais fournissent bénévolement des denrées alimentaires :

- Exemples : A. Tesson, marchand de poissons, rue Mère Dieu et rue du Vieux Marché, qui a remis 130 kg de marée fraîche, et Louis Gerbaud qui a remis 12000 madelinettes...

Si l’abri et la nourriture semblent corrects dans ce camp, les couchages, faits de litière de paille, laissent à désirer, les épidémies menacent...

Les tout jeunes enfants sont les premières victimes, pour exemple, on note, à Niort, les noms de trois victimes décédées le 22 février : Maria Galvey 4 mois, Juan Maria 11 mois, Manuel Diez 3 jours.

Des dons de vêtements sont aussi réalisés, récoltés généralement par des institutrices.

À la fin février 1939, arrivent 150 réfugiés constitués de femmes, d’enfants et deux hommes seulement.

Ils sont dirigés vers le dépôt de la rue Crémeau (1) où les couchages sont des paillasses.

En avril 1939, 35 réfugiés venant d’Oloron (64), sont ainsi dirigés : 12 vers le stade et 23 vers Melle.

En 1939, la gestion du Camp du stade de l’avenue de la Rochelle est assurée par un agent de la police municipale de Niort, M. Meyrignac.

En mai 1939, les réfugiés sont au nombre de 400 au stade municipal à Niort et une centaine rue Crémeau.

Une épidémie de typhoïde sévit alors dans le camp du Stade municipal, on déplore plusieurs décès dont les deux enfants Diaz : Isolina, 19 ans et Ramón 12 ans.

(1) Avant 1935, les locaux de la rue Crémeau étaient occupés par l’École de filles Jules Ferry qui fut transférée, après construction, place de Strasbourg.

Sources

• Mémorial des Deux-Sèvres (1936, 1937, 1938, 1939).
• Archives Nationales.
• JMD