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Niort Fouras et la mer en 1933

De WikiNiort

Voyage à la mer à partir de Niort en 1933

Dans cette période, entre les deux guerres, les gens ont envie de découvertes, les voyages sont rares.
Bien que la région niortaise soit située près de l’océan, la sortie vers les plages et les bains de mer sont alors réservés aux classes huppées.
L’évolution des transports par train et aussi par autobus (voyage à la journée avec les autobus Brivin) ont permis aux gens modestes de découvrir, pour la première fois, la mer et ses activités.
L'arrivée des congés payés, en 1936, va favoriser les vacances et les séjours au bord d l'océan.
La petite station balnéaire de Fouras-les-Bains, fut l’une des destination favorites des niortais.
En août 1933, les cars Brivin font 2 aller et retour pour rejoindre Fouras :
- Départs de Niort de 7h 50 ou 10h 30 arrivées à Fouras à 10h 30 ou 16h.
- Départs de Fouras à 7h 30 ou 17h arrivées à Niort 10h ou 19h 35.
Le prix des billets est de : aller = 18 F, aller et retour = 29 F.
Gare routière : départ des autobus Brivin (Face à l'église Saint-Hilaire).

Récit d’une journée à Fouras en 1933

  • Lors de l’été 1933, par un témoignage en patois, une journée à Fouras nous est contée :
« Quemme i sont d’bons amis, faut thi v’raconte mon voyaghe de dimouenche au bord d’la mer.
Dépis thieuque temps, ma femme m’turlipinait presque chaque jhour peur allé fouère un tour à Fourase, m'disant qu'avour, à neutre aghe, o l'était bé temps d'prendre do piaisir et qu'o s’rait bé malheureux d’mourir sans avouère vu la mer, seurtout qu'avec les Autobus o l’était quemode peur s'transporta.
Nous via donc partis, ma femme et mé, dans ine belle Autobus Brivin, ben assis dans chacun in bia fauthieu, à couté d’ghens thi racontions toutes sortes d’histouères et d’voyaghes ; l’parlions même d’la « Venise Varte » et d’ses agréments, sans bé sûr, en savouère les désagréments.
Jh’écoutions tranquillement, quand tout d’un cop, la vouèture fit ine embardaie, su la banquette peur évita ine garce d’vache thi. sortait d’un chemin avec in chen au dare ; o s’passit bé… Y v’lait bé descendre engueula la bergère thi berdassait avec un gas, mais l’chauffou n’o v’lit ; jh’étions déjà partis.
En arrivant à Fourase, fallit bé descendre, pardine, bé qu’ma bourgeoise v’lait toute force fouère l’tour de la ville en vouèture, d’crainte d’échauffa.
Queume o l’était bétout l’heure de déjheuna, i décidirons d’alla nous installa au Café d’la Fumaille, tout proche d'la mer.
Un bel endret, ma foué, peur thié thi avons ren à fouère ; puis on y manghe poué trop mal, poué trop cher et ben à sen aise.
Les ghens thi i sont font poué d’manières, presque tretous sont nu pieds et en bras d’chemises, queume cheu nous et bé causants.
Après avouère bé déjheuné et pris un bon café avec ine petite rincette, i firons l’tour de la ville ; pis, bras d'ssus, bras d’ssous, j'harrivirons à la piaghe ; o f’sait chaud, j’hétions tout en naghe.
Jhamouais d’not vie jh’avions vu ine chouse pareille ; thieu tabiau, mes amis !
Les gens grouïons dans l’ève queume dos Poessons dans un gardou et, au bord, les drôles, les hommes, les femmes s’trevirions tretous les uns sur les autres queume dos grouées d'canets sans piumes.
Les houmes avions dos méchants canissons thi les gardions à peine dos mouches ; tant qu’o femmes, a 1’en avions pas pu su l’échine et aillous qu’not jument Pélaghie en a sous l’ventre, quand a l’est enselaïe.
I en avions assez vu ! Thieu misère, d’sait ma femme en s’en allant, d’vouère dos modes pareilles !
Asteure, les femmes portons dos thiulottes queume les houmes ; en n’avons poé, d’chausses, poué d’corsets, sans doute poué d'chemises, avec ine espèce d’méchant :souten-gorghe thi souten ren du tout ; o fouit d’partout, l’échine est dégarnie jhusqu’aux fesses, autant vouère un concours agricole !
Le souère, en rentrant, jh'étions tous deux malades ; était-to la chalou, était-to thié horreurs thi avions vu thi nous avions tournaïe les sangs, teurjhours éto, thi étions bé mal foutus ; aussi, i v'assure, qu'ma bourgeoise et mé, avons bé jhuré d’ne pu jamouais fout les peds dans dos endrets pareils…. »
  • Remarques :
Ce témoignage utilise un dialecte, hélas de moins en moins parlé, à notre époque, dans la région niortaise.
Le narrateur, ici un paysan, utilise des expressions de bon sens, souvent teintées d'ironie.
Plage de Fouras-les-Bains dans les années 1930.
En 1938, la plage de Fouras semble être l'endroit choisi par les niortais qui s'y rendent aussi par le train direct....
  • Même texte, plus lisible pour une majorité d'entre nous :
Comme nous sommes de bons amis, il faut que je vous raconte mon voyage de dimanche au bord de la mer.
Depuis quelque temps, ma femme me demandait presque chaque jour d'aller faire un tour à Fouras, me disant aussi qu’à notre âge, c’était bien le moment de prendre du plaisir et qu’il serait bien dommage de mourir sans avoir vu la mer, surtout qu’avec les autobus, c’était commode pour être transporté.
Nous voilà donc partis, ma femme et moi, dans un bel autobus Brivin, bien assis dans chacun des beaux fauteuils, à côté de gens qui racontent toutes sortes d’histoires et de voyages ; ils parlent même de la " Venise Verte " de ses agréments sans bien sûr aborder les désagréments.
Nous écoutions tranquillement, quand tout à coup, l’autobus fait un écart, ressenti sur la banquette, pour éviter une " garce " de vache qui était sortie d’un chemin poursuivi par un chien, tout fini bien.
Je voulait descendre réprimander la bergère qui parlait avec un garçon, mais le chauffeur refusa et nous étions déjà partis.
En arrivant à Fouras, fallait bien descendre, pardi, bien que ma femme voulait absolument faire le tour de la ville en voiture, de peur d’avoir trop chaud.
Comme il était bientôt l’heure du déjeuner, nous décidons de nous installer au restaurant de la " Fumée ", proche de la mer.
Un bel endroit, ma foi, pour tous ceux qui n’ont rien à faire ; puis on n’y mange pas trop mal, pas trop cher et bien à son aise.
Les gens sont simples, presque tous sont pieds nus, en chemisettes, comme chez nous et bien causants.
Après avoir bien déjeuné et pris un bon café avec digestif, nous faisons le tour de la ville, puis en nous donnant le bras, nous arrivons à la plage ; il fait chaud, nous étions en sueur.
Jamais de notre vie nous avions vu un tel spectacle, ce tableau mes amis !
Les nombreux baigneurs nageaient dans cette eau comme des poissons dans une écluse à poissons, et au bord, les enfants, les hommes et les femmes, les uns sur les autres comme un groupe de canards sans plumes.
Les hommes avaient des petits caleçons qui gardaient à peine les mouches ; quant aux femmes, elles n’avaient pas plus sur le dos, et ailleurs, que notre jument Pélagie en a sous le ventre, quand elle est harnachée.
Nous en avions assez vu ! Quelle misère, disait ma femme, en s’en allant, de voir des choses pareilles !
Maintenant, les femmes portent des pantalons comme les hommes ; elles n’ont pas de chaussettes, pas de corsets, sans doute pas de chemises, avec une sorte de petit soutien gorge qui soutient rien du tout ; ça dépasse de partout, le dos est dégarni jusqu’aux fesses, autant aller voir un concours agricole !
Le soir en rentrant, nous étions malades tous les deux ; était-ce la chaleur ou les horreurs que nous avions vues et qui nous avaient contrariés, toujours était-il que nous n’étions pas en forme ; aussi je vous assure que mon épouse et moi, avons juré de ne plus jamais mettre les pieds dans des endroits pareils...

Sources

  • Témoignage d'un lecteur du " Mémorial de l'Ouest " (1933, 1938)
  • Texte, illustration et mise en page : Jean-Michel Dallet.