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Souvenirs de La jeune femme de Monsieur René

De WikiNiort


Témoignage de La jeune femme de Monsieur René,

(Recueilli en 1998 par « Les quêteurs de mémoire »)


Je ne suis pas native de Sainte-Pezenne. Arrivée il y a plus de cinquante ans et présentée alors aux Pexinois comme « la jeune femme de Monsieur René » (ce qui m’évitera d’avoir à signer ces quelques lignes, les vieux Pexinois m’ayant dès lors identifié), puis-je dire que je me sens bien devenue moi-même Pexinoise. Je l’espère du moins ayant alors épousé un « pur produit » de votre terre.

Que de souvenirs !

Et tout d’abord mon arrivée par ce qui est devenu depuis la « rue » de l’Hometrou, entre les murs qui me semblaient bien peu accueillants, pour découvrir bientôt quelle jolie vue sur les bords de la Sèvre ils nous cachaient (et nous cachent d’ailleurs encore). L’accueil de cette communauté, l’ambiance de ce village, moi qui avait toujours été citadine m’a surpris. Tout le monde se connaissait et me connaissait.


Les animations du village

Il y avait beaucoup de ce que l’on appelle aujourd’hui « animation ». Le théâtre, d’abord : une troupe d’amateurs talentueux dont je tairai le nom des « vedettes » pour ne pas les faire rougir. Cette troupe n’hésitait pas, sous l’égide de notre bon curé Maurice et sous la direction de Monsieur Neau, metteur en scène dévoué et exigeant, à se lancer dans le théâtre classique au dans le mélodrame, comme « les mystères de Paris ». La troupe participera dans les années 60 à un grand spectacle au Donjon de Niort. Mon époux y tenait le rôle de Du Guesclin et devait chaque jour se rendre maître d’un cheval fougueux ! Tous ces acteurs ont aussi monté un grand spectacle qui a marqué à Burbaillon l’accueil des reliques de Sainte-Pezenne.

Et il y avait les kermesses au Labyrinthe avec les attractions traditionnelles : pêche à la ligne, etc … et les diners champêtres qui les suivaient, et les processions avec les reposoirs et les mosaïques de fleurs dans les rues et les allées, et celles du 15 août, le soir, à la lueur des cierges jusqu’à une petite « grotte de Lourdes ».


Les figures de Sainte-Pezenne

Plusieurs figures m’ont spécialement marqué et laissé un souvenir attendri. D’abord Madame Beguin ; l’épouse de l’archiviste qui a écrit un petit fascicule sur l’histoire de Sainte-Pezenne. Elle avait organisé les Heures d’amitié où de réelles, fortes et durables amitiés se sont effectivement liées et dont certains « trucs » ou recettes échangés me servent toujours.

Et puis ma merveilleuse voisine, Madame Vincendeau, dont le dévouement et la gentillesse ainsi que le joli parler que j’ai découvert grâce à elle ne peuvent s’oublier. Elle allait chaque jeudi, comme beaucoup d’autres femmes d’ici, vendre au marché de Niort les légumes de son jardin. Et elle faisait du lait de ses chèvres de délicieux fromages qu’elle faisait sécher sur des feuilles de platanes. Très patiente avec les enfants, elle leur permettait de caresser les jolies chevreaux que l’on sacrifiait ensuite pour les cuisiner à l’ail nouveau, ou de donner à manger à ses lapins, qu’elle tuait et dépouillait ensuite pour nous les vendre.

On allait chaque matin chercher le lait juste trait à la ferme de Monsieur Giraud, dont les vaches traversaient chaque jour les rues du bourg … Où passeraient-elles aujourd’hui ? Il y avait à cette époque à Sainte-Pezenne plusieurs grosses fermes.

On achetait son pain chez Madame Crépelière qui cuisait pour tout le village les tomates farcies et les rotis du dimanche et les fameuses galettes Pexinoises traditionnelles lors des fêtes et des premières communions.

Les ménagères faisaient leurs courses (et papotaient !) chez Madame et Monsieur Thibeaudeau ou chez Madame Largeas. Là on pouvait aussi boire un verre. Monsieur Largeas et son frère livraient aussi le charbon. Et bien sûr, pas question pour ces commerces du fermer le dimanche !

Tout cela est bien loin ! Sainte-Pezenne a évolué, c’est devenu un quartier de Niort mais on nous a laissé notre Mairie et notre bureau de poste.

C’est notre quartier, certes, mais pour nous cela restera toujours malgré tout « notre village » !