Le logiciel MediaWiki a été mis à jour afin d’être plus rapide. Si vous observez des problèmes, veuillez laisser un message sur Le Bistro.
Il a été ajouté l’éditeur visuel pour faciliter l’édition (exemple) et un système de discussions amélioré (exemple).

Filles de la Sagesse au Centre Hospitalier de Niort de 1729 à 1977

De WikiNiort

Article en construction, janvier 2020

« Pendant plus de deux siècles, l’hôpital de Niort a été tenu d'une main de fer par les sœurs.
Le contrat qui liait le Centre Hospitalier à cette congrégation depuis 1729, a été rompu en 1977 ».
(Notes de Blouses, numéro spécial octobre 2006)

La Congrégation des Filles de la Sagesse et le Centre Hospitalier de Niort

Cour d'honneur de l'Hôpital Hospice de Niort au XXe, à gauche, présence de deux Sœurs. (En haut dans la stèle (fontaine) : statue de Saint-Joseph).
Cloître (Hôpital-Hospice) (Photo Jean-Michel Dallet (2020))
En 1702, la Congrégation des Sœurs de la Sagesse a été fondée par le Père Louis-Marie Grignon de Montfort.
En 1720, après la mort du Père de Montfort survenue en 1716, Marie-Louise Trichet fonde à Saint-Laurent-sur-Sèvre la maison mère de la Congrégation.
Cette maison mère fut la pierre angulaire de toutes les maisons qui ouvriront en France puis dans le monde :
En 1729, c'est l'Hôpital de Niort qui sollicite, l'aide de Marie-Louise Trichet, Sœur Marie-Louise de Jésus pour mettre de l'ordre.

Le contrat qui lie la Congrégation et le Centre Hospitalier est signé le 21 juillet 1729, en présence de la Supérieure de St Laurent.

Ce contrat ne sera modifié qu'en 1964...
Les premières années ne sont pas faciles pour les Sœurs à l'hôpital de Niort, dont on dit qu'il est dans un état sanitaire déplorable et repoussant de saleté.
Les Filles de la Sagesse s'épuisent sous le poids du travail et les cinq qui composent toute la communauté niortaise du début contractent des affections mortelles et disparaissent tour à tour.
Le grand nombre de Sœurs qui meure épuise la Communauté de St Laurent, obligée de les remplacer.
Ainsi, l'hôpital est considéré comme « le tombeau des Filles de la Sagesse ».
Au départ, les Filles de la Sagesse s'occupent essentiellement des pauvres et des infirmes.
Les soins aux malades sont réalisés par une autre congrégation, les Sœurs Hospitalières.
Les Filles de la Sagesse vont très vite les remplacer.

Leurs fonctions principales

À l'Hôpital de Niort elles n'ont été sollicitées que pour le soin des pauvres, des indigents, des infirmes et des malades.

Elles distribuent, après les avoir reçus de l’économe les vêtements, les aliments et tous les autres objets nécessaires au service ;
Elles surveillent les ateliers de travail dans la section des femmes et jeunes filles et donneront l'instruction primaire aux enfants de l’établissement ;
Elles ne peuvent gérer aucun des biens, ni recouvrer aucune des parties des revenus de administration hospitalière, même lorsque ce sont des revenus en nature.

Leur salaire 

Elles sont nourries, logées par l'hôpital mais ne perçoivent aucun salaire : Voir annexe.
Il faut attendre 1946 pour que leur indemnité annuelle dite de « vestiaire » soit portée à 2500 francs.
L'aumônier, lui se verra octroyer avant les religieuses, une somme de 34 800 francs.
Chapelle de Notre-Dame du Sacré-Coeur, avant la chute de la flèche...

Leur chapelle

Afin que les Sœurs puissent se consacrer correctement à leurs prières, une chapelle avait été sollicitée à leur attention.
Il s'agit de la Chapelle de Notre-Dame du Sacré-Coeur. La première pierre est posée le 25 mars 1874, les fondements du petit édifice étaient jetés et le 9 juin 1875, l'édifice était consacrée par Monseigneur Pie (1).
Elle est l’œuvre de Pierre Paul Brisacier (2).
Elles est construite dans le style du XVe. Elle s'étend en forme de croix et au centre s'élève une gracieuse coupole, sur laquelle est hardiment montée une flèche élancée (voir photo), portant dans son flanc une statue monumentale de Notre Dame du Sacré-Cœur..
Un des vitraux fixent l'attention ; c'est celui qui représente le Père de Montfort donnant l'habit à la première fille de la Congrégation des Filles de la Sagesse.
Tout l'hôpital était là à cette occasion.
« On y voyait les vieillards, les enfants, les infirmes de tout âge, les pauvres aliénés, les militaires, dont les bonnes voix ont chanté le Sacré-Coeur, les Enfants de Marie de la maison avec leurs bannières, enfin les bonnes Sœurs de la Sagesse, saintes et dévouées gardiennes de tout ce troupeau. » (semaine liturgique p. 426)
En 1882, un aumônier célèbre, Edouard Bontemps qui après avoir officié aux Fontenelles pendant la guerre de 1870, avait rejoint l'hôpital-Hospice de Niort.
Il remplace le père Louis Julien Cotillon qui avait été aumônier pendant 36 ans.
Edouard Bontemps fit ériger dans cette chapelle, deux statues de Notre Dame du Sacré Cœur et de Notre Dame de Lourdes.
(1) Louis Édouard Pie (1815-1880), évêque de Poitiers à partir de 1849 et promu cardinal en 1879.
(2) Pierre Paul Brisacier, né à Lignières de Touraine en 1831, fut prêtre, architecte et sculpteur, il décède en 1923.

Leur présence dans l'hôpital de Niort

L'hôpital a été marquée profondément par cette présence. Elles occupaient tous les postes stratégiques.

Ce sont elles qui dirigeaient les services de soins.
La journée était rythmée par leurs sorties en file indienne pour se rendre à leurs offices à la chapelle de l'hôpital.
Ce groupe de Sœurs habillées de noir avec une grande cape pour cette occasion rappelait bien le pouvoir qu'elles y exerçaient.
Les sœurs avaient la réputation d'être sévères. Elles ont assuré seules l'activité hospitalière jusqu'à l'arrivée des premiers personnels laïques dans les années 50.
Les dernières religieuses sont parties dans les années 1990.

Quelques unes se souviennent :

  • Sœur Marie-Pierre :
« On travaillait beaucoup. Nous nous levions à 5h30 chaque matin, sans compter les nuits où il fallait se réveiller pour des urgences.
Quelquefois, pour des anesthésies, je me suis levée trois fois dans la nuit. »
  • Sœur Bernadette :
« Durant la seconde guerre mondiale, les sœurs ont beaucoup aidé les réfugiés. »
  • Sœur Amédée, entrée à l'hôpital en 1945. Surveillante aux cuisines pendant 7 ans puis responsable de la morgue pendant 33 ans :
« L'après guerre n'a pas toujours été facile. En 1945, ça été terrible, nous manquions de tout.
Il n'y avait pas assez de nourriture pour tout le monde. Il fallait tout compter.
Or à cette époque, il y avait 1800 à 2000 personnes à alimenter puisqu'on nourrissait également le personnel.
Il m'est arrivé de pleurer quand je voyais des personnels venir chercher les repas et que nous n'avions rien à leur donner. »
  • Sœur Clément a travaillé comme préparatrice à la pharmacie de 1945 à 1977 :
« En 1944, lorsque je suis arrivée, nous étions plus de 80 sœurs à l'hôpital.
Au 3ème étage du bâtiment Trousseau, nous soignions les enfants et au 4ème les Allemands qui étaient blessés et malades. 
Tout se faisait à la main à cette époque, les cachets, les pommades, les suppositoires. Nous préparions également les potions ».

Le nombre des sœurs a sensiblement varié selon les années :

-En 1875 : 43,
-En 1884 : elles sont environ 80,
-En 1924 : 71,
-En 1937 : 75,
-En 39/45 : 96,
-En 1957 : 60,
-En 1967 : 60.

Par deux fois, pendant la Révolution et à la fin du XIXe (à cause des lois laïques), les Sœurs ont dû quitter l'hôpital.

Le bicentenaire de leur existence au Centre Hospitalier a été commémoré en présence du Dr PETIT, doyen du corps médical, par la Commission administrative le 29 décembre 1929.
La crise des vocations, l’évolution de la vie religieuse firent que le contrat initial a été largement modifié en 1964.
1943 Au centre, à gauche : Sœur Marthe et à droite Sœur Gaétane (Monitrices), au centre : Sœur Louis-Marie de la Providence (directrice).

L'école d'infirmières

Le début de l'année 1943 est marqué par une initiative importante : la mise à l'étude de la création d'une école d'infirmières d’État.

Sur proposition du Dr Henri Laffite (1897/1993), celle-ci comporterait un petit internat avec 50% d'étudiantes religieuses, doublée d'un externat plus largement ouvert aux jeunes filles ayant le baccalauréat ou le Brevet supérieur ou encore ayant satisfait à des épreuves équivalentes.
Cette école sera inaugurée par le préfet, René Chopin, le 14 novembre 1943.
La direction de cette école et la formation sont confiées aux sœurs.
  • Le bombardement de l’Hôpital de l’Hôtel-Dieu de Nantes, en septembre 1943, fit treize victimes parmi les sœurs infirmières de cette ville..
Huit religieuses-étudiantes infirmières de Nantes furent alors recueillies à l’Hôpital de Niort par les filles de la Sagesse en octobre 1943.

En octobre 1968, une cérémonie commémore les 25 années de la création de l’École d’infirmières de Niort.

Cette école créée le 21 août 1943 portait le titre de :
« École d’infirmières et d’assistantes sociales du service rural de la Région Poitou-Charentes »

Directrices de cette école depuis sa création :

1943-1951 : Sœur Louis-Marie de la Providence (8 ans).
1945-1951 : Sœur Marie-Cécile de l’Incarnation (2ème directrice à partir de 1945) .
1952-1961 : Sœur Anne-Marie Loes (9 ans).
1961-1963 : Sœur Annick de Notre-Dame (2 ans).
1963-1966 : Sœur Marie-Xavier du Sacré-Cœur (2 ans).
1966-1976 : Sœur Henri-Marie de l’Eucharistie (10 ans).
1976-1995 : Mme Micheline Desplébin (Première directrice laïque) (19 ans).
1995-1996 : Mme Marie-Françoise Lucquiaud (En intérim).
1996-  : Mme Dominique Pougnard.

La promotion de 1968 : « Noces d’Argent », comptait 117 élèves originaires de toute la France, la moitié venait des Deux-Sèvres.

L'école restera sous la responsabilité des Sœurs jusqu'au 1er novembre 1976, nomination de la première directrice laïque de l'école.

Témoignage en 2020

«  J'ai connu ces religieuses pendant 15 ans de ma vie professionnelle.
Tout d'abord pendant mes études d'infirmière puis en tant qu'infirmière, et enfin en tant que formatrice.
C'était des femmes ayant reçu une éducation stricte dont la majorité avait une forte personnalité.
Elles se distinguaient par leur tenue.
En dehors des services de soins où elle portait des vêtements blancs sur leur habit de ville, elles avaient une longue robe de lainage gris avec des manches longues dont la jupe plissée leur donnait une forme volumineuse.
Sur la poitrine un triangle blanc bien ajusté pour faire ressortir la grosse croix qu'elles portaient, affirmant leur engagement, leur servitude.
Cette croix qui ressortait de leur tunique très serrée avait une longue tige enfilée dans un fourreau pour qu'elle se maintienne droite.
On ne voyait d'elle qu'une partie de leur visage car celui-ci était encadré par une cornette blanche, véritables œillères rigidifiées par un empesage savant comportant un bonnet cachant le moindre cheveu, signe qu'il fallait marcher droit devant soi.
Elles avaient des chaussures noires plates silencieuse.
Les responsables portaient un énorme trousseau de clefs à la taille ce qui les annonçait de loin et affirmait leur autorité et leur importance dans l'institution.
Dans ce groupe de religieuses, il y avait des femmes adorables, sur qui l'on pouvait compter et qui défendaient les valeurs de leur engagement.
Mais il y avait aussi des « pestes » et l'entente entre elles n'était pas toujours cordiale dans le groupe.
Certaines, qui étaient au pouvoir, exerçaient une pression importante sur les autres, comme elles étaient inflexibles, voir rigides avec leurs équipes.
Le harcèlement existait déjà et pouvait prendre une violence extrême dans ces groupes religieux très fermés.
Il fallait qu'elles aient une foi immense dans ce qu'elles faisaient pour tenir, avoir le sourire.
J'ai eu et j'ai toujours de grandes amies dans cette congrégation malgré hélas de nombreux départs liés à l'âge.
Je garde un souvenir ému de mes premières nuit en tant qu'infirmière avec une sœur particulièrement attentive et dévouée : Sœur Marie-Joseph.
Elle a toujours répondue présente quand je lui ai demandé des conseils.
En tant que formatrice j'ai travaillé avec deux sœurs auxquelles je veux rendre hommage : Sœur André Hubert, qui hélas nous a quitté et sœur Marie-Bernard.
Toutes les deux très dévouées, professionnelles.
Pour sœur Marie-Bernard, j'appréciais tout particulièrement son humour et sa joie de vivre.
En tant qu'élève, je me suis sentie soutenue par une directrice discrète, respectueuse de chacun : Sœur Annick.
J'ai assisté à leur changement de tenue en 1966. Cela était une véritable révolution pour elles, source de grande excitation.
Le lourd habit gris a été remplacé par une robe grise plus légère et plus courte, couverte d'un scapulaire.
La grosse croix est remplacé par une petite croix et sa chaîne. La coiffe disparaît au profit du voile.
Certaines s'habillent déjà en civil pour rejoindre l'idée du fondateur : « porter l'habit des femmes de notre temps ».
La majorité quitte l'habit dans les années 1990.
Maintenant, elles portent une tenue civile, ce qui ne les empêche pas de respecter les vœux qu'elles ont prononcé et d’œuvrer au service de leurs concitoyens ».

Sources

  • Notes de blouses : journal interne au personnel du Centre Hospitalier de Niort, octobre 2006
  • Archives départementales des Deux-Sèvres
  • Archives du Centre Hospitalier de Niort. Bibliothèque du CH.
  • BURGUET Jean, médecin psychiatre. (1994). «  L’Hôpital-Hospice de Niort durant la 2ème guerre mondiale (1939 à 1945) à travers les délibérations de la Commission administrative  »,
B. S. H. S. des Deux-Sèvres, Tome II – 1er semestre
  • Documents élaborés par Emmanuelle Novier, bibliothécaire Centre Hospitalier de Niort à l'occasion des journées du patrimoine.
  • Semaine liturgique de septembre 1875.
  • " Mémorial des Deux-Sèvres " 1943.
  • NR 1968.
  • Texte : Micheline THOMAS-DESPLEBIN.
  • Mise en pages, illustrations : Jean-Michel Dallet