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Réfugiée ardennaise, témoignage d’une niortaise

De WikiNiort

Article en construction, septembre 2020

 Percée de Sedan en 1940

Le 13 mai 1940, c'est la " Percée de Sedan " : l’armée allemande, la " Wehrmacht ", franchit la Meuse.

Les Ardennes sont alors le seul département français où la population reçoit des autorités françaises l'ordre d'évacuer, dès le 10 mai 1940.
Entre le 10 et le 15 mai 1940, plus de 90 % des 270 000 habitants des Ardennes  partent sur les routes de l'exode…
Extrait MDS 1940 : Une partie de l'Administration de Charleville et Sedan est transférée à Niort. (Ph 1)
Photo collection privée (Deux-Sèvres) : au centre, le père et ses deux enfants venus des Ardennes en 1940... (Ph 2)

Arrivée des réfugiés des Ardennes à Niort

Les plans d'évacuation prévoient de déplacer des Ardennais réfugiés :

- en Vendée qui accueillera 80 000 Ardennais originaires de l'arrondissement de Charleville-Mézières,
- dans les Deux-Sèvres qui accueilleront 70 000 Ardennais originaires des arrondissements de Sedan, de Rethel et de Vouziers.  
Beaucoup de ces réfugiés vont transiter par la gare de Niort, début juin 1940.
Ils sont alors dirigés vers des baraquements installés sur la Brèche.
La plupart de ces Ardennais recevront l’ordre de rejoindre les villes et communes des Deux-Sèvres et de la Vendée.
Le préfet des Ardennes, Edmond Alexis Lucien Pascal, arrive en Vendée le 22 mai 1940, il installe ses services à Sainte-Hermine en Vendée pendant quelque temps...

René Georges Wilmus, réfugiés Ardennais à Souché en 1940

René Georges Wilmus est né le 8 juin 1892 à Balan banlieue de Sedan, son père est cordonnier.
En 1911, il est engagé volontaire pour 3 ans, en 1912, il est soldat musicien...
La fin de son contrat correspond à la déclaration de la première guerre mondiale, il est mobilisé.
Il termine Caporal en octobre 1918, puis travaille aux chemins de fer de l’Est avant de rejoindre les aciéries de Longwy.
Il se marie le 10 février 1923 avec Noémie Marie Tailleur, ils résident près de Sedan.
Ginette Wilmus, leur fille, naît en 1925 à Sedan.
Noémie Marie Tailleur, décède en 1936, âgée de 47 ans, sa fille Ginette n’a que 11 ans.

En juin 1940, René Georges Wilmus et sa fille Ginette vont quitter les Ardennes pour un périple qui les mène jusqu’à Niort.

Ils sont recueillis à Souché à la maison Demay, le 4 juin 1940.
Ils s’installent alors à Niort, trouvent un emploi à l’entreprise Rougier (1).
Ginette se marie avec un niortais, Fernand Millet, elle vécut avec sa famille à Sainte-Pezenne.
Son père, René Georges Wilmus, décède le 22 août 1974 à Niort, il a 82 ans.
Ginette nous fait un témoignage précis de cette épopée qui va bouleverser leur vie et leur permettre une installation définitive à Niort.
(1) En 1947, les établissements Rougier et fils, exploitent une scierie, déroulage au 106, rue de Saint-Symphorien à Niort.
Extrait du " Petit Courrier " en 1946, recherche de Réfugiés dans les Deux-Sèvres. Cliquez sur l’image pour l’agrandir. (Ph 3)

Mars 1996, témoignage de Mme Ginette Millet, fille de René Georges Wilmus

Je me souviens...
« En 1940, j'avais 14 ans, j’habitais Sedan, seule avec mon père, ma mère étant décédée quand j'avais 11 ans.
Lors de la déclaration de guerre, en 1939, la ville de Sedan était une ville à hauts risques.
Nos parents avaient en mémoire la guerre de 1914 ; cela ne faisait que 21 ans de paix depuis 1918 .
Au début rien de trop grave ne se passait, puis en Mai 1940 l'envahisseur se faisait pressant aux frontières.
Le 10 Mai, toute la journée des Belges qui fuyaient leur foyer en abandonnant tout, sauf quelques objets auxquels ils tenaient, passaient en grand nombre par Sedan.
La vie devenait intenable à cause des alertes incessantes... Le maire de Sedan a décidé de faire évacuer la ville.
L'ordre nous a été donné de rejoindre la gare à 23 heures. Après plusieurs alertes, fébrilement toute une population (certains sont restés), s'est dirigée vers la gare.
Nous avons pris le train mais nous ne savions pas pour quelle direction nous partions.
En cours de route, lors d'un mitraillage, le train a été coupé en deux ; nous étions dans la partie de tête ; je ne sais pas ce qu'est devenue l'autre moitié...
Nous sommes arrivés à Niort, ville dont je n'avais jamais entendu parler !
Nous avons été dirigés vers la place de la Brèche où étaient installées de grandes tentes ainsi que des tables et des couverts.
Là, nous avons été ravitaillés, ensuite nous avons été rassemblés par petits groupes ; des bus nous ont déposés dans différentes communes.
Mon père et moi nous nous sommes retrouvés à Souché...
Insouciance de mon jeune âge, affolement du départ ! toujours est-il que nous n'avions que peu de bagage...
Quand les hostilités ont été calmées, nous sommes retournés à Sedan, éventuellement pour ramener des choses.
Nous avons trouvé Sedan en ruines ; notre maison était debout, par contre tout avait été pillé et pas forcément par les Allemands...
Il ne restait plus rien à l'intérieur ; vaisselle, linge, meubles, tout avait disparu ; plus de papiers de famille. Je n'ai qu'une photo de ma mère... »

Destin des réfugiés ardennais entre 1940 et 1945

Le 22 juin 1940, Philippe Pétain signe l’Armistice afin de mettre fin aux hostilités entre la France et l’Allemagne.
« Le périple fut tellement long pour beaucoup de réfugiés, qu'ils arrivèrent sur leur lieu d'accueil après l'armistice... ».
Sur la population des réfugiés arrivés à Niort, on considère que le premier tiers est reparti dès la signature de l’armistice et début 1941 (Ph 7).
Le deuxième tiers ne repartit qu’à la fin de la guerre en 1945, quant au troisième tiers, il s’installa sur place...

Anecdote

En 1941, le cirque Bouglione est réfugié à Saint-Florent-lès-Niort (Aujourd'hui, Saint-Florent est un quartier de Niort).
Le 25 septembre 1941, Joseph Bouglione décède à son domicile, du Clos Saint-Charles, avenue de Saint-Jean d'Angély à Niort.
En cette même année, devant le magasin du taxidermiste Raymond Chollet au 6, rue Porte-Saint-Jean, la dépouille d’un tigre royal gisait en attendant d’être naturalisée.
Ce tigre, blessé mortellement par un congénère, appartenait au cirque Bouglione qui hivernait, avenue de Saint-Jean.

Sources

  • Ginette Millet que nous remercions beaucoup pour son témoignage réel et vécu (En 1996 et en 2020)...
  • Archives 79.
  • " Mémorial des Deux-Sèvres " (1940)
  • " Le Petit Courrier " 1946.
  • Archives Ardennes.
  • Archives 79, 85
  • Alexandre Blanc, France Bleu Champagne-Ardenne.
  • Hier Sainte-Pezenne.
  • JMD
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