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Port fluvial de Niort

De WikiNiort
Port de Niort jusqu'au milieu du XIXe siècle.

Niort : un site stratégique

En Poitou, Niort a joué très tôt un rôle commercial majeur entre l'arrière pays et le golfe des Pictons.
À partir du 10e siècle son rôle stratégique s'intensifie.
La forteresse est citée dans l'histoire pour la 1ère fois vers 946.
Cette forteresse sert alors de point d'appui au comte de Poitiers pour l'accès à l'Aunis et à la mer.
Au 12ème siècle, Richard duc d'Aquitaine (Le futur roi d'Angleterre : Richard Coeur de Lion) fait élever des fortifications sur près de 3Km ainsi qu'un double donjon réunissant les 2 collines de la ville (les actuelles collines Saint-André et Notre-Dame).
Un poste avancé, le fort Foucault, est construit sur l'un des îlots face au Donjon.
Au début du 13ème siècle, la cité obtient le droit de se constituer en Commune par le roi d'Angleterre (Jean Sans Terre), droit confirmé par Aliénor d'Aquitaine et enfin par le roi de France.
Louis VIII rattache le Poitou à la couronne en 1224.
En 1639, état de l'Écluse de la Roussille. (1)-En 1639, Philippe Berland, Seigneur du Plessis, est maire et capitaine de Niort. (2)-François Villemontée (1598-1670) est conseiller du Roi en Poitou.
Port de Niort, règlement de Police de 1841 (Copie).
Place du Port (Ancien) devant le moulin du Roc.
Place du Port (Ancien), en arrière plan le poste de l'octroi, bascule de pesage.
Le nouveau Port de Niort avec gabarre transportant du bois.
Le nouveau Port de Niort avec vue sur usine Boinot.

La création des 2 premiers ports : 13è au 16è siècles

Au 13è siècle, Niort commence à sortir de son rôle militaire et acquiert, grâce à la Sèvre, un rôle commercial de premier plan.
Le commerce du vin, du blé, du sel, des draps fait alors la richesse de la ville.

Un premier port plutôt sommaire, appelé " Le Grenier ", est créé dans la douve nord au pied du Donjon vers l'actuelle rue Brisson à l'embouchure d'un ruisseau servant d'égout appelé le Merdusson (1).

En 1285 puis en 1325, le pouvoir royal décide la création d'un véritable port.
Par contre la Guerre de 100 ans entrave durablement ce projet jusqu'à la fin du 14è siècle.
En 1377, Jean duc de Berry, de passage à Niort, décide de la levée d'une « Coutume » pour financer la construction du nouveau port.
Cette taxe est imposée sur toutes les marchandises transitant par Niort.

Ce deuxième port est créé sur la rive droite de la Sèvre vers l'actuelle Place du Port.

Cette réalisation s'étire jusqu'au début du 15è siècle.
Elle s'accompagne de la création d’écluses pour réguler le niveau de la Sèvre.
Celle de La Roussille est le premier maillon de ce dispositif.
Les gabarres remontent la Sèvre de Marans à Niort (2).
Par contre cette mise en navigabilité de la Sèvre entre Niort et Marans est fragilisée par la nécessité d'un entretien constant et par les guerres.
En 1468, Louis XI ré-institue la « Coutume » pour rétablir le port.
C'est aussi à cette époque qu'est créée, entre le port et le prieuré Saint-Martin, une voie canalisée appelée Canal Saint-Martin.
Ces aménagements libèrent certains bras de la Sèvre des contraintes de la navigation permettant ainsi la créations de moulins comme ceux de Bouzon et de Comporté mentionnés dès la fin du 15è siècle.
Au 16è siècle l’activité portuaire est en plein marasme du fait des Guerres de Religion.

Le Canal navigable du Port à Comporté fut creusé ou approfondi, entre 1375 et 1395, par ordre du duc de Berry (1340/1416), lors de l’aménagement du Port.

Ce canal portait alors le nom de " Rivière neuve ".
(1) Le Merdusson est en fait un canal qui contrôlait l'écoulement de la rivière Bouillounousse qui prend sa source sur les hauteurs à l'est de la ville.
(2) Gabarre : bateau à un mat avec peu de jauge, appelée aussi « gabarre de Sèvre ».

La Sèvre, poumon économique de Niort : 17è-18ème siècles

Au 17è siècle Niort retrouve une certaine prospérité.
Celle-ci se confirme au 18è siècle, Niort devient alors la capitale de la chamoiserie.
La ville profite à la fois de l’importation des peaux du Canada et des eaux de la Sèvre nécessaires pour leur traitement.
Les moulins à blé se dotent alors de foulons nécessaires pour le battage et le tannage des peaux.
Cette activité est considérablement ralentie par la perte du Canada au traité de Paris en 1763.
Elle est relancée par Thomas Jean (1745-1821) qui importe d'Angleterre une nouvelle technique de traitement des peaux.
Le développement de la chamoiserie est alors spectaculaire.
Ainsi, si au début du 18è siècle, Niort compte près de 400 ouvriers chamoiseurs, en 1783 la chamoiserie en emploie plus de 1500.
Par contre les inondations sont fréquentes. Par exemple en 1747 « l’eau monte de 25 pieds le long des murailles » et emporte tout sur son passage.
Ponts et moulins doivent être reconstruits...
En 1789, les mariniers remplissent les cahiers de doléances de reproches faits aux riverains qui plantent des arbres le long du fleuve.
D’autre part, les privilèges royaux étant abolis (Nuit du 4 août 1789), les devoirs d'entretien sont de fait abandonnés.
En 1798, à Coulon, on note que le fleuve est obstrué, que les canaux s'envasent et que les écluses sont de plus en plus abîmées.

La fin du commerce fluvial : 19è siècle et début 20è siècle

La révolution de 1789 passée, les efforts des municipalités successives portent sur la régulation du débit de la Sèvre, l’entretien de son cours et l’amélioration de sa navigabilité.
En 1807, Napoléon prend un décret d'aménagement de la Sèvre afin de conforter son rôle de voie navigable.
L'année suivante, de passage à Niort, il ordonne la construction du quai de la Régratterie ce qui est fait en 1809.
Des ateliers des chamoiseurs se développent alors au rez de chaussée des maisons bordant ce quai.
Par contre le port est en très mauvais état au point qu'en 1803, il a fallu combler son extrémité (l'actuelle place du port).

La cale du port se situe désormais au niveau du moulin du Roc :

Il faut surtout réguler et contrôler le débit du fleuve car les inondations sont fréquentes.
La question des niveaux d’eau s'intègre alors dans de vastes programmes élaborés par les ingénieurs des Ponts et Chaussées.
Le projet d'un canal de Niort à La Rochelle est certes abandonné.
Par contre en 1818, l'ingénieur Mesnager prévoit la reconstruction de l'écluse de La Roussille (chose faite en 1825) et un barrage à Sevreau.
À partir de 1851, l'ingénieur Maire propose le redressement des méandres de la Sèvre.
Finalement quelques petits méandres sont redressés formant de nombreux îlots, pour exemple : création de l'île aux Oiseaux.
Des écluses sont construites pour étager la Sèvre : l'écluse de la Tiffardière en 1860 et celle de Comporté en 1862.
La situation évolue lorsque Thomas Hippolyte Main décède en 1860.
À sa mort, celui-ci fait don à la ville d'une partie de sa fortune.
En 1867, les Ponts Main sont construits entre les deux rives de la Sèvre.
La même année le vieux port médiéval est comblé. Son chenal est recouvert d'une voûte (sous l’actuel boulevard Main).

Le port est déplacé en aval du moulin Neuf (future Boinot Théophile et ses fils (chamoiserie Boinot) :

Ainsi, jusqu'à la fin du 19ème siècle, la Sèvre continue à jouer un rôle important dans l'importation des peaux et dans l'exportation des produits de la Chamoiserie.
Une trentaine de gabares assure le trafic fluvial jusqu'à Marans.
Par contre, au début du 20è siècle le port périclite face à la concurrence de la route et du chemin de fer (La section Poitiers- Niort est ouverte en juillet 1856 et la section Niort-La Rochelle en septembre 1857).
En 1917, un dernier convoi fluvial est affrété pour pallier le manque de trains du fait de la guerre avec les Gabares Clémence-Hortense et Paul et Berthe.

De la disparition de l'industrie de la Chamoiserie à Port Boinot : 2ème moitié du 20è siècle et début 21è siècle

L'industrie finit par se détourner de la Sèvre.
Lentement la chamoiserie niortaise périclite du fait de la concurrence et par manque de nouveaux débouchés.
Dans les années 1950, il ne reste que 8 chamoiseries.
Au tournant des années 1980, c'est la fin.
La chamoiserie Rousseau ferme en 1981 et Boinot dépose son bilan en 1996.
La Sèvre devient alors exclusivement un lieu de promenade (Quai Belle île et Quai Métayer), de loisirs.

L’aménagement de la Coulée Verte, à partir des années 1990, sonne comme un début de reconquête des bords de Sèvre.

Aujourd’hui, les regards se tournent vers le port et l'ancienne usine Boinot.
Le site appelé « Port Boinot » est en cours de réhabilitation depuis 2015.
Ce programme vise à transformer 25000m² de cette friche industrielle en espace paysagé doté de lieux d'accueil et d'information pour une nouvelle offre en matière de loisirs, de nature et de tourisme.
Pour ce dernier point Port Boinot serait le départ de mini croisières fluviales à partir de la cale du port entre Niort et Marans soit 50km dédiés à la navigation de plaisance.
À cet effet, les écluses qui jalonnent ce parcours sont en voie d’être réaménagées comme celles de La Roussille et de La Tiffardière.
Port Boinot offre donc à la ville de Niort l’opportunité de renouer avec son passé portuaire et de se tourner à nouveau vers l'Atlantique.

Sources

  • Sites internet : Wiki Niort. Wikipedia. Inventaire Poitou-Charente. Geneablog 79.
  • " La vallée de la Sèvre dans le Marais Poitevin : Niort, les bords de Sèvre et Saint-Liguaire ".
  • " L'évolution urbaine de Niort ", J. Miquet 1967.
  • Mémorial des Deux-Sèvres 1868. (Notes de 1639).
Texte : Maurice Vinck
Mise en page et illustration : Jean-Michel Dallet