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Barillot Edmond, instituteur à Saint-Liguaire

De WikiNiort
Edmond Barillot en bas à droite à L'École Normale de Parthenay en 1922.

Un jeune homme engagé

Edmond Barillot est né le 28 janvier 1903 à Bagnault d’Exoudun, région du protestantisme.

Il épouse Eva Bigot le 12 août 1925 à Exoudun. Il obtient son diplôme d’instituteur après 3 ans d'études à L’École Normale de Parthenay (promotion 1919-1922).
Jeune normalien, il devance l'appel à la mairie de Parthenay le 2 août 1922.
Il intègre le 35ème régiment d'infanterie comme soldat de 2ème classe.
Le 15 mai 1923 il est nommé sous-lieutenant et passe au 27ème bataillon de Chasseurs le 8 juin 1823.
Il est démobilisé le 1er août 1923. Réserviste, il suit plusieurs périodes d'instruction militaire jusqu'en 1937.
En septembre 1939, il est mobilisé. Il participe à la défense du pays au printemps 1940.
Il fut blessé à l’épaule gauche et à la jambe gauche. Il est définitivement rayé des cadres par la commission de réforme de Poitiers le 25 novembre 1943.
M. Barillot en haut à gauche. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir).
Sortie en car 1951/1952. Mme Eva Barillot est en 3è position au centre à partir de la droite, couverte d'un foulard blanc. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Un instituteur hautement estimé des Léodgariens

En octobre 1923, M. Edmond Barillot est d'abord nommé comme instituteur à Fomperron.

C'est à la rentrée d’octobre 1929 qu’il devient instituteur à l'école communale de Saint-Liguaire.

Il remplace M. Grelet pour la classe de garçons, Mlle Étien a en charge la classe des filles.
L’instruction primaire de Saint-Liguaire, en 1936, est aussi assurée par Mlle Ayrault pour l’école enfantine et Mlle Gaborit comme « institutrice libre ».
La discipline, dans la classe de M. Barillot, était stricte. Excellent pédagogue, il obtient de bons résultats.
Il mène au certificat d'études primaires de nombreux élèves y compris les plus réticents aux études.
Par la suite ces élèves lui ont été reconnaissants de les avoir ainsi armés pour réussir dans la vie.
Son emploi du temps, très serré, ne l'empêche pas de participer à la vie sociale de la commune.
Ainsi, par exemple, il aide à la mise en scène des pièces de théâtre jouées par les jeunes dans le cadre du Foyer Rural.
L'argent récolté servait alors à financer des sorties en car. (Voir photo)
Parfois après la classe des élèves sont en « retenue », c’est alors sa femme qui occasionnellement garde les « punis ».
À ce propos, on raconte une anecdote : un élève qui sans doute avait beaucoup de peine à tenir sa langue devait rester le soir faire son verbe « bavarder ».
Il en avait préparé 2 ou 3 exemplaires d'avance. Le jour où il fut puni, il revint beaucoup trop vite rendre sa copie.

M. Barillot comprit le stratagème et à partir de ce jour là, c'est lui qui fournit les feuilles destinées aux punitions avec le tampon de la date en en tête...

D’origine protestante, il est d’une complète neutralité vis à vis des croyances de chacun.
Cependant, il a eu parfois des soucis avec le curé de la paroisse.

Beaucoup se souviennent de cet épisode où le Prêtre se présente un matin à l'entrée de la classe :

-Il est mécontent car deux élèves qui devaient quitter les cours pour servir comme enfants de chœur lors d'un service funèbre (comme c'était la coutume) n’étaient pas arrivés à la sacristie.
-M. Barillot n'y était pour rien. Ces deux élèves avaient tout simplement oublié cette cérémonie...

Durant la guerre 40, M. Barillot eut quelque temps, en stage, un élève-maître nommé Paul Drévin. (1)

Parfois, ce dernier, pour permettre à M. Barillot de se libérer, emmenait les élèves faire une activité obligatoire en ces années de guerre :

-Le ramassage des doryphores dans les « champs de patates » (les produits chimiques pour détruire ces nuisibles n'étaient plus dans le commerce).

La sortie était l’occasion pour Paul Drévin, le jeune instituteur de faire découvrir la nature et le nom des plantes...

Nous avons, par la suite, appris que cet élève-maître engagé dans la résistance avait perdu la vie lors d'un sabotage contre l'occupant allemand.
(1) Paul Drevin (1923-1944) (Promotion 39 / 42 ) obtient son bac en 1943, il s’engage à l’automne 1943, dans la Résistance avec 4 de ses camarades de l’École Normale.
En cette période troublée de la guerre, l’École Normale des garçons s’est transportée au collège de Saint Maixent.
Un moyen d’actions de lutte des résistants contre l’envahisseur est l’organisation de sabotages ferroviaires.
Le 16 août 1944, Paul Drevin pose, avec un camarade Résistant, un engin explosif à Ricou, près d’Azay-le Brûlé, sur la voie ferrée Poitiers-Niort.
L’engin ne fonctionna pas, le 18 août Paul Drevin retourne à Ricou, accompagné de plusieurs camarades pour poser un autre engin à quelques mètres du premier.
Afin de constater pourquoi le premier engin n’avait pas fonctionné, Paul Drevin s’approche de celui-ci et c’est le drame.
Cette explosion entraîne la mort de Paul Drevin et de son camarade, Paul Veillon, niortais, élève-maître âgé de 21 ans, qui l’accompagnait.
Le 19 août 1944, les deux victimes sont inhumées au cimetière des Sablières, en présence d’Edmond Proust, alias Chaumette, chef des F. F. I..
Paul Drevin suivit dans son engagement, pour recouvrer la liberté, la devise de sa promotion de l’École Normale :
« Viens donc, viens, il est temps, tardive LIBERTÉ » (Lamartine)

Fin de la carrière d’instituteur de M. Edmond Barillot

Après avoir enseigné de nombreuses années à Saint-Liguaire, M. Barillot est promu directeur de l’école Ferdinand Buisson à Niort. Il y termine sa carrière.

Son fils Jean, né en 1927 à Fomperron, exerça comme médecin, dans le Marais Poitevin, à Arçais.
Edmond Barillot décède le 25 décembre 1995. Il est inhumé au cimetière de la Broche à Saint-Florent.

Sources

  • Archives départementales : registres d'état civil, recensements, matricules militaires.
  • Cet article a été rendu possible grâce à la participation de M. Paul Aimon qui a accepté de nous apporter ses souvenirs d’écolier avec cet instituteur. Qu'il en soit vivement remercié.
  • Annuaires Deux-Sèvres 1936.
  • « Se souvenir de l’École Normale en Deux-Sèvres » (Claudine Béguier-Magne).
  • « La Résistance en Deux-Sèvres » (M. Chaumet, J. M. Pouplain)
  • « Hier Saint-Liguaire » janvier 2019.